Problème de Conscience professionnelle

" Michaelis, tu devrais rentrer chez toi."

Cette phrase lourde de sens prononcé par une voix masculine familière sorti Morganna de sa torpeur.
Elle était complètement avachie sur sa table, à moitié comateuse, toujours affectée par la mort de Serafina dont elle se jugeait en parti responsable.
En quelques jours, elle s'était enfermé dans son bureau, s'était plongé dans des manuels d'anatomie et pathologies rares chez les vampires, jurant que son manque de savoir sur les êtres de la nuit avait précipiter la sang mêlé dans la mort.

Elle releva la tête faiblement, laissant apparaitre un visage aux traits tirés face à son nouvel interlocuteur.
Soudain, voyant qu'elle avait à faire au Patriarche, elle se redressa d'un coup comme prise d'une décharge électrique, avant d'effectuer un faible mais gracieux salut du voleur.

- Je vous prie de m'excuser, Patriarche, je n'avais pas vu qui avait franchi le pas de mon bureau.

Soma lui lança un lourd regard.

- Quand à moi je suis très sérieux, Michaelis, déclara-t-il en croisant les bras, ici j'ai besoin d'un médecin réactif et efficace, pas d'une loque qui se morfond sur nos pertes inévitables. Les gens meurent, vous savez… D'autres naissent. Et malheureusement personne ne peut échapper à ce cycle infernal. J'imagine que c'est ce que l'on vous a enseigné à l'académie de médecine. Alors dans ce cas, quel est le problème?

C'était étrange de se faire sermonner par un homme qui semblait à peine dépasser la vingtaine physiquement, surtout lorsque l'on connaissait son histoire.
Elle essaya de prendre un air le plus calme possible sans vraiment y parvenir.

- Si… si seulement j'avais plus de connaissance sur votre race… lâcha-t-elle dans un soupir, vous ne fonctionnez pas comme nous, vous avez beau avoir les mêmes organes, les humains et les vampires ont une anatomie fonctionnelle beaucoup trop différente… C'est ma faute si elle morte… Si j'avais su qu'une rupture de l'aorte abdominale aurait entrainé des effets si rapides et virulents sur les vampires… je n'aurais probablement pas agi ainsi…

Le patriarche tourna la tête vers le bureau de Morganna ou il aperçut la pile de livres en tout genre sur le vampirisme.

- Ecoutez moi bien maintenant, vous avez déjà sauvé bon nombre de voleurs, vos compétences ne sont plus à démontrer. Je vous ai engagé parce que vous aviez du potentiel. Humains comme vampires, des chances de survie face à ce genre de blessures sont quasi nuls. Et vous n'êtes malheureusement ni Luren ni Nemeres.

Elle devient bien admettre la situation. Il avait raison. Néanmoins, elle était persuadé que ses connaissances manquaient. Jamais les vampires n'ont été l'objet d'un seul de ses cours et cela pour des raisons évidentes de pseudo conflit entre les deux peuples.

- Je vais rentrer chez moi, répondit-elle simplement en évitant le regard du vampire.

Elle enleva sa blouse et enfila son manteau. Elle se posta ensuite devant Soma, l'air grave.

- Je crois que je vais avoir besoin d'une permission, lança-t-elle, je vais aller prendre des cours de pratique sur le front Volkonène.

- Vous êtes sérieuse? demanda-t-il alors avec un calme magistrale surement habitué à la folie ambiante de la guilde.

- Vous ne pouvez même pas imaginé à quel point…

- Dans ce cas, rentrez chez vous, faites ce que vous avez à faire. Quand vous reviendrez, adressez-vous à Arkady… Vous ne pouvez pas le louper, un grand vampire avec un air peu commode, il vous dira ou vous rendre.

Morganna afficha enfin un sourire. Elle saisit alors son sac et sortit de la pièce, le tout maintenant était de trouver un moyen d'expliquer ça à sa famille.