Au rapport

Le patriarche était de nouveaux dans son bureau, seul. Ces moments-là il les appréciait de plus en plus. Le silence, ses pensées et personne pour le contrarier.

C'est alors que la porte s'entrouvrit légèrement brisant le calme apparent de la pièce.
C'était sa garde du corps qui s'était introduit dans le bureau sans même s'être fait remarqué par sa secrétaire.
Vraiment elle était douée. Soma savait pourquoi il l'avait choisi elle.

- On ne peut pas dire que vous soyez très en sécurité ici… Maugréa la voleuse agacée, n'importe qui pourrait venir vous assassiner.

- Tu sais bien que c'est impossible Kaya, avec toi à mes côtés, l'assassin ne ferait pas deux pas de plus.

Il n'avait pas tort. La grande vampire avait tellement d'objets tranchants sur elle, qu'un intrus serait presque décapité en moins de deux secondes en passant le pas de la porte.

Elle se dirigea vers le patriarche, puis effectua un magnifique salut du voleur. Une sorte de courbette effectuée devant chaque voleur qui avait un grade plus haut que le votre.

- Je viens au rapport Patriarche, déclara-t-elle, sur l'enquête que vous m'aviez demandé d'effectuer.

- Viens en aux résultats s'il te plait, les moyens utilisé m'importe peu.

Soma se fichait pas mal de savoir comment elle avait obtenu ses informations. Lorsqu'il était un jeune voleur c'était différent, comme un nouveau conte pour enfants chaque nouveaux jours. Maintenant il en connaissais les plus grands classiques, du flic corrompu au lynchage de témoin.

- La femme que nous recherchons possède comme je le supposais une fausse identité. Elle a passé les barrages de police le même jour que l'incident avec votre fille donnant le nom de Feodora Treavno, sois disant fille d'un industriel. Or vous l'aurez compris, aucun industriel ne porte ce nom. L'un de nos espions avait retrouvé sa trace au Lycée populaire, elle s'intéressait au colisée, j'ignore encore pourquoi… Peut être fait-elle partie d'un groupuscule activiste, vu sa carrure ce ne serait pas étonnant. Bref le fait est qu'elle ait pris une fausse identité de bourgeoise. Donc deux voix s'offraient à moi, celle du faussaire très complexe vu toute la petite frappe qui travaille dans ce milieu donc remonter la piste s'avère souvent très fastidieux et peu concluant… Soit tout simplement essayer de raisonner comme elle. Une bourgeoise se doit de loger d'un hôtel, vous en conviendrez un très bel hôtel… Et devinez quoi… Feodora Treavno figure sur nos listes de clients, elle a fait une réservation pour cette semaine. Le truc c'est qu'elle n'est pas encore apparu mais ça ne saurait tarder. J'ai mis plusieurs voleurs sur le coup.

- Kaya tu es formidable… assura le patriarche, ta ruse n'a d'égal que ton lancer de lame. Je sais pourquoi je t'ai choisi comme garde du corps. Bien préviens moi lorsqu'elle fera son apparition. Tu peux retourner à tes occupations.

- J'ai autre chose, continua-t-elle, notre informateur du lycée populaire Emil Sanger m'a aussi fait part d'autre chose. Un étrange individu est actuellement en train d'écumer tous les rayons de livre sur la pègre apparemment pour trouver des renseignement sur nous.

Ce genre de chose était courant. Cela n'inquiéta nullement le patriarche.

- Quelle genre? demanda-t-il.

- Etranger probablement, ses traits ne sont pas Siegburgen. L'air un peu à l'ouest, marginale je dirais.

- Rien à voir avec le gouvernement?

- Je doute, d'après Sanger, sa dégaine ne faisait pas vraiment proche du pouvoir. Et puis le gouvernement a cesser depuis longtemps de nous chercher, ou tout du moins se voile la face. Du moment que l'on ne s'immisce pas dans leur affaires, eux nous laisse faire notre petit marché noir de notre côté, il nous prennent simplement pour une grande famille cachée dans Lagen, jamais il ne coiffait à notre organisation présente dans 4 régions. Et puis comme je vous l'ai dit cela les importe peu la pègre. Leur ennui c'est plus les révolutionnaires, nous, au moins on ne tente jamais rien contre eux.

Kaya, de part sa nationalité volkonène, avait toujours un point de vue neutre sur la situation, chose qu'appréciait beaucoup le patriarche qui s'embourbait trop souvent dans ses pensées pour pouvoir tirer quelque chose au clair.

- Dois- je faire supprimer notre curieux? continua la vampire.

- Non, affirma Soma amusée par la situation, personne n'est jamais remonté jusqu'à nous, laisse le. Ce sera l'occasion de voir jusqu'où il peut aller. Si c'est un danger nous nous en débarrasserons, mais là il ne nous fait aucun tort.

- Bien patriarche, je vais donner vos ordres de ce pas.

Kaya s'inclina de nouveau et sortit de l'immense bureau précipitamment.

- Au faite, bientôt se tiendra une réunion stratégique sur ton nouveau statut avec le reste de la section.

La vampire se retourna, répondant d'une signe de tête et passa de nouveau la porte, laissant le vampire de nouveau seul perdu dans ses sombres pensées.

Après les quelques péripéties de la soirée, Soma était retourné dans son bureau fatigué par tant de "bruit".
Il n'eut pas le temps de s'assoir que Kaya entra dans la pièce comme à son habitude, c'est à dire à l'improviste et sans frapper.
Tant pis, a force cela n'étonnait même plus le patriarche. C'était presque normal, une sorte... de banalité.

La vampire affichait un air contrarié. Elle s'avança vers Soma effectuant un bref salut du voleur.

- Au rapport Patriarche, annonça-t-elle.

- Tu as fais ce que je t'avais demandé? l'interrogea-t-il.

- A l'instant, l'équipe de Volkmann suit la trace de notre amie. Et croyez moi il est hargneux. Il faut aussi ajouter que tous nos contacts dans la capitale sont avertis de la mission. Elle n'a aucune chance de passer inaperçue, ça c'est clair.

Soma s'avança vers sa garde du corps, interrogateur.

- Et Fisher? demanda-t-il alors.

- Également sur le coup, il s'occupe de couvrir les parties détruites de l'Helzonie avec ses équipes.

Kaya avait encore fait de l'excellent travail. Cette vampire était en or, rapide efficace. Le patriarche avait longtemps recherché de tels éléments sans grand succès. Ce fut un pur hasard lorsqu'il l'avait débusqué.
Néanmoins, la vampire n'était pas comme d'habitude, presque tourmentée. Ce qui n'était pas vraiment dans son habitude, enfin la tourmente, les problèmes métaphysiques, ce n'était pas trop son problème

- Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler Kaya? Après tout ce temps, je pensais qu'on aurait dépasser le cap des tabous… déclara le patriarche l'air malicieux.

- C'est juste que…dit-elle en hésitant, je ne comprends pas pourquoi vous n'avez pas liquidé la pseudo noble… Je veux dire, elle sait qui l'on est maintenant et surtout ou l'on se trouve… Le protocole de la guilde, c'est bien "lorsque l'on y rentre, on y ressort de toute façon quand on est mort", non?

La patriarche sourit.

- En effet, enfin la plupart du temps, or là il valait mieux éviter. Déjà qu'est-ce qu'elle sait concrètement de nous? Elle n'a vu que les membres de la section Chess… Et moi même. Alors quoi? Rien, tu crois vraiment qu'elle va en déduire qu'on est la plus grosse organisation criminelle du pays en ayant vu une famille de mafieux? J'en doute. Quand au fait de savoir ou l'on est… Et bien je crois qu'elle n'imagine pas quel genre de comité d'accueil on a ici. De toute façon, si elle revient, elle se fera botter le cul de nouveau, mais ce serait idiot pour elle de s'afficher près des bourgeois proche du pouvoir. C'est là tout notre avantage dans notre situation, tu vois?

- Même, on aurait pu la descendre quand même !

- Justement, si elle était vraiment issu de la noblesse déchue, on aurait pu avoir des ennuis avec sa mort sur le dos, et tout ça très peu pour la guilde. Ici, on est tranquille, on se bute entre criminel et basta! Ce que je veux dire par là, c'est que les bastons avec les Eberhard c'est sympa et ça mange pas de pain, alors qu'avec un mouvement de résistance des nobles, c'est un puits à emmerdes! Je ne veux pas de dommage collatéraux de la sorte. Imagine qu'ils viennent se venger, parce qu'à chaque fois ils viennent toujours se venger, crois en mon expérience… C'est un peu comme un principe mathématiques. Alors évidemment, on gagnerait par expérience et surtout grâce à notre arsenal de guerre, mais quand même, ce serait chiant, fastidieux, et cela couterait de l'argent.

Soma soupira un instant. Depuis qu'il était un vampire, il devait bien avouer que l'humanité lui semblait parfois désespérante. Lui qui fut un idéaliste convaincu, aujourd'hui n'était plus qu'un vampire terre à terre. Il voyait les choses simplement, pas besoin d'essayer de se compliquer la vie, c'était inutile. Il fallait penser vite, agir en conséquence et cela dans son intérêt propre, telle était la vision des choses du patriarche. C'était aussi sa force, la guilde n'a jamais si bien fonctionné qu'avec lui à sa tête.

Kaya approuva même si elle aurait préféré la tuer, par sureté ou même par professionnalisme qui sait…

- Au fait, ajouta-t-elle, à propos de cet étranger qui s'intéressent à la guilde, il a été repéré dans la zone de Peter Lineweaver. Ce dernier attend vos ordres.

- Je veux juste qu'il l'observe. On n'agit toujours pas et on attend de voir ce qu'il est capable de faire. Cela fait longtemps que l'on a pas recruté de Renard mouillé.

(note: les renards mouillés sont les voleurs qui n'ont pas fait l'école des renardeaux, recruté sur le tard pour la plupart. Exemple avec Asch. Ils doivent néanmoins faire leur preuves. Il ne représentent que 25% de l'effectif total de la guilde)

- Bien, je m'en occupe, dit alors la vampire en sortant de la pièce en vitesse.

Soma put enfin retourner à ses affaires de commerce de drogues à Holtezeau l'esprit tranquille.

Le patriarche était comme d'habitude dans son bureau en train de lire un énième ouvrage sur les nouvelles sciences. Lorsque l'on a plus de 200 ans, trouver une occupation originale relève de l'impossible.
Alors Soma se contente d'en apprendre plus sur à peu près tout ce qui l'entourait.
Lui qui fut illettré pendant de nombreuses années tenait bien là sa revanche.

La porte s'entrouvrit alors brusquement, dérangeant le silence pourtant tant apprécié par le vieux vampire.

- Qu'y a-t-il de si important Kaya pour que tu viennes me déranger en pleine lecture… Maugréa-t-il sans même lever les yeux de son encyclopédie.

La grande vampire aux cheveux violets effectua un rapide salut du voleur, avant de s'excuser platement.
Voyant qu'elle paraissait troublée, le patriarche se décida à ranger à poser l'immense ouvrage et écouter ce qu'elle avait à dire.

- Je viens vous informer d'une nouvelle très importante, annonça-t-elle, mais elle est à prendre avec des pincettes. La rumeur circule que le président Rayan a été enlevé par un gourou qui se prétend empereur et ses fanatiques à Delovno… Il se murmurent même qu'ils l'ont condamné à mort.

- Oh pitié pas eux… se plaignit Soma, j'ai déjà vécu 100 ans avec un empire pourri, je n'ai pas très envi de recommencer, vois-tu… D'ou viennent les sources?

- Radio, journaux… les médias en sommes, rien de fiable à 100 %. Quels sont vos ordres?

Le patriarche se leva, espérant franchement que tout ça n'était qu'une grande blague.

- Ecoute dans un premier temps, on ne fait rien, on se contente de faire ce pour quoi nous sommes les meilleures: observer. L'ennui c'est que nous n'avons pas d'agent présent en Moldénie. En même temps il faut dire que ce n'est pas la région la plus attractive… Bref, contente toi de joindre le comptoir d'Helzonie et demande leur d'envoyer une équipe sur place, je veux un rapport détaillé pour demain. Je sais qu'en j'en demande beaucoup à Fisher, mais bon il me doit bien ça.

Kaya sourit en imaginant le grand goupil roux en train de se plaindre.

- Ensuite fait renforcer la surveillance de Lagen, ajouta-t-il toujours très sérieusement, Si il y a une révolution, je veux être le premier averti. Surtout que dans ce genre de cas, les quartiers riches sont souvent les premiers attaqué. Fais aussi passer l'hôtel en vigilance maximale.

La voleuse eut de nouveau envi de sourire. C'était une mesure qui impliquait entre autres que chaque voleur ait une arme lourde près de lui dans l'hotel. En gros la réceptionniste avait un fusil à pompe sous le comptoir et le portier dans son pantalon... C'était en cas d'attaque rapprochée. L'ennui c'était que les voleurs étaient très... disons à fleur de peau, les coups partent très vite. En espérant que cela ne durerait pas longtemps.

- Ce sera fait patriarche, déclara-t-elle.

Elle rebroussa chemin, derrière les soupirs appuyé du pauvre Soma qui se demandait vraiment ou allait le monde parfois.

Soma, soucieux de la situation alluma le poste de radio présent dans son bureau. Il n'avait pas pour habitude d'écouter ce que racontait les médias mais tout cela l'intriguait bien trop pour s'en empêcher.

Il zappa immédiatement la musique et tomba sur une interview d'un industriel sur la radio liturgique. Ecoutez une tel radio pour un athée comme lui c'était un comble mais l'invité semblait intéressant.
Le patriarche décida tout de même de rester sur la station. Et puis, les musiques actuelles c'était vraiment trop pour ses oreilles du siècle dernier, voir avant dernier…


" Je m'appelle Fabius Novronev, le fondateur de la CN. La Corporation Novronev est aujourd'hui le fournisseur national le plus important du pays en produit médicaux, soin médicaux et prothèse mécanique"

- Qu'est-ce que c'est que cette corporation sortie de nulle part? Marmonna-t-il pour lui même, en plus des produits médicaux, laissez moi rire, les hôpitaux c'est peut être la chose la moins developpé du pays… Qu'est-ce qu'ils essayent de nous faire croire les ecclésiastiques, qu'on a fait des progrès énormes en médecine? très drôle tout ça.

La chirurgie était peu pratiquée, quand aux médicaments, si vous n'aviez pas d'opium c'était dommage pour vous… Encore un gros canular…
Plus l'interview continua plus elle faisait sourire le patriarche. Qui était cette homme vaniteux se vantant de sauver le monde et les pauvres par la même occasion? C'est terrible mais ils disent tous ça ceux qui veulent le pouvoir. Sauver les pauvres devenait redondant à force.

"Votre armement intéresserait également l'armée, mais la recherche en armement, n'est-ce pas aller a contre sens de votre ligne traditionnelle? sauver et prendre des vies, il s'agit la d'un antagonisme flagrant."

De mieux en mieux, en plus d'être une pointure en médecine, il l'était aussi en armement… Comme si la dictature laissait n'importe qui s'armer aussi facilement… Sois Rayan est un abruti soit l'autre a perdu l'esprit… et en plus l'armée aurait des armes moins puissantes que sa société… C'était presque à en mourir de rire. Comme si le président allait laisser un homme presque plus puissant que lui vaquer ainsi et s'armer de la sorte.

Déjà qu'à la guilde les armes,c'était de la contrebande… Mais non là, ce sont des armes officielles… Sérieusement, ce vieil homme semblait oublier que c'était une dictature…

"Nous ne faisons que sauver les vie, et les armes que nous fabriquons sont là pour les préserver
Le jours où la paix n'aura plus besoin des armes pour se maintenir, je transformerais les fusils pour un faire des couverts ou des lustres."

- Mais ce n'est pas possible!!! hurla le patriarche tout seul tant tout ce discours le dégoutait, que c'est démagogue tout ça, presque à en vomir!!

Tout ce que cette homme prétendait prôner, la guilde faisait le contraire, cela en devenait presque drôle. Il y a un truc évident: Les armes c'est fait pour tuer et le nier c'est être hypocrite.

Mais encore ce n'était pas le pire. Vint la partie avec les relations avec les Eberhards.
Apparemment le vieil homme n'avait plus toute sa tête. Les Eberhard ne laisseraient jamais faire une chose pareil, ou irait le piller jusqu'à la moelle, la guilde d'Helzonie non plus d'ailleurs et irait même aider leur ennemis héréditaires. Cette homme se fera tuer par la mafia un jour c'était sur. Tant de pouvoir à coté des Eberhard, c'était juste impossible, surtout si c'était un homme qui luttait contre la mafia. Les Eberhard en particulier ne faisant pas de cadeau. Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que la guilde leur payait un droit de résidence à Cazialstava dans le quartier riche.
L'helzonie était l'état le plus insécuritaire du pays. Impossible d'y vivre sans être sois même un mafieux.

Et maintenant la fondation qu'il ne veut pas créer…. Un vrai mégalomane ce vieux… et tout ça dégoulinait de bon sentiments dégoutants…
Après deux cent ans de vie, Soma en avait rarement vu qui en tenait une si grande couche. Comme quoi on peut toujours être étonné.
En tout cas une chose est sur, le pauvre Soma n'allumerait pas de sitôt sa radio si c'était pour entendre un tel ramassis de bêtise.
La technologie parfois on pourrais s'en passer.

Lorsque Lineweaver pénétra dans le bureau du patriarche au dernier étage de la guilde, il se trouva en plein coeur d'une querelle intergénérationnelle… entre Soma et sa fille.
Le pauvre Voleur en ignorait complètement le sujet, mais le fait est qu'une dispute entre un vampire et sa fille un peu névrosé, c'est toujours impressionnant.
L'ennui c'est qu'il se demandait bien si tous les deux avait remarqué sa présence, et pourtant la secrétaire l'avait bien annoncé.

- Elizabeth, tu n'en fais qu'à ta tête!!! Tu crois vraiment que c'est raisonnable de se présenter à une telle course pour une gamine comme toi, tu vas te faire tuer!!

La petite blonde avait un regard encore plus meurtrier que son père… Ce n'était pas peu dire.

- Gamine!?! Hey le vieux de 200 balais, je te signale que j'ai quand même 23 ans et mon permis de conduire en poche, OK? Je suis MAJEURE et je fais ce que je veux!!!

- Alors ça, on verra bien! La section Chess est sous mon commandement! Je choisis qui participe au missions et qui en fait partie et crois moi je n'hésiterais pas à te faire rétrograder!!!

Lineweaver continuait de regarder la scène comme s'il assista à une pièce de théâtre dramatique…ennuyeuse. Lux s'apprêtait à quitter le bureau en claquant la porte lorsqu'elle remarqua le grand voleur. Il faut dire que Peter était un peu son idole depuis son enfance. Un voleur, un vrai quoi, il tuait de sang froid sans état d'âme, un vrai modèle pour la jeune femme.

Le voleur lui sourit un tantinet crispé, maintenant obligé de saluer une fillette parce que son père venait de la nommer agent goupil et que lui était maitre depuis plus de 15 ans. Il y vraiment des jours ou il fallait rester couché.

Devant si peu d'attention à son égard, elle tourna le dos vexée et claqua si fort la porte qu'elle en fit tomber le vase du bureau qui se brisa en mille morceaux.

Le patriarche qui avait l'habitude des différentes mimiques des gens, sut immédiatement que quelque chose contrariait l'espion.

- Tiens donc, l'un de mes meilleurs voleurs, dit alors Soma comme si la scène précédente ne s'était jamais déroulé.

Lineweaver se demanda même si la remarque du patriarche était ironique. Les deux hommes ne s'étaient jamais vraiment apprécié. Leur méthodes étant trop souvent contradictoires. Lineweaver réprimait les actions de Soma qu'il jugeait trop molles.
Et là la situation était clairement à son désavantage. Le fier voleur détestait ça.

- Patriarche, commença Peter en s'inclina, Nous avons un problème. Mon équipe et moi même avons appliqué vos ordres à la lettre, mais le cible nous a identifié. Nous avons du l'empêcher d'agir. Il est actuellement dans la cave à champagne, endormi. Nous attendons vos ordres, mais je serais d'avis de l'éliminer, il en sait beaucoup trop.

- Depuis quand t'ai-je demandé ton avis, Peter? s'indigna le patriarche, on ne tut personne pour le moment. J'espère qu'il n'a aucune idée d'ou il se trouve?

Lineweaver tiqua sur la dernière phrase, mais continua d'arborer son visage impassible.

- Impossible, il vient juste de se réveiller. On n'est passé par le sous sol.

Un sourire s'afficha sur les lèvres de Soma. Cet homme avait réussi à duper Lineweaver, il ne méritait pas la mort, enfin pas tout de suite.

- Bien allons y Peter, je veux voir de quoi à l'air notre "invité".

La situation était critique et Soma le savait. Sophia la receptionniste n'avait fait que le confirmer. Impossible de se voiler la face, le passé d'Elizabeth refaisait surface.
Comment réagir? Elle savait sa situation mais elle en y ignorait les principaux intervenants.
Devait-il la faire enfermer dans l'hôtel, pour la protéger? Mais comment empêcher un éclair de se propager… La contenir était impossible.

C'est alors que le jeune Asch entra dans son bureau, sortant le vieux vampire de ses pensées.
La solution lui sauta alors aux yeux. Ce vampire était le seul qu'elle autorisait à le suivre partout, un sang aristocratique d'une force impressionnante, parfait pour la protéger.

L'ennui c'était qu'il sentait le sang humain… Le sang d'Elizabeth.
Soma aurait du s'en douter. Il avait connu la même situation avec Kallen. Un humain au côté d'un vampire lui demandera toujours de le mordre, c'est un peu comme les trains qui arrive toujours en retard. On ne peut y échapper.
Asch aurait pu choisir n'importe quel autre humain… Mais non il pris celle pour qui la morsure risquait de la faire muter…

Soma s'avança vers le vampire, ne sachant trop comment s'y prendre.

- Tiens donc, dit-il en lui lançant un regard incisif, alors après avoir bu le sang de ma fille, tu viens peut être me demander la permission de continuer? Cela a le mérite d'être audacieux.

Cette remarque déstabilisa le prince vampire. Soma avait beau être un vampire mordu il n'en gardait pas moins une prestance malgré sa jeunesse apparente.

- Je venais justement à propos d'Elizabeth. Je crois qu'elle est recherchée.

Soma se mit a rire nerveusement.

- Tu crois que je ne le sais pas?! Deux personnes en moins de deux jours l'ont demandé avec insistance à la réception, en mentionnant le nom des scientifiques qui l'avaient crée!! Ils savent ou elle est!! Et j'ignore comment je dois réagir, vois tu! Et là en t'imaginant boire le sang de Lux, je me demande si je fais bien de te la confier!!

- Me le confier?!

- Ne fais pas l'étonné, jeune prince. Je vois bien votre petit jeu. Et j'ai bien peur que tu sois le seul capable d'assurer sa protection. En même temps tu es le plus dangereux pour elle.

Asch fronça les sourcils. Le patriarche avait donc peur de ce qui pourrait arriver si jamais il l'a transformait.Pourquoi? Il fallait qu'il sache et pour cela il devait pousser le vieux vampire à bout.

- Si je puis me permettre, déclara-t-il elle serait à même de se défendre seul une fois mutée.

Soma se figea. Cette issue n'était pas envisageable.

- Je t'interdis de le faire, jeune vampire, ou je me verrais dans l'obligation de te faire supprimer qu'importe ton rang, annonça-t-il sur un ton glacial et sur de lui.

- Je crois que je viens de comprendre, répondit ce dernier, en réalité vous avez peut de ce qu'elle deviendra, n'est-ce pas? Kallen est-elle vraiment en elle? Cela vous l'ignorez et vous souhaitez que ça continue ainsi.

Le patriarche ne répondit pas, tournant le dos à Asch. Il avait raison. La simple perspective de revoir Kallen, de ne pas avoir su la protéger. Tout ça, il voulait l'éviter. Lux resterait Lux.
Il s'apprêtait à répondre lorsque Lineweaver les interrompit, rentrant dans la pièce essoufflée.

- Combien de fois vais-je devoir dire aux personnes qui entre dans mon bureau de se faire annoncer?! maugréa Soma, j'ai une secrétaire, elle sert à ça… en partie.

- Patriarche, lança Peter en effectuant un bref salut du voleur, on a réglé le problème d'Alner Teeldorg, il est dans la cave à champagne. On a réussit à l'appréhender dans les égouts, mais on a eu quelques petits soucis en bas, du genre mauvaise rencontre de personnes armées jusqu'au dent.

De mieux en mieux… Rien ne pouvait se passer comme prévu décidément.

- Demandez à une équipe de se renseigner sur ces personnes, voir si elles sont disons nocives pour notre organisme. Faites ce qu'il faut pour notre fugitif, n'y allez pas de main morte sur la torture, enfin je vous fais confiance sur ce point Peter.

Un sourire s'afficha sur le visage de Lineweaver qui acquiesça et repartit aussi vite dans la direction opposée.

- Bien jeune prince, reprit alors le patriarche, je vous fais confiance, vous pouvez disposez.

Asch salua de nouveau son supérieur et sortit enfin de cette pièce si angoissante.
Ce qu'il n'avait pas prévu c'était qu'il se retrouverait face à face avec Lux qui était dissimulée derrière la porte, épiant la conversation.

Enervé, il la tira par le bras et l'emmena loin de façon à ce que le patriarche ne puissent plus les entendre.

- Ielenko!!! Stop!!!

La voix de la jeune vampire retentit lourdement dans le long couloir qui menait jusqu'au bureau du patriarche.

- Qu'y a-t-il encore?! marmonna le principal intéressé.

Il s'arrêta et se retourna vers Elizabeth… enfin Kallen. Lui même commençait à trouver que les deux se confondaient presque.
S'agissait-il de la même personne? En tout cas, c'était l'impression qu'elle lui renvoyait.

Elle paraissait inquiète, presque paniquée.

- Je… Je ne peux pas. Soma, il… Tu ne peux pas comprendre. Je suis morte, il a surement renoncé à moi et franchement je ne peux pas lui infliger une telle douleur… me revoir vivante...

Le visage du prince s'assombrit soudainement.

- Bon c'est finit toute ces niaiseries à la fins!! s'énerva-t-il, tu es la voleuse d'âme, oui ou non?! Parce que là franchement, j'ai plus l'impression d'avoir à faire à une petite humaine inutile et pleurnicharde. Alors maintenant, tu vas arrêter de geindre et tu te comportes en princesse Volkonène! Tout ce que t'as a faire c'est de taire ou répondre oui ou non aux questions de Soma et de l'appeler père, c'est quand même pas trop dur!

Kallen en fut sidéré. Elle venait de se faire sermonner par un prince vampire moins important qu'elle…! Elle se ressaisit immédiatement serrant les poings et passa devant Asch en le poussant.

- Allons y, conclua-t-il.

Ils se dirigèrent jusqu'au bout du couloir, contournèrent la pauvre secrétaire qui ne protestait même plus et se contentèrent d'entrer dans le spacieux bureau de leur chef.

Soma était là, assit à son bureau en train de lire un de ses nombreux ouvrages scientifiques. A peine eut-il levé les yeux qu'il se figea complètement à la vue d'Elizabeth mutée. Ses cheveux blonds étaient devenu si pâles… Quand à ses yeux aux reflets roses… C'était Kallen dans les moindres détails.
Voyant la réactions du patriarche, Asch se tourna immédiatement vers la vampire. Elle était restée de marbre, sans aucune émotion. C'en était presque terrifiant de voir à quel elle pouvait se contrôler. Asch était son créateur, il ressentait absolument tout ce qu'elle pouvait endurer, elle hurlait intérieurement. Et pourtant, son attitude ne changea pas.
Pire, elle s'avança vers Soma et se mit à sourire comme Elizabeth aurait pu le faire.

- On dirait que tu as vu un fantôme, père! dit-elle amusée. Merci de me demander si je vais bien.

Le visage de Soma restait perplexe un instant puis s'adoucit.
Asch se mit à sourire à son tour. Elle était très forte décidément. Tromper un vampire de presque 200 ans…

- Schwann m'a prévenu… annonça le patriarche, à propos de la CN. Elizabeth c'est toi qu'ils veulent, de ce fait tu ne sors pas d'ici.

Kallen se contenta d'aquiescer d'un signe de tête.

- C'est tout ? pas de contestation? s'étonna Soma.

- Tu veux vraiment que je m'épuise à essayer de te faire changer d'avis? marmonna la blonde survoltée, je ne me vous jamais aux causes perdues.

Le patriarche en resta bouche bée. C'était… une remarque digne de Kallen. Non, cela ne pouvait pas être elle. Il l'aurait su immédiatement… Et pourtant… Elizabeth l'aurait insulté et serait parti en courant, et là, elle restait immobile en croisant les bras.
Voyant l'étonnement du patriarche, Asch changea vite le sujet.

- Je me suis occupé de placer la guilde en état d'alerte et d'envoyer des agents sur place.

- Tu fais du très bon boulot Ielenko. J'ai eu raison de te faire muter ici et de te faire passer goupil. Maintenant tout est une question d'attente. Je doute que la CN attaque l'hôtel de front. Surtout vu le nombre de voleur par pièce… Enfin ça ils ne le savent pas.

Il s'arrêta un instant lançant un bref coup d'oeil au vampire aux cheveux rouges.

- Pour le moment, contentez vous de sécuriser l'hôtel, et prévenez les autres comptoirs de la guilde, il se peut que l'on ait besoin d'eux dans peu de temps. Joignez aussi les Eberhards, pour cela Elizabeth je compte sur toi, Andrea Eberhard t'adore, cela ne devrait pas être un problème. Bien vous pouvez disposer.

Asch effectua un bref salut du voleur et tira Kallen par le bras, se dépêchant d'aller dans le couloir.

Soma se retrouva seul, l'air sombre. Il se mit a frapper la table de son bureau à maintes reprises.
Est-ce que Kallen était de retour? C'en était trop pour le patriarche, il devait se défouler. L'affront avec lequel elle lui avait parlé comme si de rien n'était… C'était pourtant digne d'elle… Et en même temps, impossible d'en être sur. La simple mutation vampirique transforme la personnalité des gens. Elizabeth a peut être simplement subit cette mutation sans pour autant être devenu Kallen.

Morganna avança d'un pas plus que décidé vers le bureau du patriarche. A peine arrivé devant la porte elle devança la secrétaire qui n'eut même pas le temps de l'arrêter, et entra précipitamment dans la grande pièce.

La patriarche l'ayant senti depuis le début de couloir, leva à peine la tête de son livre, continuant sa lecture en s'attendant au pire.

La médecin s'avança jusque devant Soma et commença à enlever son uniforme. Elle finit en corset, lorsqu'enfin le patriarche daigna lui accorder son attention. Il n'en fut pas déçu.
Même si Morganna était plutôt de corpulence frêle voire même maigre depuis qu'elle travaillait à l'hôtel, elle n'en restait pas moins très agréable à regarder. Sa peau, qui était presque aussi blanche que ses cheveux, lui donner une identité plus que singulière.

- On peut savoir que me vaut le plaisir de cet effeuillage soudain? demanda-t-il alors amusé, non pas que je n'apprécie pas, mais je m'attendais plus à l'une des hôtesses de l'hôtel …

- Rassurez vous, je ne demande qu'une seule chose, répondit-elle froidement, je veux que vous me transformiez en vampire. Je viens d'aller voir les deux vampires Volkonène, c'est la seule conditions.

- Dites moi Michaelis, vous vous fichez de moi ou les frères Seymour vous ont fait une mauvaise blague en truquant votre verre?

Le visage de la jeune femme se mit à blêmir.

- Ah parce qu'ils le font ça aussi?

- vous savez bien qu'ils n'ont aucune limite… Même moi j'ai du mal à les contenir.

Morganna soupira, puis s'approcha d'un peu trop près de Soma.

- J'ai bien étudié le sujet, reprit-elle toujours impassible, tout ce que vous avez à faire c'est planter vos canines dans mon artère carotide gauche, pour une mutation c'est le plus pratique, et même pour le gout et la vitesse de…

- Attendez, je rêve ou vous me faites un cours d'anatomie? D'ailleurs pourquoi spécialement à gauche?

- L'artère carotide gauche sort directement de l'aorte horizontale qui provient elle même de l'arc aortique sortant directement du coeur. Le sang qui vous aurez sera de un oxygéné et donc meilleure pour vous, de deux il ne sera passer par aucune dérivation et sera donc plus pur et viendra plus rapidement. Enfin, cela me tuera plus vite que si vous preniez dans la veine jugulaire, mon cerveau n'étant plus correctement irrigué… Je le répète, pour une mutation, c'est le plus pratique.

- Je vois que vous avez bien étudié le problème… lança Soma à la fois impressionné et perplexe, et même si vos petites théories s'avéraient exactes, elles ne me seraient d'aucune utilité puisque je ne compte pas vous faire muter. Maintenant Michaelis, ne me rendez pas ma journée plus pourries qu'elle n'est déjà et restont sur de bons souvenirs, comme vous en corset… Rentrez chez vous!

Chez elle? De toute manière, elle serait bien obligé d'y remettre les pieds un de ces jours. Elle était pourtant bien décidé à devenir un être de la nuit. Avec le consentement de chef ou non.
Alors qu'elle s'apprêtait à se rhabiller, la porte du bureau s'entrouvrit brusquement, laissant apparaitre Kaya.

La grande vampire au cheveux violets, se contenta d'un raclement de gorge insistant. Apparement voir le patriarche avec une femme à moitié nue n'avait pas l'air de l'étonner plus que cela.

- Je viens au rapport, patriarche, annonça-t-elle, mais je peux repasser si vous voulez.

- Non, ça ira Kaya, le docteur Michaelis allait rentré chez elle de toute façon.

Mona saisit sa chemise et sa veste les enfila rapidement et partit de la pièce d'un pas vif, laissant Kaya et Soma seuls.
Apparemment, elle n'avait pas été assez persuasive avec le vampire. Néanmoins, elle allait l'écouter et rentrer chez elle. Elle s'occuperait d'obtenir son accord plus tard.