De lourdes blessures...

Soma s'était rapidement rendu à l'infirmerie lorsqu'il eut vent de la nouvelle de l'état d'Emma. Il y trouva Morganna qui s'activait a panser le torse pelé de la jeune fille. Cette dernière semblait ne rien sentir malgré ses nombreuses plaies ouvertes.

- Je vois que vous faites toujours du très beau travail Michaelis... lança la patriarche en s'avançant vers le médecin.

- Ne vous fichez pas de moi! maugréa-t-elle, ce que je fais ressemble plus ici à du rafistolage en vue des dégats... Et moi je ne peux que couvrir ses blessures... Sa peau au niveau du thorax a été littéralement arrachée! La plaie ouverte est tellement béante que je ne peux même pas couvrir la zone avec un autre morceau de peau prélevé sur son propre corps... Heureusement, j'ai permis d'éviter le pneumothorax en enfonçant un énorme drain dans son poumon, mais on peut dire que cela va la faire souffrir peut être encore plus...

Soma continuait l'observer.

- Michaelis, il y a quelque chose que je ne comprends pas, vous ressentez parfois plus la douleur que votre patient... Alors pourquoi avoir fait ce métier?

- Peut être que justement la douleur m'était tellement insupportable que je voulais la faire stopper par moi même? Regardez là... Ce n'est même pas moi qui stoppe sa douleur mais les drogues de compétition des frères Seymour... Au fond, je ne sers pas à tant de chose que ça, si ce n'est maintenir sa souffrance encore plus de temps. Elle aura des séquelles motrices et sa brulure la fera souffrir plus d'un mois... Quand à son épaule elle n'est plus viable... je n'ai rien put faire si ce n'est extraire les milieux de morceaux d'os de la scapula et de l'humérus éclatés... J'ai à peine pu sauver la clavicule...J'ai du amputer tout son bras, vous parlez d'une vie. Sa seule alternative, ce serait...

- Un automail? termina le vampire.

- Exactement...

- Ielenko en a bien un et il le vit plutôt bien. Elle s'en sortira, je suis sur que vous pourrez la lui poser.

- La blessure de Ielenko était nette, ce n'était pas un amas d'os coupé en petits morceaux. Là je vais faire ce que je peux. Dès que la plaie aurait cicatrisée, je verrais si les nerfs du plexus brachial sont encore en un assez bonne état... auquel cas, je ne pourrais plus rien faire. Normalement, j'ai pu les sauver...

La patriarche était de plus en plus impressionné par le calme et le professionnalisme du médecin de la guilde. Elle qui était si jeune arrivait à bluffer un vieux vampire blasé comme lui. Le destin de la jeune femme était étonnamment trop linéaire pour être celui d'une femme au foyer comme le monde voulait qu'elle soit.

- Au fait, ajouta-t-elle en rougissant légèrement, je dois vous remercier pour m'avoir aider tout à l'heure... Ils étaient venus pour m'embarquer... voire me torturer. Je n'ose même pas imaginer ce qu'ils font subir à Arthur.

Les révolutionnaires avait réussi à prendre son mari, partisan de la CN. Et naturellement, leur attaque s'était également tournée vers la femme de ce dernier. Ils étaient arrivés à l'Hotel et Soma s'était occupé de la faire déguerpir et avait même récupérer la fille de Morganna, confié alors à son frère Ralph.

- Je n'arrive malheureusement pas à être concerné par son sort...continua-t-elle, En réalité, je ressens une certaine indifférence à ce qu'il va devenir... C'est plutôt triste au bout de 6 ans de mariage il faut bien l'avouer. C'est plutôt Blanche que je plains... Une mère incapable d'aimer comme moi et plus de père...

La patriarche n'en revenait pas. Elle était là, a culpabiliser à cause de la vie qu'on lui avait forcé à suivre.

- Ecoutez Michaelis, ne vous préoccupez plus de tout ça, contentez vous de faire votre job, je m'occupe d'assurer votre protection. De toute façon, l'hôtel est devenu votre réel foyer je me trompe?

- Ce qui me ferait vraiment plaisir... C'est que vous me transformiez en vampire. Je n'ai plus grand chose qui me retient dorénavant.

- Bien essayé... lança-t-il avec un sourire narquois, mais pas encore suffisant...

- Il fallait bien que je tente. Je n'ai pas encore renoncé à aller apprendre mon métier à Saransk. Encore moins aujourd'hui, quand je vois quelle genre de blessures je peux avoir dans les mains...

Arkady, accompagné de Serafina et Lu, s'était rendu dans l'infirmerie de la Guilde des Voleurs. Emma était étendue inconsciente sur un des lits. De là où il était, il ne voyait pas ce que son corps avait subit. Il laissa Lu dehors avec Serafina, le petit n'avait pas besoin de voir ça. Soma était déjà arrivé. Il s'approcha du lit et vit les bandages sur tout le torse d'Emma mais aussi sur le côté droit du cou. Il lui manquait son bras mais aussi son sein droit. Pendant qu'il regardait le corps endormit d'Emma, le docteur Michaelis lui fit le même rapport qu'elle avait fait à Soma quelques minutes avant. Il n'écoutait pas vraiment ce qu'elle disait et puis de toute façon il ne comprenait pas tout ce qu'elle lui disait.

- Qui l'a ramené ici ? Lâcha-t-il quand le docteur eut fini son rapport.

- Un ex-milicien, il est resté dans le hall de l'hôtel avec trois de ses compagnons.

Arkady ressortit et héla l'un des voleurs présent dans le couloir puis il lui demanda d'amener l'ex-milicien à l'infirmerie. Quelques minutes plus tard le milicien était là. Il lui raconta l'offensive du siège de la CN et le passage où ils avaient retrouvé Emma en train de se faire tabasser par un soldat de la BCNS.

Après qu'il ait raconté son histoire, John Haber alla jusqu'au chevet d'Emma. Elle était devenue une martyre de la révolution.

- Docteur Michaelis, je vous aurais bien ramené au Volkona mais vous n'êtes toujours pas une vampire.

- Des vampires !? Demanda John en se tournant vers ses interlocuteurs. Il n'avait pas fait attention jusque là que la plupart des personnes présentes étaient des vampires.

- Seigneur de Guerre à mes heures perdues en effet.

- Alors vous avez fait tomber Treffelburg.

- Tout en tuant la plupart des meilleurs soldats de Schultz. Ne me remerciez pas j'ai fait ça avec grand plaisir.

- Vous n'avez pas l'air d'haïr les humains pour autant. La preuve avec Emma et le jeune garçon que j'ai vue dehors.

- En effet. Si votre révolution réussie, peut-être que vous, les humains, consentirez à la paix.

Il se tourna vers la porte et franchit le seuil. Ils allaient maintenant rentrer au Volkona.

Morganna était toujours au chevet de la jeune fille. D'ailleurs elle n'était pas la seule. Le milicien Haber était resté depuis assis sur une chaise peu confortable. Il avait fini par s'endormir à moitié appuyé contre le mur de l'imprimerie.

Mona venait pour changer les pansements de la nouvelle martyre de la révolution. Les plaies commençaient à cicatriser, mais malgré tout, les bandages qu'elle enlevait était toujours maculé de sang.

Elle s'apprêtait à nettoyer les parties endommagées lorsqu'Emma se réveillait, ouvrant légèrement les paupière, fixant droit dans les yeux Morganna.

- Ne bouges pas, s'il te plait, se contenta de dire la médecin toujours professionnelle jusqu'au bout même devant un spectacle qui la faisait tant souffrir, je vais te réinjecter une dose d'anesthésiant.

- Attendez! lança Emma en tentant d'attraper le bras de Mona sans y parvenir.

La jeune fille ne comprit pas pourquoi rien ne bougeait alors qu'elle ordonna à son bras de le faire. Alors elle comprit. Faiblement comme pour éviter quelque chose qu'elle savait déjà, elle tourna légèrement sa tête vers son épaule. Mona put lire l'horreur sur son visage pendant quelque secondes.
Elle avait été négligente, elle n'aurait pas du laisser la jeune fille voir son corps droit démembré et sans peau.

- Je suis désolée, déclara alors Mona qui avait presque les larmes aux yeux, j'ai du amputé ton bras, et je n'ai rien pu faire pour ta peau… Pardonnes moi.

Etrangement Emma la regarda en affichant un faible sourire qui semblait remercier la médecin.

- Pourquoi vous excusez vous? Vous m'avez sauvé. C'est déjà beaucoup…

Mona saisit alors une seringue et l'injecta directement dans la plaie béante qui ornait dorénavant l'épaule d'Emma. La douleur s'en alla dans la seconde.

- Ecoute… continua Mona en bandant le torse de la jeune fille, j'ai déjà posé plusieurs fois des autorails, c'est pourquoi ma connaissance de l'innervation du corps humain m'a permis de sauver les nerf du plexus brachial, c'est à dire ceux qui te permettront de bouger ton bras et la partie supérieur droite de ton corps. Voilà ce que je peux te proposer, un automail recouvrant toute la partie droite de ton corps, une sorte d'armure incrustée dans ta peau si tu veux. Bien sur, la douleur de l'opération sera peut être encore pire que ce que tu es déjà en train de subir et tu n'auras plus de sensibilité au niveau de cette partie du corps, mais au moins tu pourras avoir un bras...

Emma qui était une mécanicienne et qui avait fait des pièces d'automails sa spécialité, allant même en greffer sur les vampires, allait maintenant en avoir un. Quelle ironie ! Elle sentait une douleur lancinante dans toute la partie droite de son torse. Elle ne vit que les bandages mais aussi qu'il n'y avait plus de bosse sur le côté droit de sa poitrine. Elle comprit qu'elle avait perdu son sein au passage. Sa tête aussi était douloureuse, le passage à tabac n'ayant rien arrangé.

Dans un coin, elle reconnut l'homme qui était venu la sauver, l'ex-milicien John Haber qui avait dirigeait l'assaut sur le siège de la CN. Elle lui devait en partie la vie. Elle l'admirait, il était joli homme et pas très vieux en plus de ça.

- Greffez moi un automail, avec une lâme rétractable et un pistolet caché si possible. Et une espèce d'armure qui couvrira mon corps meurtri. Qu'on ne voit pas, avec mes vêtements que j'ai été mutilé. S'il vous plait...

Elle se rendormit sur cette phrase. Il lui avait déjà fallut un effort considérable pour rester éveiller et analyser ce qu'il lui était arrivé. Dans le coin, le milicien s'était réveillé mais trop tard pour lui parler.

Morganna s'était procuré l'automail rêvé d'Emma grâce au réseau de la guilde sur le marché noir. L'engin, fait entièrement de ferraille était impressionnant à regarder. Il s'étalait comme demandé par la jeune fille sur toute la partie droite du corps.
Mona avait attendu le temps nécessaire pour que les blessures d'Emma soit suffisamment cicatrisé. Mais au fond, elle essayait de repousser tant bien que mal l'opération sachant pertinemment quel genre de douleur elle infligeait à ses patients.
Emma lui avait dit qu'elle était prête, Mona n'avait plus guère le choix, et puis faire face à ce corps mutilé chaque jour lui arrachait le coeur trop souvent.

Le milicien qui avait sauvé la jeune fille était toujours à son chevet. Mona comptait bien profiter de ce renfort. Depuis la révolution, la guilde s'était foncièrement vidée de ses occupants, la plupart occupé à faire des attentats. Même les infirmier sensé l'assister n'était pas à leur poste… Vraiment, la médecin préférait les périodes de calme.

- Ecoutez moi jeune homme, annonça-t-elle avec un air autoritaire à Haber, au lieu de vous lamenter sur son lit, vous feriez mieux de venir m'assister pendant son opération. Ce n'est pas en la regardant souffrir qu'elle ira mieux.

Le jeune milicien acquiesça malgré lui un peu étonné par Morganna qui ne paraissait pourtant pas vraiment plus vieille que lui, si ce n'est ces cheveux blanc à la rigueur.

L'intervention allait durer plus de 8h, le temps que Mona puissent poser les faces de l'automail à incruster dans la peau, y insérer tous les nerfs nécessaires, suturer tout ce qui pouvait l'être avec le reste du corps. Ensuite la phase de pose du bras ou il fallait qu'elle soit éveillé pour régler la plupart des paramètres envisageables de flexion, d'abduction et tout ce qui pouvait toucher le système articulaire du membre supérieur.

Haber au début semblait gêner devant le corps pratiquement nue et mutilé d'Emma puis voyant l'attitude des plus calmes de Mona, se concentra sur les instruments chirurgicaux qu'il devait lui tendre.

Au milieu de l'opération, le patriarche entra dans l'infirmerie pour assister aux exploits du médecin qu'il avait embauché.

- Dites moi Michaelis, vous m'épatez de jour en jour… lança-t-il avec un sourire difficilement interprétable, vous voilà maintenant mécanicienne.

La jeune femme passa sa main dans ses cheveux argentés plein de sueurs, reposa son tournevis, avant de se retourner vers Soma.

- Je ne suis que chirurgienne… Mais au fond vous savez, on n'est pas très différent d'une machine… En réalité, nous sommes une machine organique, et moi une sorte d'ingénieur de cette machine. Tout ce que je vais pouvoir faire, c'est contrôler cette greffe et sa pose… Pour le restes, Emma saurait s'en charger elle même, j'imagine.

L'opération se déroula sans complication. Emma était toujours sous l'effet de l'anesthésie, et comme à son habitude, John Haber avait rejoint son chevet, tandis que Mona était descendu au bar des renard se remettre de tout ça.