Grande fête bourgeoise

Kyril arriva à la fête dans sa plus belle robe de soirée, noire comme la nuit, sa chevelure brune était repliée en arrière. Même si les soirée mondaine ne faisaient pas partie de ses centres d’intérêt, elle y trouvait parfaitement sa place. Elle plaisanta dix minutes avec de grandes figures de la bourgeoisie puis chercha Garviel du regard. Elle le trouva debout appuyé sur une table, pensif devant sa flûte de champagne.
Dès qu'elle s'approcha, Garviel releva la tête et ne put détacher son regard de celle qui approchait, magnifique dans une robe magnifique.

Kyril s'approcha de lui, et l'embrassa tendrement dans le coup. Cela eu pour effet comme un electro-choque pour Garviel qui repoussa doucement Kyril:

- Arrête de jouer s'il te plait, il y a des gens qui nous regardes. Dit-il

- Ne me dit pas que tu n'apprécie pas. Répondit-elle malicieusement en entrelssant ses bras autours de sa taille et le regardant avec ses yeux en amande.

Garviel prit les mains douces de Kyril fermement et les replaça devant lui.

- Je suis sérieux Kyril. Arrête de jouer à ça, tu sais bien que ce n'est pas possible.

- Tu ne disait pas ça il y a six mois dans ta chambre, Garvy. Tu ne te rappel pas ? elle fit glisser son doigt de haut en bas sur le torse de Garviel.

- C'était une erreur et tu le sais.

- Comme si tu m'avait embauché il y a trois ans pour mes talents de médecin et de mécanique, j'avais bien remarqué ton regard se jours là et ...

- Et rien du tout, tu est une prodigieuse médecin et tu excelle en micro-mécanique, c'est pour ça que je t'es embaucher et que tu es aujourd'hui responsable du secteur de Silène.

- C'est ça ...

- Pense ce que tu veux Kyril. Je ne nie pas que j'ai passé un excellent moment cette nuit la mais c'est du passé... Arrête de me faire ces yeux là, je te dis que ça ne marchera pas.

Kyril soupira

- J'aurais essayé.

Elle se plaça à côté de lui et s'empara d'une flûte de champagne. Elle but son verre d'une traite. Garviel la regarda, elle faisait dix centimètre de moins que lui et était tout fluette.

- Tu as eu une dure journée à ce que je voie. Dit Garviel pour relancer la conversation.

- Mouai ... j'ai fait ce que tu m'a demandé. Comme tu aime que je sois ton esclave, je ne peux rien te refuser.

- Kyril !

- J'ai compris, j'arrête.

- Et qu'est-ce que ça a donné ?

- J'ai eu quelques infos, apparament elle n'est plus à l'hôtel, elle est partie je ne sais où et la réceptionniste n'avait pas l'air d'en savoir plus. Je lui ai dit de me prévenir si elle avait des nouvelles.

- Très bien, écoute, je doit aller occuper mes invité, je te confit la garde des amuses gueules. Et molo sur le champagne.

Kyril lui lança un regard sarcastique avant de se retourner pour reprendre un autre verre.

Après un rapide trajet passé à repenser à ce qui venait de se passer, Kyra c'était retrouvée ici, dans ce parc immense, en plein milieu de Lagen.

Elle s'avançait parmi les invités, saluant bien bas et aussi poliment que possible toutes les personnes qui lui adressaient un regard. En s'approchant des tables, elle s'aperçut qu'ils n'en étaient qu'au début du hors d'œuvre, elle fut partagée entre les deux conclusions qu'elle en tirait. Elle n'était finalement pas arrivée si en retard que ca, mais elle devrait donc supporter cette réception d'un bout à l'autre sans craquer.

Elle s'approcha alors du buffet, prit une flute de champagne à défaut d'un alcool plus fort qui aurait pu l'aider à tenir, ainsi que quelques petits amuses bouches. Puis elle s'éloigna des tables autour desquelles commençaient à se masser les bourgeois à l'appétit vorace. Et remarqua les nombreuses paires d'yeux qui se posaient sur elle. Visiblement, sa tenue ne plaisait pas qu'à son fiancé. Il faut dire qu'elle était sublime dans cette robe d'un blanc immaculé parsemée de liserées d'or.

Un bourgeois interrompit ses pensées en s'avançant vers elle. Il s'agissait d'un énorme bonhomme tout boudiné dans son costume cravate. Il était tellement énorme qu'il avait besoin d'une canne pour pouvoir se tenir debout plus de cinq minutes. Sa graisse faisait des plis dans sa veste en queue de pie. Ajouté à cela un regard lubrique et un souffle chaud et haletant, et vous commencerez à vous approchez de l'horreur que vivait Kyra. En somme, il était ce qu'il y a de plus dégoutant.

Elle se mit à sourire, mais en faite elle pensait "Ho nan, ca y est, ca commence, qu'est-ce que j'ai fait encore ?! Et pourquoi encore lui ?!" L'homme était maintenant à sa hauteur, il lui prit délicatement la main afin de l'embrasser tout en jetant un coup d'œil dans son décolleté. Kyra elle, effectua une légère révérence comme il était de mise dans ces milieux huppés.

- Mademoiselle, vous êtes si charmante ce soir, je suis sûr que votre beauté a déjà eu l'occasion de m'éblouir.

Kyra mis l'une de ses mains devant son visage pour étouffer un sourire timide et l'autre contre son coup afin d'entraver la vue de sa poitrine, elle se mit aussi à rougir. Mais tout ca n'était qu'artifice, elle ne rêvait que d'une chose, c'était de le lui en mettre une bien placée avant de l'étriper. La séance d'hypocrisie venait de commencer en beauté. La jeune femme répondit tel une petite fille s'affirment timidement :

- Et bien oui, nous nous sommes déjà croisés lors d'une précédente soirée, j'étais avec mon fiancé, le directeur de D&A T.

Devant dans de grâce et de candeur, personne n'aurait pu s'imaginer qu'il se cachait une femme d'un tel tempérament, capable d'abattre froidement un homme, aux commandes de son VanShip. Après tous, on ne l'appelait pas Belladonna pour rien.
La conversation continuait sur des banalités sans que Kyra ne puisse s'échapper jusqu'à ce que le gros dégoutant aborde le sujet des libertés des nouveaux journaux :

- Avez-vous remarqué avec quel libéralisme les journaux parlent du pouvoir depuis quelque temps ? Il serait grand temps que le pouvoir les rappel à l'ordre !

Kyra voulait s'insurger, mais elle ne pouvait pas, alors elle dit simplement d'un ton maîtrisé :

- Je ne suis pas d'accord, une presse libre est indispensable dans une démocratie.

Un autre bourgeois qui c'était mêlé à la conversation comme d'autre ajouta d'un air nostalgique :

- Vous avez vu ? Certains parlent même du retour de Rayan ! Ha, comme se serait bien s'il pouvait revenir, tout redeviendrait comme avant, lorsque nous étions au sommet.

Le gros dégoutant ajouta d'un ton sec et cassant :

- Peut-être mais vous oubliez qu'il est mort mon cher !

Rapidement, la conversation entre les deux prosaïques dégénéra rapidement. Kyra en profita pour s'éclipser loin de ce tableau navrant. Décidément, la société actuelle n'était pas bien belle à voir. Mais bizarrement, ce spectacle la conforta dans son action, il faut faire changer ses choses, pensait-elle. Mais elle n'arrivait pas à oublier son besoin de solitude et tout ce qui s'était passé. Ce qu'elle avait ressentie quand Andreï l'avait pris dans ses bras. Ce qu'elle venait de vivre au milieu de ses immondices débordants de vulgarités.

Elle se mit alors à l'écart, dans un petit coin sombre et désert, elle s'appuyait contre le mur qui formait un angle avec sa plate-bande. Avant de se perdre dans ses pensées.

Garviel avait remarqué cette femme sublime entré dans le parc, il n'était d’ailleurs pas le seul car une grande partie des bourgeois qu'elle croisait détournaient la tête de leur épouse un instant avant de se faire rappeler à l'ordre. Pour couronner le tout, elle n'était pas venue accompagnée, ce dont certain prédateur avait tout de suite vu. La voyant par la suite se mettre à l'écart, il jugea interressant d'aller entamer la conversation avec cette jeune inconnue.

Il se retourna avant pour vérifier que Kyril n'était pas dans les parages, se doutant qu'elle ne devait pas avoir bu qu'un seul verre, il voulait éviter à tout prie une scène de sa part, surtout ce soir.
Apparamment elle devait avoir trouvé refuge à côté d'une bouteille ou d'une oreille compatissante.

Il se dirigea alors vers cette gracieuse femme, le regard dans le vide. Il s'approcha doucement, il espérait qu'elle ne le reconnaîtrait pas, ça gâcherait la conversation simple que Garviel voulait entretenir avec son invité.

- Bonsoir mademoiselle. Salua Garviel en courbant les chines devant elle
Je voie que cette soirée vous semble ennuyeuse, me permettez-vous de vous tenir compagnie ?

Kyra était toujours perdue dans ses pensées lors que Garviel s'approchait, elle ne revient à elle que lorsque l'inconnu qu'elle n'avait pas du tout vu arrivé ouvrit la bouche. Elle se retourna alors vers lui dans un seul geste, sous un effet de surpris qu'elle sue cacher à merveille. Mais cette stupéfaction l'avait tout de même quelque peu déstabilisé, elle avait presque oubliée ce pourquoi elle était là, et tout en lui adressant un sourire sincère elle lui répondit d'un air joyeux :

- Ennuyeuse n'est pas réellement le mot qui décrirait le mieux mon ressentiment à l'égard de cette soirée. Quand à votre compagnie, tout dépend de ce que vous me proposer. Ainsi que de vos motivations.

Kyra examinait discrètement cet homme qui devait avoir la trentaine, par pure déformation professionnelle, mais sans pour autant faire appel aux informations qu'elle avait lu dans les comptes-rendus du réseau.
Elle oubliait un instant la raison de sa venue et espérait en son fort intérieur qu'il n'allait pas se comporter comme les autres bourgeois réunis ici. Qu'il n'allait pas la couvrir de flatteries uniquement pour obtenir des faveurs qu'il n'obtiendrait de toute façon jamais. Qu'il aurait une conversation distrayante. Elle avait besoin de penser à quelque chose de léger, de s'amuser.
Mais elle se résigna bien vite, il ne s'agissait que d'un bourgeois après tout, il ne fallait pas s'attendre à quelque chose de bien formidable.
Elle résolue alors de le ridiculiser en publique s'il s'agissait d'un de ses bourgeois typiques, ou bien d'apprécier encore plus sa compagnie s'il sortait de ce stéréotype navrant mais malheureusement justifié. Tout était maintenant entre ses mains.

Voyant qu'il ne répondait pas devant l'attitude assez inhabituelle quelle venait d'adopter, Kyra se retourna vers lui et lui demanda d'un air presque mutin :

- Et bien, que proposez-vous ?

Garviel apprécia la situation, cette charmante demoiselle semblait ne pas l'avoir reconnue. C'était l'occasion rêvé pour jouer à un petit jeu qu'il n'avait jamais eu l'occasion de jouer.
Il prit un air décontracté répondit à son invité:

- Que pensez-vous réellement de cette soirée ? Pour ma part, j'y est été convié de force, ce qui explique ma présence ici. Mais elle se résume exactement comme toute les autres fêtes bourgeoise de notre époque. Pouvons-nous vraiment y échapper ? Toujours et toujours la même chose, des société, de riches familles, des membres du gouvernement, les mêmes personnes pour les mêmes choses, et nous au milieux. Je ne sais même plus qui en est à l'origine, c'est pour vous dire.

Garviel attendait avec impatience la réponse de cette mystérieuse convive, c'était pour lui l'occasion de connaitre réellement ce que pensait les gens de cette société sur ce genre de soirée et sur la Corporation. Mais le plus amusant était le quiproquo qui ce jouait entre les deux personnes.

Kyra fut plus que surprise par l'attitude de son interlocuteur. Il faut dire qu'elle ne s'attendait vraiment pas à ca. Dans ce genre d'événement qui était le summum de l'hypocrisie bourgeoise, comment cet homme pouvait-il espérer tenir ce genre de conversation.
En réalité, elle était tellement stupéfaite par la question qu'elle oublia toutes ses fantaisies et retomba soudainement sur terre. Elle était ici dans un but bien précis, et répondre la vérité à une telle question risquait de mettre en péril sa couverture.
Elle vit un petit sourire gêné et tenta de rattraper la conversation. Elle était maladroite, encore choqué et ca se sentait dans ses paroles. Mais en prêtant attention, on pouvait comprendre qu'elle était de son avis :

- Et bien, je, je crois que, cette soirée est organisée par la CN. Mais, ce n'est pas le plus important. Cette société est apparemment assez importante pour réunir les plus grands notables de cette ville. C'est le moment idéale de se faire bien voir – elle insistait sur cette dernière phrase pour faire comprendre à son interlocuteur qu'il faisait fausse route – ou bien de gâcher sa réputation.
Avez-vous entendu la rumeur ? Rayan serait encore en vie? Qu'en pensez-vous, est-ce possible ? Que fait-il si c'est réellement le cas, il devrait s'insurger contre le gouvernement militaire non ?

Elle espérait qu'il change de conversation. Avoir celle qu'il avait débuté, ici et dans ces conditions était suicidaire. Et puis, il serait intéressant de savoir ce que cet être atypique en pensait.

Garviel sentait qu'il venait de mettre cette jeune femme mal à l'aise, cela se sentait dans sa voix et sa réponse. Elle était apparemment préoccupé par autre chose, ou alors elle s'était empressée de trouver un autre sujet, n'importe lequel pour échapper à une réponse plus élargie à la question du président de la Corporation. Il se demanda néanmoins si elle n'avait pas une certaine obsession sur ce Rayan. Il décida tout de même de la suivre, de toute façon il trouvait déjà la situation amusante, alors pourquoi la compliqué.

- Oui, vous avez raison. En ce qui concerne notre ancien président, j'ai également entendu la rumeur. Mais je pense qu'elle est infondée et je ne voie qu'ici un argument des révolutionnaires pour rameuter un maximum de personne à leur cause, une cause qui, je dois l'avouer, est particulièrement noble. Personne ne peut nier que depuis que le généralissime Schultz est au pouvoir, il y a eu des ... complications pour tout le monde. Mais si cette rumeur ce confirme, il est dans mon intime conviction qu'il serait le seul à remettre le pays sur pied.

Garviel ne voulait pas trop s'avancer, il tattait le terrain pour voir les opinions de son interlocutrice. Qu'est-ce que cela aurait donné si il lui avait annocé " Je suis Garviel Novronev, Rayan est en vie chez moi et je donne des armes aux révolutionnaires". Cette soirée n'allait pas être si ennuyeuse finalement.

Kyra était rassurée, le bourgeois changeait de conversation sans poser de problème et encore mieux, il rentrait dans son jeu, et parlait abondamment de la rumeur qui circulait sur Rayan. Qui plus est, sa réponse était intéressante. En effet, il affirmait qu'il soutiendrait Rayan s'il revenait au pouvoir. Mais étant donné l'étrangeté de l'énergumène, cet avis ne pouvait pas être considéré comme représentatif.
De plus il trouvait la cause révolutionnaire "noble", mais la suivrait-il pour autant ? Et le gouvernement de Schultz lui semblait, plutôt chaotique, il serait peut-être possible d'en tirer quelque chose.

Kyra reprit la conversation, mais il fallait faire attention à ne pas se découvrir, tout en essayant de soutirer des informations intéressantes à cet étranges énergumènes si particulier qui pouvait être utile s'il était engagé dans une lutte contre le pouvoir.

- Et bien disons que Rayan était élu du peuple, il trouvait là une certaine légitimité. Schultz lui, a pris le pouvoir par opportuniste et par la force. Et depuis qu'il est au pouvoir, tout va de travers. Entre les révoltes populaires, l'émergence des impérialistes. Et puis, il a pris des mesures entre mégalomanie avec le changement de monnaie et stupidité avec la laïcisation du pays. Surtout, ses nouvelles taxes qui visent en particulier les bourgeois et ses changements de l'armée me font dire qu'il se rapproche du tyran, mais à la différence desquels il n'a pas le soutient du peuple, ce qui est gênant. Mais après tout, que pouvons-nous faire ?

Après coup, ce dialogue était peut-être un peu osé. Il fallait maintenant espérer que ce bourgeois dont elle ne connaissait d'ailleurs toujours pas le nom, ne serait pas choqué outre mesure par ses propos. Kyra attendait aussi ses propositions, étant donné le caractère particulier de l'énergumène, elles pourraient être intéressantes…

Cela commençait à devenir vraiment très interessant, cette petite bourgeoise semblait avoir un penchant révolutionnaire refoulé, c'était rare parmi la bourgeoisie. Garviel voulait voir de quoi il en retournait exactement et continua de jouer le jeu.

- La meilleur des solution, pour des personnes voulant retrouver le climat de paix et de tranquillité d'avant Schultz, serait d'agir en secret au yeux du gouvernement pour ne rien laisser paraître mais soutenir les mouvements populaires et autres organisations qui se lèveraient contre cette dictature. Je vois que vous aussi trouvez ce nouveau président trop ... totalitaire, c'est pourquoi je me permet de faire ce commentaire. Et selon vous, qu'elle serait les meilleurs solutions ?

La réponse allait être interraissante qu'elle qu'elle soit. Soit s'était une idéaliste qui ne savait que penser, soit cette femme avait de vrais idées à partager.

De mieux en mieux, plus que chaotique, Schultz était totalitaire !! Qui plus est, les propos de Kyra étaient passés comme une lettre à la poste, même si l'homme avait remarqué son avis plutôt hostile en ce qui concernait le gouvernement actuel.
Kyra eu comme une illumination. Un déclic se produisait soudainement dans son esprit. Ce dialogue semblait comme faux. Comme empruntant un détour subtil afin de tromper les apparences. Et si ces propos aux conditionnels étaient en faite, ses propres actions. En tout ca, c'était ce que laissait penser certains mots et surtout, le ton qu'il employait.

- En effet la gouvernance de Schultz ne correspond pas vraiment à ma conception du pouvoir, tout comme vous, il me semble. Et bien personnellement, je préférerais employer la voie démocratique et voter pour un candidat qui serait capable d'imposer une situation stable au pays, mais malheureusement, je ne pense pas qu'il y en ait un. Dans ce cas, il faudrait imposer un homme fort, mais il faudrait profiter du contrepoids religieux pour refroidir ses éventuelles ardeurs. Qu'en pensez-vous ?

Le plan de l'homme était intéressant, il pouvait être utile pour le réseau, surtout si les bourgeois alimentaient vraiment les révoltes populaires, il faudrait se renseigner sur cet homme. Mais quel allait être son avis sur celui de Kyra, c'était une autre question.

Il avait l'impression de comploter avec ses amis contre le maître d'école quand il était enfant. Cette jeune femme avait plus que des pensées, elle avait presque un plan échafaudé pou remettre le pays en place.
Il continua son petit jeu, tout en essayant d'être plus subtile.

- Les votes sont toujours truqués dans des situations comme celle-ci ma chère. La voie démocratique ne peut être employée avec un tel homme au pouvoir, surtout si c'est lui qui la propose. Il faudrait qu'un homme fort, connu du peuple et apprécié par lui, prenne la tête du mouvement républicain et fasse face à ce pseudo gouvernement. La Liturgie serait en effet le meilleur facteur qui contiendrait les ardeur contre républicaines. Mais il faudrait à tout prit qu'il nous débarrasse de ce fléau impérialiste, c'est la plaie qui ne cicatrise pas pour que ce pays aille mieux. Si Rayan était vraiment en vie, croyez-vous qu'il serait soutenue par le peuple ? Croyez-vous vraiment que ce serait l'homme de la situation ?

On allait maintenant voir de quoi il en retournait. Garviel savait que la Liturgie soutiendrait le retour au pouvoir de Rayan, mais est-ce que le peuple était vraiment de cet avie, ça, cette femme allait lui dire car apparemment elle avait une opinion qui était partagée par beaucoup de monde.

Kyra se sentait à sa place dans cette conversation. Elle oubliait tout le reste, la fête, les bourgeois, leur hypocrisie. Son cerveaux était en ébullition, un immense schéma se formait, avec les liens entre tous les acteurs politiques, économiques, religieux, et autre, qui pouvaient jouer un rôle dans toute cette histoire. Puis elle s'attelait à élaborer toutes les hypothèses envisageables découlant de ses schémas. Elle essayait de mettre en parallèle les deux tableaux. Le plan du bourgeois, et le siens. Il y avait une certaine compatibilité.
Néanmoins, elle sentie qu'il commençait à ce refermer. Dommage. Et si l'on suivait la théorie qui voulait que son conditionnel soit une certitude, cela voulait-il dire que Rayan allait revenir à la tête du mouvement républicain ?

- Les votes, hum, normalement, le clergé de Cassiel est censé assurer le bon déroulement du vote et la réalité des résultats. Schultz aurait du mal à les truquer. Mais le clergé lui, le pourrait aisément.
Je suis d'accord, il faut un homme fort, connu et apprécier du peuple, mais ca risque de tourner à la tyrannie si la liturgie n'est pas là pour l'en empêcher. De plus, je ne vois personne de viable qui corresponde à ce portrait et qui puisse prendre la tête du mouvement républicain. Il y a bien l'ex intendant du Siegburg, mais il a disparu.
Pour les impérialistes, c'est une autre histoire. Tant que les autorités pourchasseront les nobles, ils ne pourront avoir de parti politique légal. Et ils seront donc obligés de travailler … dans l'ombre. Mais l'impérialisme en lui-même est plutôt dépassé. C'est juste parce qu'il offrait une alternative qu'il a séduit, mais eu égard à ce que ca a donné, je ne crois pas que ca recommencera de si tôt.
Si Rayan était encore en vie, hum, et bien, à vrai dire, je pense qu'avec une certaine propagande oui, il serait soutenu par le peuple.

Rayan avait surtout soutenu la bourgeoisie, ce n'est qu'à la fin de son mandat effectif qu'il avait commencé une réforme sociale et Schultz avait surtout enfoncé une épine dans le pied des bourgeois. Mais ils avaient tous les deux restreint les libertés individuelles. Le peuple devait être lassé de tous ses "sauveurs" qui se révèlent finalement tous des tyrans

Les révélation de cette femme confirmait ce qu'il pensait. Garviel décida donc de jouer franc jeu.

- Dans une telle situation, je crois qu'il ne faille prendre la moins pire des solutions. J'espère que vous saurez garder ce petit secret ma chère, j'espère très sincèrement que Rayan face une réapparition et lève la population de Lagen contre Schultz. Si c'est le cas, je pense que je ferais tout mon possible pour le soutenir, et j'espère que vous en feriez autant. Vous comme la Lithurgie, les population, les entreprises, les ouvriers ... Si l'occasion de sauver la république se présente, il faudra que tout le monde soutienne son défenseur.
Je pense que vous êtes de mon avis n'est-ce pas ?

Il allait voir maintenant comment elle allait réagir face à cette révélation.

Le visage de Kyra s'illumina lorsqu'elle entendit le discourt de son interlocuteur. Tout concordait, Rayan était encore en vie comme elle l'avait imaginé, et il prévoyait même de faire son grand retour. C'était une aubaine pour tous, il fallait absolument que le réseau soit tenu au courant. En tout ca, s'il revenait, il serait soutenu par ce bourgeois, et peut-être d'autres. Intéressant, très intéressant.

- "La moins pire des solutions", malheureusement je trouve cette formulation forte à-propos. En tout cas, si Rayan réapparait, j'espère sincèrement qu'il reprendra sa place dans notre pays. Sachez que je saurais garder cette information loin des oreilles indiscrètes, vous pouvez compter sur moi. Vous pouvez aussi compter sur mon soutien si ces – elle hésitait sur le nom à donner aux actions évoquées – événements ont lieux.

Elle avait bien compris qu'en énumérant tous les acteurs potentiels de cette lute, il cherchait aussi à savoir si elle pouvait parler au nom du réseau. Mais se découvrir ainsi était assez dangereux, aussi comme personne ne savait qu'elle faisait partied'un réseau, et qu'elle s'était faite passée pour ce qu'elle n'était pas, elle ajouta simplement :

- Vous pouvez compter sur moi et sur les miens.

Elle scrutait maintenant la réaction de son interlocuteur, essayant d'en déduire ce qui lui passait par la tête.

Garviel venait de comprendre ce qu'était réellement cette femme, et il faut dire que c'était un excellent concours de circonstance.
Il se rapprocha de cette charmante jeune bourgeoise afin de murmurer ce qu'il avait à lui dire.

- Vous êtes une excellente actrice mademoiselle. Vous faites partie d'un réseau, avouez le. Je crois que nous avons tout les deux joué un excellent rôle ce soir. Rayan va bientôt revenir et il va avoir besoin de votre soutient, et grâce à notre aide, il récuperera sa place au pouvoir.
Je vous propose de ce quitter immédiatement et on oublie cette conversation. Ou on va dans un endroit plus discret pour parler de choses plus interressante.

Il releva la tête et reprit une voix normal:

- Alors ma chère, qu'en dîtes vous ?

Là, il venait de commettre une erreur. Kyra était choquée par la demande du bourgeois, sa déception se lisait sur son visage. Elle croyait qu'il avait compris. Compris qu'elle faisait partie du réseau, et qu'elle ne pouvait pas le dire ici, ou même ailleurs.
Sa déception pouvait se lire sur son visage, entre son sourcille inquisiteur et sa moue de déconvenue. Mais elle ne laissait pas pour autant transparaitre de réponse, ni positive, ni négative …

- Contrairement à cette nouvelle et dominante bourgeoisie, je ne jouis pas du don d'hypocrisie suprême qui est le votre. Je prendrais la première option. Nous nous dirons donc au revoir ici et maintenant.

Elle sortait une sorte de carte de visite qu'il glissa dans sa poche et lui dit d'une voix qui se voulait stricte mais pas colérique :

- Néanmoins, sachez que Rayan bénéficie de tout mon soutien.

Puis elle se retourna et partit dans une autre direction sans le regarder. Comment pouvait-il imaginer qu'elle lui avouerait là, comme ca, sans autre forme de procès et sans même connaitre son prénom qu'elle faisait partie d'un réseau clandestin capable de … enfin bref. De toute façon, elle ne pouvait pas parler au nom du réseau.
En plongeant la main dans sa poche, l'homme en sortit une carte de visite au nom du Jardin de Luren, avec un mot et un numéro au dos :

Garviel était satisfait, le jeune femme avait réagi comme prévue et il avait évité de rentrer trop dans les détails de ses actions. Si elle avait découvert qui il était, cela aurait pris une tout autre tournure. Il se retourna et regarda la jeune femme s'éloigner dans la foule. Il mit la main dans sa poche pour y chercher la feuille du discours qu'il allait devoir prononcer dans une demie heure.
Il en sortie une carte de visite au nom du Jardin de Luren.

- Mandragore 1876 ? se demanda t-il à haute voix.

La piste n'était peut être pas perdue, mais il allait falloir se montrer discret, il explorerait ça plus tard.
Il était temps de retourner avec les convives, malgrès cette agréable et étonnante discussion.