Courrier en provenance de Lagen...

Le présent courrier fut envoyé par une montgolfière des Légions de la République, pour le Roi de Toldanie :

"Votre Majesté,

J'ai remarqué non sans étonnement que vous n'aviez pas daigné féliciter mon accession au pouvoir, ce qui me perturbe quelque peu car j'estime sincèrement que les relations qui lient la République du Siegburg-Helzonie que je préside et le Royaume de Toldanie que vous régnez doivent rester consolidés et préservés dans la juste considération de l'Histoire et de l'amitié inaliénable qui lie nos deux peuples.

Votre Majesté, il est important pour moi de prendre contact avec vous pour réaffirmer mes positions républicaines et fédéralistes consistant en la garantie des échanges commerciaux toldano-siegburg-helzoniens et en la garantie d'un gage éternel de paix.

Nos relations sont restés bien trop longtemps neutres et il conviendrait de les améliorer, surtout que les exportations de la Fédération du Siegburg-Helzonie sont nécessaires pour l'approvisionnement de la Toldanie. Si vous le souhaitez et avec l'exécution de nos administrations respectives, nous pourrions organiser des évènements et des manifestations culturelles pour solidifier la part de nos cultures qui est commune à l'autre.

Aussi dois-je vous informer de la montée en puissance du mouvement impérialiste de ce simulacre d'Empereur Franz-Heinrich, je vous demanderai donc d'en prendre garde et de me confier vos suspicions ou les éventuelles tentatives de ce dernier de corrompre Votre Sagesse et Votre Raison.
La République restera indéfiniment l'alliée du Royaume et assurera l'excédent commercial des importations toldènes tant que les relations bilatérales resteront saines et bonnes.

Sachez par ailleurs que nous saurons soutenir de quelque façon que ce soit, par la voie militaire, économique ou diplomatique votre Royaume, et que pour tout éventuel traité, nous restons à votre disposition à Lagen où mes services vous accueilleront dignement.

Veuillez agréer, Votre Majesté, l'expression de toute ma considération distinguée,

Karl Hans-Rafael Schultz, Président fédéral de la République démocratique fédérale du Siegburg et d'Helzonie"

Code:

 "je vous demanderai donc d'en prendre garde et de me confier vos suspicions ou les éventuelles tentatives de ce dernier de corrompre Votre Sagesse et Votre Raison."

Attention au mélange EL/IL quand même

Le Roi de la Toldanie était une fois de plus sur son trône majestueux, dans la salle du conseil, entouré de ses principaux ministres quand cette lettre lui fut lue.

Ce communiqué était plutôt inattendu, depuis la révolution, les relations entre le Royaume d'où la terre finie et la République avaient toujours été tacites, et officiellement inexistantes. Il faut dire qu'elles étaient uniquement commerciales et se faisaient essentiellement au profit du Royaume qui servait maintenant d'intermédiaire entre le Siegburg-Helzonie et les monarchies voisines, qui n'approvisionnaient plus que la Toldanie parmi l'ancien Empire.

La Toldanie avait des arrangements avec les monarchies voisines qui lui permettaient de ne pas dépendre d'un approvisionnement du pays fédéral. Elle revendait là-bas les produits de ses partenaires qui le ravitaillaient en conséquence.

Ainsi, le Royaume s'enrichissait en revendant en terre démocratique, les ressources exploitées et transformées dans les contrées impérialistes. La balance économique penchait fortement en leur faveur.

Le monarque se racla la gorge et dicta une réponse à son secrétaire qui prit note, sous le regard attentif des ministres :

"Monsieur le Président fédéral,

Comment pourrais-je féliciter un homme qui prend le pouvoir par la force et se réclame de cette République Démocratique ? Comment pourrais-je soutenir cette pratique indigne des principes que vous prônez dans votre forme de gouvernement que je hais de toute mon âme ? Comment pourrais-je accepter une manière de procéder que je ne tolèrerais pas voir mis en œuvre dans mon propre intérêt ? Vous avez mené une révolution sanglante il y a de cela quelques années pour renoncer à une lignée héréditaire, au profit d'un gouvernement électif, et tout cela pourquoi ? Pour vous emparer du pouvoir par la force et la ruse. Vous souilliez le sang qui a coulé.

Si vous réaffirmez vos valeurs, laissez-moi réaffirmer les miennes. La Toldanie est, et restera une monarchie tournée vers le bien de son peuple. Et en cela, les échanges commerciaux entre la Toldanie et le Siegburg-Helzonie seront maintenus par ma personne. Cependant, nous nous retenons le droit de mettre fin à ses échanges en cas d'agression.

Si vous souhaitez établir des relations culturelles entre nos deux pays, il vous faudrait d'abord reconnaitre l'un des groupes des plus puissants en notre Etat : les Catharodoxes. Or vous les pourchassez actuellement. Qui plus est, si cela doit se faire, ce sera en l'île d'Orkey, qui se situe à égale distance de nos côtes. Il en ira de même pour tout traité et autres accords.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de Nos royales salutations.
James X, Roi de Toldanie, Seigneur de tous les Toldènes."

La plus part des nobles ministres présents congratulèrent le Roi et la lettre partie à Lagen. Malgré tout, il n'était pas si sûr de lui qu'il ne le laissait paraitre.

Assez exaspéré par les réponses du Souverain Toldène, le Président fédéral savait qu'il n'avait pas encore imposé toute sa puissance et sa ligne directrice, la preuve, on ne le respectait pas.
De là à lire des insultes lancées par voie diplomatique ! C'en était trop !
Prenant une feuille et mouillant sa plume dans de l'encre, il écrivit en retour :


"Votre Majestueuse Majesté,

Nous accusons réception de votre courrier et mes conseillers diplomatiques sont du même avis que le miens, celui d'un état d'âme choqué et consterné.
Comprenez bien que nous apprécions votre franchise, nous n'apprécions toutefois pas le ton de vos paroles et le manque de respect qui en suit.

Suivant ce constat, j'ai décidé, puisque vous ne semblez pas connaître la voie diplomatique, d'interrompre immédiatement tout échange commercial entre nos deux Etats.
J'espère de fait qu'à l'avenir, vous saurez vous montrer plus respectueux à mon égard. Vos voisins ne vous aideront pas jusqu'à la mort et si nous le voulions, nous pourrions annexer votre royaume au Siegburg-Helzonie, mais nous préférons respecter l'indépendance des Toldènes. Prenez en considération nos positions et réfléchissez bien avant de répondre de la sorte à des hauts dignitaires.

Je ne vous salue pas.

Karl Hans-Rafael Schultz, président fédéral de la République du Siegburg et d'Helzonie."

Il ne fallait pas s'attendre à une lettre des plus tendres étant donné les circonstances. Le nouveau Président était un militaire qui avait pris le pouvoir par la force. Or s'il y a bien une chose que le Roi méprisait encore plus que les successions par le scrutin, c'était bien les consécutions par la force et les coups d'état militaires.
Cette seconde lettre l'énervait au plus haut point, mais on lui avait appris depuis tout petit à cacher ses émotions, même en ce qui concerne le conseil, aussi, il ne laissa rien paraitre.

Qui plus est, le Président affirmait vouloir garantir l'indépendance de la Toldanie, dès lors, l'un des deux mentait. Mais et est-ce l'Empereur ou le Président ? De plus, le Commandeur rappelait aussi qu'il disposait de la force nécessaire pour annexer le royaume. Que faire ? Qui croire ? Le doute s'installait dans l'esprit du grand souverain.

"Monsieur le chef de l'état fédéral,

Sachez que tenant compte de la situation actuelle dans votre nation, nous ne pouvons vous considérer sérieusement comme Président du Siegburg-Helzonie. De plus, mon opinion envers les catégories de gouvernements nommés républicaines, est connue de tous. Aussi vos états d'âme rejoignent les miens, nous sommes au moins en accord sur une chose : la situation est consternante. Mais il est fort dommage que nous ne parlions de la même chose.

Contrairement à ce que vous semblez penser, nous connaissons la voie diplomatique, mais nous connaissons aussi les embûches et autres coup fourré qu'elle apporte. Le temps nous a appris à nous méfier des bonnes intentions apparentes qui cachent souvent des embuscades.
Pour preuve, nous vous proposions même un lieu de rendez-vous neutre et convenable afin de pouvoir palabrer de la chose politique concernant les relations entre nos deux entités, ainsi que des prérogatives économiques qui les unissent.

Vous affirmez assurer l'indépendance de la Toldanie, mais comment vous croire sans garantie et alors que vous réaffirmez détenir la force militaire suffisante pour pouvoir incorporer notre monarchie à votre nation ?

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de Nos royales salutations.
James X, Roi de Toldanie, Seigneur de tous les Toldènes."