Restaurant Le Jardin de Luren

Après ce rebondissement, Andreï se rendit finalement comme prévu au restaurant Le Jardin de Luren. Il s'agissait d'un petit bar restaurant assez sobre, mais pas pour autant miteux. Ni trop clinquant pour qu'il fasse tache dans un luxueux décor, ni trop misérable pour faire pensé à un boui-boui grouillant d'informateurs. En somme parfait pour passer inaperçu.

La terrasse était assez petite, occupée par cinq tables prévues pour quatre personnes chacune. Cela permettait à un seul serveur de s'occuper de toute la terrasse.

8h00 venait de sonner. Il se précipita à l'une des dernières tables libres à l'extérieur, comme prévu. Le jeune homme retira ensuite sa veste, déposa son chapeau sur la table et son porte-documents debout, à ses pieds.

Il saisit ensuite un canard laissé là par un autre client du restaurant. Les articles exultaient le Président et la façon dont il avait redressé le pays laissé en ruine par ses prédécesseurs. Andreï pensa alors :

- Pfff, il serait grand temps que des journaux libres voient enfin le jour. Même la rubrique nécrologique doit être contrôlée par les autorités !
Le Président ne fait que s'attribuer les retombées positives des politiques lancées par les anciens gouvernements qui portent leurs fruits seulement maintenant, après leur mise en application concrètes. Et il leur décerne les désastres provoqués par sa propre mégalomanie.

Le garçon de café arriva et sortie Andreï de ses pensées répréhensibles pour lui rappeler ce pourquoi il était là. Il s'agissait d'un jeunot qui, à chaque seconde manquait de faire tomber son plateau rempli de consommations.

Andreï se dit alors :

- Non, pas possible ! Ce n'est quand même pas lui mon contact ! Haa je vais devoir boire ce maudit café !!

Le serveur s'arrêta alors à son niveau. Andreï sortit donc le nez de son journal et adressa un sourire au garçon qui lui dit :

- Bonjour Monsieur. Bienvenue chez nous, que désirez-vous ?

Andreï récita alors la commande qu'il avait apprise par cœur, avec un ton des plus naturel cependant :

- Un café avec un nuage de lait et un sucre accompagné d'un spéculoos et d'une madeleine.

A l'entente de cette commande, le barman écarquilla de grands yeux. Andreï pensa alors :

- Et merde, c'est bien lui mon contact, et en plus il flippe …

Le serveur s'en retourna en cuisine en murmurant d'une façon très indiscrète :

- Nan mais c'est quoi cette commande. Pour qui il se prend celui-là, on n'est pas à l'hôtel du Renard Masqué ici !

Quand il entendit cette phrase, le visage d'Andreï s'illumina. Il se dit alors :

- Ouf ce n'est pas lui mon contact !! Mais alors, qui est-ce ?

Il se mit ensuite à scruter les environs en cherchant son informateur. Mais il ne remarqua rien d'anormal jusqu'à ce que le café avec un nuage de lait et un sucre accompagné d'un spéculoos et d'une madeleine arrive sur le plateau du garçon de café.

Andreï oublia soudainement le problème de l'informateur pour un autre problème :

- Ha. Oui. J'avais oublié. Le café. Hum, comment faire ?

Tout en saisissant le café sur son plateau, le serveur dit ironiquement :

- Voilà Moooossieur est servi !

C'est à ce moment précis qu'un autre client, un homme plutôt petit, avec un long manteau et un grand chapeau enfoncé sur la tête, passait à côté. Il bouscula alors le serveur qui renversa naturellement le café. Afin d'éviter la tasse, Andreï s'écarta et donna alors un coup de pied dans sa mallette qui s'ouvrit en tombant par terre. Puis, en se retournant vers le serveur il dit :

- Ha nan quel con, vraiment !

Fort heureusement, la tasse se brisa à l'autre bout de la table. Personne ne fut ni éclaboussé par le café, ni blessé par les éclats de porcelaine. Quant à l'inconnu, Andreï le bénissait. Lui qui cherchait désespérément comment ne pas boire ce café, grâce à cette intervention divine, la question ne se pausait même plus. Ce dernier quant à lui se confondait en excuse :

- Excusez-moi, je suis confus. Laissez-moi vous aidez à ramasser tout ca.

Puis l'homme se pencha pendant que le serveur ramassait les débris de la tasse tout en disant, d'un air pathétique :

- Excusez-moi, je n'y suis pour rien, la consommation vous est offerte.

Andreï commençait à joueur la comédie, on aurait vraiment dit qu'il se mettait en colère :

- Il ne manquerait plus que ca, je n'ai même pas pu y toucher.

L'inconnu émergea de dessous la table avec le porte-document :

- Voilà Monsieur, votre mallette.

Andreï la reprit et vérifia qu'aucun document ne traînait parterre. Puis il ajouta :

- Merci bien, vous êtres aimable.

- Surement plus que vous ne le croyez !

Cette phrase fit écho dans l'esprit d'Andreï :

- Alors ce serait lui mon informateur ?

Andreï ouvrit rapidement son attaché-case et aperçu une enveloppe qu'il ne connaissait pas, elle portait l'inscription suivante : prochain convois, il la referma aussitôt. Cela devait être la nouvelle mission. Il relevait la tête, mais le mystérieux informateur était déjà parti, aussi décida-t-il de repartir d'ici rapidement.

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