Manoir Aslanov

Quand Lux parla de sa devise, Noramros leva un sourcille inquisiteur. Cette formule devait venir d'un milieu bien avide. En ses temps de misère, la lubricité personnelle n'était pas le bienvenu. En tout ca, ce n'était surement pas une institution philanthropique ni une société de pensée qui se fixait comme objectif de réunir les hommes libres et de bonnes mœurs voulant œuvrer à l'amélioration matérielle, morale, sociale et intellectuelle de l'humanité. Ce qui était la définition que Noramaros souhaitait faire vivre à travers son organisation révolutionnaire.

D'où pouvait bien venir cette pensée ? De plus, Lux ne semblait pas vouloir en parler d'avantage, le lieu était-il si important. Pourquoi tant de mystère, surtout puisque c'était elle qui avait commencée à en parler ? S'agissait-il d'une histoire trop personnelle pour être révélée en public ?

Cette jeune femme était définitivement entourée d'une aura énigmatique, empreint de mystères beaucoup trop étranges pour que ce ne soit qu'une coïncidence et qu'ils ne soient, en tout cas quelques-uns, pas reliées entre eux.

Le savant se tourna finalement vers le vampire, mais sa physionomie présentait comme un semblait d'air moraliste destiné à Lux, qu'il observait tout de même discrètement du coin de l'œil à travers un miroir :

- En effet, votre ami vampire a tout à fait raison, je n'aie pas besoin d'argent, je suis assez riche pour pouvoir subvenir à mes besoins ainsi qu'à ceux des miens jusqu'à la fin de leur jour.
Et je me satisfais d'une telle somme. Nous n'avons pas besoin de plus pour être heureux, la luxure est l'un des défauts qui ont mené notre pays à sa chute. Non définitivement, l'argent ne m'intéresse plus. Mais elle a tout à fait raison, dit-il en désignant Lux, d'un mouvement de tête, l'argent, il suffit d'aller le chercher

Après avoir prononcé ses deux dernières phrases, il se retournait enfin vers Lux. Il lui avait pourtant demandé une somme faramineuse pour les modifications de la voiture il y avait de cela quelques semaines. Simple coïncidence ou bien plus encore ?

- En plus, l'argent n'a absolument plus aucune valeur sous ce régime. Aujourd'hui la vraie richesse c'est la connaissance. Ce que je voudrais, ce sont des informations, des réponses à mes questions. Sauriez-vous me les donner ?

Les deux visiteurs s'apprêtaient à répondre, mais le savant ne leur en laissa pas l'occasion. Il pivota en un temps record, faisant un demi-tour sur lui-même à la manière d'une pirouette de danseur. Puis posa les mains sur le bureau, son visage se retrouva alors à quelques centimètres de celui de Lux, il la regardait en fixant ses yeux d'une façon quelque peu déstabilisante. Et il lui dit, de la façon la plus anodine possible :

- Ravit de voir que la voiture plait. Pour la perfection de mon travail, il coulait de source, cependant, je vous remercie de l'avoir remarqué. Mais sachez que ce n'est qu'un début ! Si vous acceptez que je continue, je me ferais un plaisir de la transformer en véritable véhicule de combat ! Le tout sera de brider mon génie pour que votre voiture ne soit pas trop supérieure à celles de vos concurrents. Sans quoi, vous vous ennuierez vite, faute d'adversaire à votre hauteur.

Il marquait une petite pose, s'installa derrière son bureau, sorti d'un tiroir une feuille de dessin, et commença à élaborer tout un système de défense pour la Lucky de Lux.

- Mais pour cela, je vais avoir besoin de modifier quelque peut l'apparence de ma, de votre sublime voiture. Ce qui ne semble pas poser problème puisque vous me demandez de la personnaliser. Mais sachez que je ne suis pas un ouvrier de garage. Je suis un ingénieur ! Un technicien de génie !

Laissant passer ce lapsus révélateur, Noramros se posait d'autres questions. Ce fut notamment le numéro 17 qui retient son attention. Pourquoi 17 ? Chiffre favori ? Il nota toutes ses remarques et questions dans un coin de papier. Puis il répéta enfin, en levant la tête de ses notes, croisant les mains sur la table :

- Alors, saurez-vous prêts à répondre à mes questions ?

Les deux membres de la guildes en restèrent sans voix.
Des renseignements, ils en possédaient… Beaucoup. Mais d'habitude, il les faisait payer de très grosses fortunes.

Asch qui n'était pas un voleur de souche ne semblait pas se rendre compte de la tournure fastidieuse que prenait la situation.
Lux au contraire, avait toujours baigné dans la conservation des secrets. Les renseignements, cela ne se divulguait pas en échange d'un gadget.
La visage d'habitude souriant de la jeune fille, s'endurcit assez vite.
Elle devait réfléchir vite, ou le vampire allait lui couper l'herbe sous le pied. Et là la chute était plus qu'assurée.

Et puis, elle restait un peu vexé par la remarque de Noramros sur l'argent. Elle vivait dedans, se baignant dans toute cette luxure apparente chaque jour, difficile pour elle de cracher dessus. Sans oublier qu'elle savait très bien que ses connaissances réelles étaient plutôt restreintes. Notions historiques quasi-nulles, quand à la culture et l'art, elle y était disons plutôt étrangère. Ce n'était pas vraiment le genre de chose que l'on apprenait à l'école des Renardeaux. Elle avait par contre des notions scientifiques de calculs sur le mouvement, probabilités de tirs à longue distances ou de tricher au casino discrêtement, connaissances médicales pour savoir comment tuer… Bref c'était là sa culture, nécessaire pour le vol, le meurtre et l'espionnage.
A côté d'un tel érudit, elle se sentait franchement idiote.

Quand à Asch, même s'il était un vampire, tout ça ne l'enchantait pas non plus, c'était un guerrier, pas le prince Iouri Tatline qui passait son temps à lire.
Les deux voleurs continuèrent pendant quelques secondes de se lancer des regards sceptiques.
Le vampire s'apprêtait à parler le premier, lorsqu'elle se déplaça devant lui l'empêchant de faire quoique ce soit.

- Voyez vous, annonça-t-elle au savant, on veut bien vous donner des renseignements, je n'y vois aucun problème, cependant je crois que vous avez mal compris quelque chose. Nous sommes justes des employé d'un hôtel. Un groom et un chauffeur. Que voulez vous que l'on sache de si précieux? Quel est l'alcool préfèré du conseiller de Rayan? Ou dans quel bar louche emmène-t-on le fils de Gallager? Je ne crains que nos renseignements ne vous soit pas d'une grande utilité. Même si nous baignions dans des trucs louches, ce n'est pas à très grosse échelle vous savez. Demandez toujours après tout.

Asch fut supris devant le discours de Lux. Ou avait-elle appris à mentir de cette façon? Elle donnait l'impression de croire à ce qu'elle racontait. N'importe qui ne la connaissant pas l'aurait cru sur parole. Non, rien a redire, elle était douée. C'en était presque effrayant. A se demander si on pouvait croire à tout ce qu'elle disait. Mais que cela fonctionne sur un taré comme l'autre, rien n'était moins sur.
Les deux voleurs attendirent avec impatience la réaction de Noramros

Les attitudes de la voleuse et de son acolyte vampire, et surtout la réponse de Lux face à sa question, égaillèrent la curiosité du savant fou. Il avait vu beaucoup de fourbes exercer leur art devant lui pendant la période trouble, il savait les reconnaître, mais ses deux là semblaient plutôt honnêtes. Néanmoins Lux semblait gênée par cette question, à la base plutôt anodine, même si elle avait été, il est vrai, très étrangement posée. Avait-elle quelque chose à cacher ?

Qui plus est, elle avait empêché Asch, par une manœuvre subtile, de répondre en premier à l'interrogation de Noramros alors qu'il s'apprêtait à le faire. Pourquoi cela, craignait-elle qu'il révèle quelque chose qui compromettrait au moins l'un d'entre eux deux ? Ce qui signifierait qu'ils seraient plus liés que le vieil homme le pensait.

Et puis, pourquoi insister sur leur métier, et leur rôle au sein de ce fameux hôtel. Il était décidément de plus en plus au cœur des interrogations de Noramros. Il fallait espérer que la chasse aux informations soit bonne de ce côté. Un groom et un chauffeur. Un chauffeur qui fait booster sa voiture pour participer aux tournois du colisée.

Pourquoi parler de secret touchant l'était tel que l'alcool préféré du conseiller de Rayan, et le bar du fils de Gallager ? Noramros ne voulait leur poser des questions qui ne les concernaient qu'intimement eux deux, et personne d'autres. Tout cela semblait décidément bien bizarre, en savaient-ils plus qu'ils ne semblaient vouloir le faire croire ?

Noramros prit de nouveau des notes sur une feuille de papier, puis releva la tête des toute sa paperasse. En même temps, il ouvrait un tiroir pour en sortir une sorte de planche à dessin crayonnée à la main, comme il en traînait plein partout dans le bureau de Noramros. Mais à la différence de la plupart des dessins de la maisonnée, ceux-ci ne représentaient pas un circuit hydraulique, ou un dessin technique d'automail, mais des portraits.

Il en déchira deux de son carnet, qu'il déposa sur son bureau, face à ses visiteurs. Il s'agissait de celui de Lux et de celui d'Asch. Noramros posa une main sur chaque portrait, et tout en avançant ce dernier vers son model, il dit d'un air presque psychotique :

- Rassurez-vous tout de suite, les questions que j'ai à poser ne concernent que ses deux personnes, et je prends votre réponse pour un oui. Vous reconnaissez-vous sur ses deux portraits ?

Les deux amis acquiescèrent de la tête, il se mit alors à regarder Asch, et lui demanda :

- Vous, Asch, vampire résidant au Volkona, pourquoi êtes-vous venu à la capitale alors que la politique de discrimination à votre égard se faite de plus en plus forte ?

Puis il se retourna vers Lux, et enchaîna directement avec sa seconde question, toujours sur le même ton :

- Et vous, Lux, comment expliqué vous que votre portrait ai été dessiné par mon ancêtre, sous le règne d'Heinrich von Laibach ?

Noramros sortit un bandeau de feuille munit d'une date qui correspondait parfaitement avec la découpe du portrait. Il se rendait bien compte de ce qu'il faisait, mais il avait déjà tout prévu, et c'était certainement le seul moyen de savoir. A cet instant, le téléphone sonna, Noramros le décrocha puis raccrocha, il attendait ses réponses…

Si Lux n'avait pas déjà un teint laiteux, elle serait devenu complètement transparente. D'habitude elle savait contrôlé ses émotions, mais là c'était beaucoup à encaisser.
Le visage parfait et régulier de la princesse Tatlina était étendu devant elle, pas de frange, des cheveux plus long et soyeux certes, mais pourtant, Lux en était l'exacte réplique.
La reine du mensonge eut du mal à s'en sortir sur ce coup là même si son visage restait impassif de stupeur. Elle lança un bref regard à Asch signifiant qu'elle avait besoin d'aide.
Le vampire, plutôt perspicace, s'empressa de prendre la parole afin de rompre le lourd silence.

- Vous avez raison, ma présence est assez étrange. Mais j'ai bien peur que si je vous révèle sa vraie nature, vous ne me prendriez plus au sérieux. Je suis le prince vampire héritier des Ielenko. A vrai dire, le Volkona n'est pas très sympathique en ce moment, et le sang d'humain se fait très, très rare. Disons que je fais juste du tourisme sanguin.

Il regarda Lux un instant et ajouta très sérieusement.

- J'ai trouvé à l'hôtel de très bon spécimen surtout que je ne tue pas, je préfère le sang frais prélevé sur un corps vivant… Et puis c'est donnant donnant vous savez, enfin sang contre sang je dirais même… Elizabeth est d'ailleurs mon esclave de sang en quelque sorte n'est-ce pas?

La jeune fille se retourna vivement vers le vampire, l'air satisfaite. Là au moins, il venait de leur sauver la peau, le tourisme sanguin était extrêmement répandu. En plus ce n'était pas totalement faux puisqu'il lui avait donné son sang. Il venait peut être de préserver la guilde avec son petit mensonge et surtout il venait d'expliquer le pourquoi de leur proximité et de leur gêne. En plus impossible pour Noramros de vérifier les traces de morsures sur Lux étant donné la veste montante de leur uniforme.

- Vous comprenez ma réticence à vous avouer la vérité, continua le suceur de sang.

Le savant semblait perplexe. Et apparemment il n'en avait pas fini avec eux. Il se mit à fixer Lux attendant probablement son mensonge.

- Quand à moi, déclara la jeune voleuse qui avait eu quelques minutes de répit pour préparer son speech, j'ai été adopté. Mon père Soma Kewell m'a trouvé dans les bas quartier de Kapen et honnêtement j'ignore pourquoi je ressemble à cette fille… Je suis peut être une de ces descendantes qui sait, ou alors c'est simplement un problème génétique, comment pourrais-je le savoir?

En réalité elle le savait plus que bien. C'était l'aspect le plus tragique de sa vie, être une autre. Asch avait très bien compris que le savant se doutait de quelque chose, lui même trouvait la ressemblance de Lux avec Kallen et Alice Tatlina beaucoup trop étrange pour être une coïncidence. Il y avait quelque chose que le patriarche et sa fille cachait.

Le vampire et l'humaine soutenirent le regard de Noramros comme de fier voleurs. De toute façon, au pire il les torturaient mais bon à la guilde on avait l'habitude de ce genre de… Contraintes.

Noramros avait été très déçu par les réponses de ses interlocuteurs. Presque vexées même. Il renonça finalement à placer ces deux visiteurs sur la route qu'il leur avait tracé. Enfin, pour le moment en tout cas. Il se recula légèrement de son bureau, tourna légèrement sur son fauteuil et réfléchie quelques instants.

Il se pencha tout d'abord sur le cas de Lux. Elle avait semblé, déstabilisée, lors de la question, elle qui avait l'habitude de prendre les choses en mains avait laissée son camarade répondre en premier. Quoi qu'il en soit, elle confirmait les informations récoltées jusqu'alors, ce qui était un bon point, il faudrait creuser. De plus, son émoi face à ce portrait prouvait bien la véracité des idées de Noramros. Son coup de bluff avait marché, son dessin avait fait mouche. Et les théories avancées par la jeune femme étaient d'office caduc. Elle semblait avoir oubliée à qui elle avait à faire.

Puis il s'attarda sur l'alibi du vampire. L'hypothèse du tourisme sanguin était à la base plus que plausible, le Volkona devait commencer à manquer d'approvisionnement entre la guerre et la fuite des humains. Mais pourquoi la capitale, certaines autres régions de l'Empire son bien plus discrètes. Et s'il désirait un nouveau bras mécanique, c'est parce qu'il compter rester en pays "chaud" un automail de la république ne servirait à rien au Volkona, au contraire, il serait nuisible à son porteur. Et puis, quand à sa prétendue gêne, lui aussi oubliait à qui il avait à faire. Et puis, il lui avait déjà avoué qu'il était un vampire. Et pourquoi essayé d'éviter la réponse avant de la donner ? La seule vérification possible sera d'apercevoir les marques de morsures sur le coup de Lux, mais Noramros n'y parvient pas.

Cette entrevue se retrouvait plutôt décevante pour le savant. Il ne pouvait pas en tirer grand-chose. Et le coup de fil indiquait qu'on avait besoin de lui, il devait partir au plus vite, mais sans laisser tomber ce qu'il venait de commencer avec Lux et Asch, de toute façon, tout était en marche maintenant.

Après cet instant de réflexion avait dû sembler des heures pour les deux acolytes, Noramros reprit enfin. Il ne regardait aucun de ses deux interlocuteurs, seulement un portrait fixé à son mur. Il leur dit alors, d'un air philosophique :

- Nous sommes en réalité constitués de trois entités : la personne que nous croyons être, celle que nous voudrions être, et celle que nous sommes vraiment. J'ai comme l'impression que vous m'aviez confiée la personne que vous voudriez être. Maintenant, entre une voiture et un automail, j'ai du travail. Nous continuerons cette discussion forte intéressante une autre fois.

Puis il se leva, et les raccompagna, comme si de rien n'avait été.

Asch et Lux se retrouvèrent alors sur le palier planté comme si on venait de les droguer et de les placer en terre inconnue.
Ils n'avaient pas vraiment eut le temps de comprendre la réaction du savant.
Les deux voleurs se décidèrent alors à rentrer à la guilde et de réunir la section Chess afin de voir ou en était la mission. Ils montèrent dans la voiture de l'hôtel, légèrement à cran après la dernière scène ou ils avaient plus subi qu'agi.

- Je crois qu'on l'a vexé, marmonna le suceur de sang en regardant machinalement par la fenêtre.

- En même temps tu voulais lui dire quoi?! S'énerva la jeune femme en appuyant violemment sur l'accélérateur faisant tressaillir son chef, "En réalité nous faisons partie d'une organisation de la pègre surpuissante installé dans quatre régions. Quand à moi, je suis le fruit d'une expérience malsaine visant à ressusciter la plus grande tueuse de cette organisation!"

Asch se retourna vers la petite blonde, l'air grave. Comme si elle venait de tout balancer d'un coup, comme si cette révélation farfelue pouvait finalement tout expliquer.
Voyant la réaction de son acolyte, Lux afficha un sourire de satisfaction.

- Je déconne Asch, assura-t-elle en riant, il ne faut pas croire tout ce que je dis tu sais… Sérieusement j'ignore pourquoi je ressemble à cette fille née il y a 250 ans. Je suis peut être une bâtarde de l'un des frères Tatline, simplement mon sang doit être très très dilué.

Le vampire ne sembla pas plus satisfait de son explication bien qu'elle soit probable. La famille Tatline était plutôt frivole lors des grandes périodes de prospérité. Mais là la ressemblance était… trop parfaite. Lux cachait quelque chose et malheureusement elle le cachait très bien.
Impossible de retrouver la vérité du mensonge dans ses paroles, l'intonation de sa voix, son attitude était toujours la même, qu'elle conte un fait réel ou qu'elle l'invente.

La voiture continua sa folle course dans les riches rues de Lagen tandis qu'un silence pesant commença à s'installer entre les deux voleurs. L'une était encore choquée par la vision de la gravure à son image tandis que l'autre continuait sa réflexion.

- Aufaite, dit alors Lux brisant le calme apparent, cette histoire de tourisme sanguin, c'était franchement une idée de génie.

- En réalité, ce n'était qu'un demi mensonge, j'espérais en arrivant ici, pouvoir croquer un ou deux humains typiquement d'ici. Ceux du Volkona ne fournissent pas un sang très appréciable. La guerre, et leur condition d'esclave de sang en sont à l'origine j'imagine.

Asch s'attendit à une réaction de répulsion de la jeune fille, après tout il parlait des humains comme des morceaux de viande, mais il n'en fut rien à son plus grand étonnement. Le visage de Lux restait souriant.

Se rendant compte qu'elle était fixée par le suceur de sang, cette dernière planta son yeux presque verts à cause du soleil sur Asch.

- Je crois que tu vas peiner si tu cherches à me choquer, conclu-t-elle avec un air malicieux, j'ai un père vampire, n'oublie pas, je connais vos "besoins", c'est même moi parfois pour lui faire plaisir qu'il lui ramène des humaines.

Forcément, vu comme ça, le petit discours du vampire paraissait bien fade.

- D'ailleurs, je me demandais si ton histoire d'esclave de sang avec moi, ce n'était pas une sorte d'invitation? demanda-t-elle alors sur un ton très sérieux toujours en soutenant le regard du vampire.

- J'ai bien l'impression que tu ne te rendes pas compte des implications de tout ça, maugréa le suceur de sang, je n'ai aucune envi que tu deviennes une junkee complètement dépendante de mon sang. C'est déjà assez dur à gérer pour moi alors je n'ai aucune envi de mêler la fille du boss à tous ça.

- Alors maintenant tu vas bien m'écouter! cria-t-elle vexée par la réaction de Asch, premièrement, au cas ou tu ne l'aurais pas remarqué je suis majeure, je fais donc ce que je veux et vu les activité de mon père je doute qu'il puisse me dire quoique ce soit à ce propos. Deuxièmement, là encore, tu dois le savoir depuis le temps, j'ai quelque petits soucis d'addiction avec les drogues, alors ça de plus ou de moins franchement! Et enfin, penses à tous les avantages que cela pourrait avoir, toi et moi on sera plus fort, plus efficace, et ce serait bien plus pratique.

Le discours de la petite voleuse n'eut pas l'air de fonctionner sur le vampire. Il resta de marbre et se contenta d'un vague signe de tête négatif en réponse.
Lux, qui sentait la colère monter en elle devant un tel refus, appuya de nouveaux comme une folle sur l'accélérateur, propulsant le véhicule vers l'hôtel.
Qu'est-ce que le vampire n'aimait pas chez elle? Son sang aurait un arrière gout d'opium? C'était ça le problème? Ou quoi… il ne buvait celui que des mannequins, ou princesse?
Elle ne lui adressa plus la parole du trajet évitant soigneusement son regard.

Code:

Quelques semaines plus tard

Tous les membres de la famille Aslanov, et même bien plus encore, étaient réunis autour de la table du salon. Lorsque l'heure du dîné avait sonnée, Andreï était réapparu au manoir, comme souvent. Kyra était monté chercher son oncle, mais il était apparemment trop pris par son travail pour descendre manger avec sa famille.
Aussi Kyra, Andreï et Adoster étaient autour de la table du salon, en train de déguster un succulent repas, tout en discutant des événements récents. Que se soit du nouveau président, ou bien des révoltes impérialistes, tout cela les inquiétait au plus haut point.

- Le nouveau président est un militaire, sa sent mauvais,les militaires n'ont jamais une bonne approche politique, se sont que des tyrans. S'insurgeait Kyra.

- Oui, et il est sur la bonne voie, vu les décisions qu'il prend. Remarquait Adoster

- Surtout qu'il dit assurer l'intérim en attendant l'élection d'un nouveau président par le peuple, mais il prend des décisions au long terme, et aucune pour en vue d'élections. Répondit Andreï.

- En plus ce sont les Liturges de Cassiel qui sont censés assurer l'intérim en cas de latence du pouvoir. Notait Kyra.

- Et quel est la position du réseau ?

Ding dong.
Soudainement, la sonnerie de la porte du manoir retentie. A cet instant tous posèrent leurs couverts puis ils se regardèrent dans le blanc des yeux. Tout le monde savait que personne n'était attendu au manoir aujourd'hui et qu'il était bizarre d'aller chez quelqu'un à une heure pareille.Tout cela était décidément très curieux. Ils ne savaient pas vraiment quoi faire.

Adoster se mit à trembler de peur, les situations d'imprévu ne lui plaisaient pas vraiment. Andreï ne savait pas quoi faire et restait assis sur sa chaise, alors Kyra se leva d'un seul mouvement et dit d'un ton brute :

- Bon, j'ai compris, j'y vais.

Et alors qu'Andreï s'enfermait dans son orgueil d'homme blesse, sa fiancée se dirigea vers la porte, en chargeant son arme dans son dos.
Elle ouvrait lentement la porte afin d'entrevoir ce qui se passait de l'autre côté, mais à sa grande surprise, il n'y avait personne. La situation semblait de plus en plus louche.
Elle sortit sur le palier en prenant bien garde à ce qui se trouvait de l'autre côté. Mais rien, personne. En faisant demi-tour, elle buta sur un paquet déposé au sol.

- J'ai trouvé un paquet sur le palier.

- Qu'est-ce que c'est ? Demandait son petit frère

- Je sais pas, j'arrive.

Elle revint à table en déballant le paquet :

- Il y a des lettres scellées par le réseau, ca doit être des instructions

En effet, il y avait plusieurs lettres qui portaient une marque étrange pour le profane, mais révélatrice pour l'initié. Puis en s'approchant, elle tendit une lettre à chacun :

- Il y a une lettre pour chacun d'entre nous.

Chacun ouvrit la sienne et la lue attentivement. Andreï prit la parole en premier :

- Nous allons assurer la liaison entre le réseau et la Toldanie pendant quelques temps. Je suis chargé de préparer le trajet.

Adoster était très surpris par sa lettre, il expliqua à son tour ce qu'on lui demandait :

- Je suis chargé de mettre en contact une personne importante avec le réseau, et de m'occuper de son action.

Andreï et Kyra se regardèrent d'un air mesquin et complice,comment allait-il s'en sortir alors qu'il était tétanisé il y a quelques instants, simplement parce que la sonnette retentissait.

- Et tu vas accepter? lui demanda sa grande sœur.

Tout en bombant le torse et en prenant un air sûr de lui, il répondit fièrement :

- Bien entendu, enfin une mission à la hauteur de mes talents !

Le couple se regardait déconcerté sans dire un mot pendant quelques instants. Puis soudainement, ils éclatèrent, dans un fou rire qui ne s'arrêtait plus.

- Non mais tu es conscient de ce que tu dis ? Tu claquais des dents parce que la sonnette a retenti, mais cette mission ne te fait pas peur ?! Bref, passons, espérons qu'il ne s'agisse pas de quelqu'un de si important que ca. Moi je dois me mêler aux bourgeois et me renseigner sur la prétendue survie de Rayan.

Kaya avait eu du mal à retrouver son calme, mais elle était passée du rire aux larmes en prononçant la dernière phrase de son discourt. Autant son petit frère avait le don de la faire rire, autant se mêler aux bourgeois n'était pas sa tasse de thé.
Adoster était vexé et faisait une moue presque fâchée tout en croisant les bras. Il se savait capable d'accomplir cette mission sans problème et ne supportait pas que ses personnes qui étaient censés être de sa famille, et qui auraient donc dues le soutenir, se moquent ouvertement de lui.
Andreï repartit dans un éclat de rire, après la petite plaisanterie de son beau-frère, sa fiancée devait maintenant faire ce qu'ils détestaient tous les deux le plus au monde : jouer les hypocrites avec ses emperlousées de bourgeois.

Après un repas de famille des plus mouvementé, Kyra avait directement pris la direction de sa chambre pour se préparer à accomplir sa mission. Elle commençait à se changer tout en grognant intérieurement. Devoir revêtir une tenue de soirée pour être bien habillée ne lui déplaisait pas. Contrairement à ce que l'on pouvait croire au premier abord, cette femme appréciait les tenues chics, les robes de balles et les ensembles classieux. Mais ses activités ne lui permettaient pas d'en porter aussi souvent qu'elle l'aurait voulue. Et elle appréciait aussi, il faut bien le dire, l'aspect pratique de ses tenues habituelles.

Non définitivement, ce n'était pas ca qui la dérangeait dans cette mission, c'était plutôt de devoir jouer l'hypocrite au milieu de ses riches bourgeois emperlousés, ca c'était au-dessus de ses forces. C'est pourquoi quand Andreï était rentré dans la chambre conjugale, il l'avait trouvé assise à sa console, en train de se débattre avec ses cheveux tout en lisant les fiches de renseignement concernant les bourgeois conviés à la soirée.

- Ha, mais quel abrutit, il croit que ses employés vont l'apprécier parce qu'il vient manger chez eux, franchement, ils ne savent plus quoi inventer. Raaa, salle mèche rebelle !

A cet instant, son fiancé avait délicatement ôté la brosse de sa main, avant de la déposer sur la table, puis il commençait à l'enlacé en passant son bras gauche autour de son coup, et en posant son menton sur l'épaule droite de Kyra. Ils se regardaient tous les deux indirectement, par l'intermédiaire du miroir lorsqu'Andreï dit d'un air presque mutin :

- C'est dommage que tu ne sois pas plus souvent invité aux soirées bourgeoises, ca me donnerais l'occasion de te voir si belle dans tes tenues d'apparat plus souvent.

Il y avait un air de déception dans la voie d'Andrïe que Kyra interpréta plus comme de la jalousie que comme un regret. Elle apprécia tout de même ce qu'elle prit comme un compliment et sourire tout en lui répondant :

- Tu sais bien que je fais ca pour le réseau, je n'ai absolument aucune envie de me coltiné ses abrutis toutes la soirée. Je me demande d'ailleurs comme je vais faire pour tenir si longtemps dans la même pièce qu'eux sans faire un carnage.

En disant cela, elle avait pris son pistolet qu'elle était en train de charger. On pouvait entendre le cliquetis du métal des balles qui entrechoquaient celui de l'arme. Il fallait bien assurer ses arrières, on ne sait jamais, surtout par les temps qui courent et qui plus est lorsqu'on fait partie d'un réseau clandestin. Et alors qu'elle glissait son pistolet dans son sac, son fiancé lui répondit d'un ton compatissant et encourageant :

- Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, de toute façon je suppose que tu ne serras pas la seule à faire partie du réseau.

Et alors qu'elle mettait ses boules d'oreilles et ses gants, elle lui répondit, déconcertée :

- Tu dois avoir raison. Bon. Il est temps. Je vais y aller.

Elle se leva, pris son sac et se retourna, tout ca dans un seul mouvement. Elle se retrouva alors à quelques centimètres d'Andreï. Ce dernier prit alors la parure qu'il lui avait offerte comme premier cadeau, et remarquant qu'elle irait parfaitement avec le reste de sa tenue, la lui passa autour du cou avant de lui dire :

- Il est temps d'y aller, tu vas être en retard.