Chambre de Asch Ielenko

- On peut savoir ce que tu comptais faire en écoutant derrière la porte?!

Les mots de Asch retentirent dans toute la chambre. Et moi qui avait peur de subir le courroux de mon père… J'aurais du me méfier du vampire. Il n'avait clairement pas le sens de l'humour.
Je pouvais toujours tenter de lui mentir mais il était clair que ma petite infiltration n'avait pour but que de satisfaire ma curiosité malsaine. Et on peut dire que sur le coup j'avais été servie.

- Alors comme ça, dis-je calmement, Elle est peut être en moi?

Je n'avais même pas besoin de dire son prénom. Son visage, son corps je les possédais déjà mais si en plus j'avais son âme… On serait surement de trop dans un seul corps.
Devais-je paniquer? Il était peut être encore un peu tôt. Les seules personnes capables de me donner tous les renseignements nécessaires à mon propos restait mes créateurs… qui de toute façon étaient introuvables… Génial. Si ça se trouve je pouvais me métamorphoser en tueuse folle incontrôlable sans même le savoir.

Je plantais mon lourd regard dans celui de Asch. Il ne me répondit pas comme si c'était une fatalité que je devais accepter. Je me sentis perdre pied, me laissant tomber sur le lit du vampire comme une poupée de chiffon inarticulée.

- Tu sais, repris-je toujours sur le même ton beaucoup trop posé vu la situation, lorsque tu m'avais fait boire de ton sang en grande quantité pour la première fois… Et bien j'ai eu des hallucinations, et plus particulièrement quelque chose qui pourrait s'apparenter à un souvenir qui lui appartenait à elle. J'y ai vu Soma jeune, et même Kapen encore construite avec le palais impérial dans le fond…

Asch s'assit à son tour, à côté de moi.

- Ce n'était peut être justement qu'une simple hallucination. Va demander à Kaya qu'elle te raconte ce qu'elle voit quand elle a trop pris d'opium. Tout ça lui parait pourtant très réelle.

- Je sais bien, répondis-je, mais cette vision était trop pleine de détails pour n'être qu'un rêve. Je n'avais jamais vu la capitale il y 150 ans… et pourtant c'était comme si j'y étais.

Une vague d'angoisse me traversa de part en part. Je savais très bien tout ce que cela voulait dire. Peut être qu'au fond je n'étais pas une expérience loupée? Les Pepper m'avait rendu ma liberté mais avait apparemment oublié de me faire parvenir ma notice d'utilisation… C'était très ennuyeux.
Surtout qu'avoir les capacités de Kallen Tatlina, ce serait… pratique.

Le prince vampire se retourna vers moi, en remettant en place quelques unes de ses mèches rouges.

- Tu as entendu le patriarche, si tu ne deviens pas une vampire, il n'y aura aucun problème, tu resteras aussi inoffensive que d'habitude… enfin sans ton fusil je veux dire. Donc si nous arrêtons tout de suite notre activité, disons sanguine, plus de risque.

Il disait ça sans trop y croire et ça lui et moi le savions clairement. Lorsqu'un vampire et un humain commence à se sucer le sang mutuellement, l'envi de recommencer circulait en eux comme un venin. Et cela de plus en plus fort jusqu'à leur faire perdre la raison.
C'était d'ailleurs la principale raison qui poussait les esclaves sanguins prisonnier à rester au Volkona. Ne pas pouvoir vivre sans la morsure du vampire ni sans son sang.

- Bon qu'est-ce qu'on fait alors? demanda alors Asch agacé.

- Et les ordres du patriarches concernant le fait que je suis sensé être cloitrée ici?

- Depuis quand tu suis les ordres, toi? Et puis tu es avec moi, comme tu l'as déjà dit, je fais peur.

- En effet… conclu-je malgré moi en regardant la carrure du vampire de haut en bas, mais sur l'échelle de l'effroi, Kaya te bat haut la main.

Il se releva et tendit alors une main vers moi. Je l'attrapa et sentit mon corps se relever dans un souffle rapide. Non vraiment , les muscles de Asch n'était pas juste là pour la déco.

- Il faut qu'on se renseigne sur la CN, maugréais-je, c'est le seul organisme qui rattache tout le petit monde qui a participé à ma création. Ils doivent savoir. Mais en attendant il faut aussi que l'on repasse au manoir Aslanov pour ton bras et ma voiture.

Bien que la course soit annulée, je tenais quand même à récupérer mon bijou à quatre roue. Au pire je pourrais toujours faire des tours de Lagen la nuit en réveillant les bourgeois avec le bruit du moteur.