Manoir Aslanov

Précédemment

Andreï avait dû traverser toute la capitale pour se rendre jusqu'au Manoir que la famille Aslanov se transmettait de génération en génération depuis des lustres. Il arrivait maintenant à la sortie de la ville, dans un quartier plutôt calme.

Au bout de la rue se trouvait une petite place. Dans un virage, se trouvait comme posé là par hasard, une sinistre propriété. Il s'agissait d'un manoir des plus lugubre auquel étaient accolés un atelier sur le flac gauche et une sorte de dépendance sur l'autre flac. Les trois bâtiments formaient comme un L avec une sorte de petite cour en son milieu et un jardin mal entretenu derrière.

Le tout était entouré d'un grillage en fer forgé qui s'ouvrait par un portail situé dans le virage de la rue. Le portail était adossé à des pilastres et sur celui de gauche, on pouvait lire sur une antique plaque recouverte de poussière : Noramros Aslanov, Ingénieur mécanicien, Spécialisé dans l'armement et l'équipement médicalisé. N'entrer que si cela en vaux vraiment la peine sous réserve de mauvais traitements.

Comme à chaque fois qu'il venait ici, un frison parcourrut le dos d'Andreï. Même avec l'habitude, et même s'il savait que l'intérieur des bâtiments était très accueillant, l'extérieur de ce manoir ne lui inspirait toujours pas confiance. Et pour cause.

Andreï poussa la grille du portail. Comme d'habitude, un grincement strident retentit à travers tous les environs. Puis il s'avança à travers l'allée jusqu'à l'atelier. Il aperçut Kira, toujours en train de bricoler. Elle hurlait :

- Haaa, saloperie de convecteur !! Et cette courroie merdique qui vient se coincer dans la vis du galet !!

La jeune femme balança alors un grand coup de clef à molette dans la pièce de mécanique avant de la reposer dans sa caisse à outils. Puis elle prit une clef de 12 et commença à détacher la pièce en question du reste du moteur et des autres parties de la mécanique.

Andreï arrivait près d'elle, il la prit alors dans ses bras et commença à l'embrasser. Kira se mit à sourire, mais dit tout de même d'un air enjoué :

- Arrête, tu vois bien que je travaille.

Andreï quelque peut vexé répondit alors avec humour, tout en la gardant dans ses bras :

- Tu sais que tu passes plus de temps sur ton vieux tacot qu'avec ton fiancé, c'est-à-dire moi ?

Il s'attendait à ce qu'elle lui dise qu'il exagérait, et qu'elle passait quand même plus de temps avec lui que sur son VanShip. Mais au lieu de ca, Kira repoussa Andreï et le menaçant de sa clef, elle s'énerva :

- Vieux tacot !! Nan mais tu te moques de moi ?! Ca, un vieux tacot !

Puis elle dit tout en désignant de l'indexe son VanShip :

- C'est un VanShip modèle SX54 biplace, 3 couples dont j'ai moi-même poussé la propulsion à un niveau inégalé ! En plus je viens de renforcer le réservoir avec un alliage léger qui bloque les balles traversantes !

Andreï était médusé par la réponse de sa belle, mais il commençait à être habitué. Elle était mordue de mécanique et il n'y changerait rien. Il se ressaisit et lui répondit :

- Vieux tacot ou non, j'ai les certificats, alors maintenant on va pouvoir passer aux choses sérieuses, si tu vois ce que je veux dire.

Un petit sourire narquois pointa sur la figure des deux compagnons de lutte. Ils étaient de nouveau sur la même longueur d'onde. Cette phrase amena une réminiscence à l'esprit de Kira :

- Tiens en parlant de ca, "ce soir à 18h00 tapantes, information dans la place."

Même si cette phrase restait un peu énigmatique, une expression de satisfaction pouvait maintenant se lire sur le visage d'Andreï qui rétorqua :

- Très bien, j'y serais !! Je te laisse, je vais prévenir l'ancêtre.

- Bien, mais je te rappelle qu'il s'agit de mon Oncle, alors évite de l'appeler comme ca s'il te plait.

Kira avait beaucoup de respect pour cet homme qui les avait élevés, son frère et elle, après la mort de leur mère.

Andreï quitta l'atelier et se dirigea vers le manoir proprement dit. Il frappa à la porte avant de l'ouvrir. Il déposa ses affaires et monta ensuite dans les étages jusqu'au bureau de Noramros. L'ancêtre, le vieux fou comme il l'appelait.

Fait inhabituel, aucun bruit, aucun cri ne se faisait entendre de derrière la porte. Andreï entra tout de même et aperçu le savant plongé dans des plans de membres mécanisés. Il se racla la gorge et dit avec respect :

- Hum, excusez-moi de vous déranger, je reviens des bureaux de l'administration civile avec votre certificat.

Noramros ne releva pas la tête et dis simplement en bougeant la main vers un emplacement vide sur son bureau :

- Très bien, posez les ici pour l'instant, je m'en occuperais plus tard.

Andreï surpris s'exécuta et sortit sans dire un mot. Une fois la porte refermée il s'arrêta et pensa :

- Bizarre… Il a réagi normalement, sans excès. Bon. Au moins c'est fait. Maintenant le petit frère.

Andreï descendit d'un étage et frappa à la porte de la chambre d'Adoster, le frère de Kira.

- Attendez 5minutes et entrer seulement si c'est intéressant, je cherche l'inspiration. Répondit Adoster de derrière la porte

Andreï traduit cette phrase par – attendez 5 minutes que je planque mon opium – halala les artistes, vraiment. Puis Adoster entrouvrit sa porte.

- Ha c'est toi, tu veux quoi. Riposta sèchement Adoster.

- Hey ! C'est bon, du calme pti frère. Je viens juste te donner ton certificat.

- Ha. Cool. Merci. Rétorqua Adoster par saccade avant de refermer la porte et d'hurler à travers elle : Et ne m'appelle pas pti frère !! Je ne suis même pas encore ton beau-frère !!

- Ha quelle famille de fou. Pensa soudainement Andreï.

Il sortie sa montre à gousset, 17h55. Le jeune homme descendit les escaliers du manoir quatre à quatre, sortit de la propriété et se rendit sur la place en face. Il s'agissait d'une sorte de petit square, avec des bans doubles profitant de l'ombre apportée par les arbres, il y avait aussi une poubelle, une cabine téléphonique.

Ne sachant pas comment l'agent de liaison du groupe de résistance allait se manifester, Andreï s'assit sur un ban double, entre la poubelle et la cabine.
18h00, le téléphone sonne, il s'y précipite et entant simplement "P22L10". *Bip Bip Bip…*

- Pff, ils ne peuvent pas faire plus simple !! Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire. Hum, voyons.

Andreï cherchait la solution de ce code. Il regardait autour de lui.

- Le téléphone : les chiffres et lettre du téléphone public ? Non impossible. Ha ! Un annuaire : Page 22 Ligne 10 ? Pourquoi pas.

Il saisit le bottin et l'ouvrit à la page 22 :

- Bingo ! Un papier rédi…gé. Pff encore illisible tel quel. Voyons voir, ligne 10 : GRUE Jacinthe 4 rue des Cailloux 498.537.149.

En observant les lettres écrites un peu partout, Andreï se rendit compte qu'il fallait surement plier le papier pour pouvoir lire le message. Mais plier de quelle manière ?

- Grue, Jacinthe, Cailloux. Grue ! Mais oui, la grue est un animal symbole de liberté.

Une fois le pliage effectué, le jeune homme pu lire :
Restaurant le jardin de Luren, terrasse extérieure, demain 8h30 commander un café avec d'un nuage de lait et un sucre accompagné d'un spéculoos et d'une madeleine.

- Quoi ?! Mais c'est quoi ce délire ?! Je n'aime même pas le café. Arf, en plus je ne connais pas mon contacte. Au moins avec toutes ses précautions, on ne se fera pas choper !

Puis Andreï reposa l'almanach et froissa le papier qu'il mit dans sa poche avant de rentrer au manoir.

Il s'installa dans sa chambre qui était aussi celle de Kira. Déplia le papier froissé dans sa poche et appris par cœur la commande qu'il devait passer " un café avec d'un nuage de lait et un sucre accompagné d'un spéculoos et d'une madeleine. "

Puis il craqua une allumette pour bruler le papier dans un cendrier. C'est à cet instant que Kira arriva dans la chambre. Elle s'assit à côté de lui et mis son bras sur son épaule :

- Alors ?

- Demain j'aurais les informations. Je trouve qu'ils prennent beaucoup de précautions.

Le lendemain Andreï se réveilla de bonne heure et de bonne humeur. En regardant à côté de lui, il se rendit compte que Kira dormait encore. En même temps il était encore tôt.
Andreï était plutôt impatient de connaitre la mission qui allait lui être confiée. Avec toutes les précautions prises, cela devait être important.

Il se leva doucement et commença à s'habiller en prenant garde de ne pas réveiller sa fiancée qui pouvait être d'une humeur massacrante lors qu'on l'extirpait de son paisible sommeille.

Puis il commença à traverser la pièce tout en se remémorant une dernière fois les instructions : terrasse extérieure, un café avec d'un nuage de lait et un sucre accompagné d'un spéculoos et d'une madeleine.
Mais un dernier détail dérangeait Andreï : la commande.

- Si le serveur apporte vraiment se maudit café, j'en fais quoi moi ? Je déteste le café ! Il est or de question que j'ingurgite ce maudit liquide !
Je suis sûr qu'ils l'ont fait exprès. J'avais bien précisé sur la fiche de renseignement "déteste le café" ! C'était le seul renseignement utile, mais non !
Il ne reste plus qu'à espérer que ce soit le garçon de café mon contact.

Andreï enfila sa veste, mis son chapeau et pris son porte-document. Puis il jeta un œil à sa montre à gousset :

- 7h45, je suis en avance.

Il connaissait déjà ce restaurant puisqu'il se situe à trois rues des locaux de son entreprise de transport.

Alors qu'il ouvrait la porte du manoir il lança un joyeux :

- Bon j'y vais ! Bonne journée !

La nuit avait été plus rude pour Lux. Elle était d'abord passé au Colisée pour voir de ses yeux ce qu'il en était de ces courses soit disant extraordinaires. Aucune déception, elles étaient réellement spectaculaires, du grand art aux yeux de l'espionne complètement admirative: des morts, des explosions... En tout cas le chef de l'état savait y faire pour interesser son peuple.
Entre temps elle avait discuté avec d'autres conducteurs, partagé avec eux quelques substances illicites ainsi que quelques tuyaux de méthodes pour effectuer un dérapage contrôlé.

Elle savait au fond d'elle qu'elle aurait du rentré à la guilde se coucher mais la perspective de se retrouver nez à nez avec une vampire complètement agressive l'avait fait changé d'avis assez vite.

Elle se remit donc en quête d'un nouveau mécanicien.
Il était clair que sa voiture était certes très puissante mais elle était loin de posséder des mitraillettes planquées sous le capot ou même des piques sur les jantes pour percer les pneus du voisin ou encore un blindage extérieur...
Les courses qu'elle avait l'habitude de faire ne prenait en compte que la vitesse et franchement là c'était un nouveau défi qui s'offrait à elle.

La jeune espionne se rendit à l'adresse qui lui avait été conseillé par le groupe de voleur. Arrivée sur place, elle gara sa décapotable devant les grilles et lit le panneau. Rien de très engageant tout cela... C'était à se demander si le client était réellement le bienvenue.
Enfin vu son comportement, elle ne pouvait guère se permettre ce genre de commentaires. On ne l'appelait pas Lightning Lux pour rien.

Il n'y avait personne aux alentours et la grille était ouverte, elle décida donc d'entrer directement dans la propriété.
La cour était plutôt sobre. On ne pouvait pas dire que le décor sautait
aux yeux... Elle qui appréciait les objets voyants comme tous les voleurs... De toute façon, elle n'avait pas besoin d'un paysagiste mais d'un mécanicien, pour la carrosserie et l'esthétique de sa voiture, elle s'en occuperait personnellement.
Elle arriva devant la porte du manoir apparemment fermée. Que faire, attendre...entrer ? Au moins elle serait fixée...
De toute façon, Lux n'était pas très patiente... Elle n'allait pas attendre l'heure d'ouverture règlementaire, ce n'était pas son genre...

Au moment ou elle s'apprêtait à pousser la porte, cette dernière s'ouvrit
brusquement laissant apparaitre un jeune homme criant quelques banalités
derrière lui.

Lux fit un bond de deux mètres en arrière tant elle fut surprise.
Puis comme si elle s'était mise en mode automatique, elle prit une position
défensive utilisée par les espions : la main droite sur son pistolet, le regard en alerte, les jambes fléchies prêtes pour courir ou esquiver.
L'homme se retourna, prenant conscience de l'espèce de demi folle qui trônait en face de lui, mais il était trop abasourdie pour répondre.
Lux toujours en position, prit la parole la première.

- Qui es-tu, toi?! cria-t-elle sans le lâcher du regard.

Elle réfléchit alors quelques secondes, examina sa cible de plus près, puis
reprit ne lui laissant même pas le temps de répondre.

- Mais, je te reconnais... tu es l'enfoiré qui m'es rentré dedans à l'administration... Essaye pas de me la faire à l'envers, tu bosses pour
les Eberhard, c'est ça?!J'imagine qu'il n'ont pas du digérer le petit coup de la dernière fois, alors il envoie quelqu'un me liquider... Les aurais-je sous estimé...?

Le pauvre Andreï ne comprenait absolument rien à ce que cette hystérique dangereuse au visage de gamine pouvait bien raconter.
Lux croyant qu'il ne répondait pas parce qu'il acquiesçait, sortit soudainement son pistolet et tira dans la porte à deux centimètres du
visage du jeune homme.

- Tu vas parler oui ou non?! hurla-t-elle de nouveau, ou la prochaine je t'assure que la balle finira dans ta tête!

Andreï avait à peine eu le temps de se retourner dans l'intention de fermer la porte qu'il apercevait déjà une jeune femme en furie. D'habitude il adorait cela, les jeunes femmes en furie, mais là c'était différent. Déjà parce qu'elle lui avait tiré dessus et puis de toute façon, maintenant il était fiancé. De plus elle était trop jeune pour lui, quoi que, enfin bref.

Par réflexe, lors qu'elle tira son coup de feu, il brandit sa mallette sur la trajectoire de cette dernière et la prépara pour la suite des événements. Il la prit de façon à pouvoir rapidement cacher la partie de son corps qu'elle viserait.

En un quart de seconde, l'expression de son vissage était passée de la plus joviale à la plus consternée. Il se dit même :

- Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ca ! J'ai même pas encore reçu mon ordre de mission et je me fais déjà tirer dessus ! Toutes ses précautions n'auraient finalement servi à rien ?

Il cherchait à comprendre ce qui lui arrivait et pensait alors :

- Aurais-je été découvert ? Non, ils auraient plutôt profité de l'occasion pour faire sauter toutes la barque puisque nous y étions tous réuni. Et quand bien même je les aurais gênés en sortant, je serais déjà mort. Il doit s'agir d'autre chose.

Puis il se souvint tout à coup de la scène au bureau de l'état civil. Cette jeune femme qui lui était rentrée dedans, c'était retournée vers lui avant de repartir sans dire un mot.

Lux lui paraissait de plus en plus étrange. Il en vint même à penser qu'elle pourrait faire partie de la famille Aslanov, dégantée comme elle était.

Puis il tenta de déchiffrer ce qu'elle venait de dire :

- "Enfoiré" : pas très aimable ni bien élevée. Si elle avait eu la même éducation que moi je me demande ce que ca aurait donné vu mon propre caractère. "Les Eberhard" ? Mais c'est qui ceux-là ? Jamais entendu parler. Et puis, que fait-elle ici ?

Il répondit alors à cette étrange énergumène, d'une seule traire, en faisant redescendre son taux d'adrénaline qui était monté en flèche après le coup de feu :

- Hey mais c'était toi au bureau ? C'est toi qui es rentré dans leur petit jeu sadique en t'énervant et c'est toi qui m'es rentré dedans !! Si tu avais pris tout ca à la légère on n'en serait pas là !

Puis il se remit d'aplomb, repris ses esprits et dit calmement, d'un ton quelque peut paternaliste :

- Moi je veux bien parler, mais de quoi veux-tu qu'on parle ? De tes Eber-machin-chose ? Je ne sais pas de quoi tu parles. Je bosse à mon propre compte. Ni dieux ni maître, tu vois ? Et puis baisse ce jouet, il est chargé, et si tu casses quelque chose je vais me faire tuer moi. De toute façon ce sera plus pratique pour parler non ?

Andreï tendit la main vers elle pour jauger de sa réaction, vis-à-vis de son arme surtout. Mais il ne s'arrêtait pas pour autant de parler :

- Tu es venu ici pourquoi ? Tu veux parler avec le vieux fou ? Si c'est le cas, je crois que vous allez bien vous entendre !!

En parlant de lui, Noramros avait entendu le coup de feu et était aussitôt descendu, un fusil à la main. Il avait admiré le début de la scène sans bouger et c'était maintenant confortablement installé sur une chaise qui traînait là. C'était une bonne occasion de tester le futur mari de Kira, chose qu'il adorait faire …

Là, Lux était en pleine hallucination. D'une part parce que l'homme venait de traiter son pistolet calibre 45 qu'elle avait améliorée elle même de « jouet » et d'une autre part elle avait la ferme impression qu'il la prenait
pour une débile...

Et puis quelle moulin à parole... Finalement il était peut être tout simplement niais.

- Un chose est sure, déclara-t-elle en le toisant, toi tu n'es ni un tueur à gage ni même un tueur tout court... Les Eberhard auraient mieux choisi sans aucun doute. Je doute qu'ils soient si inconséquent tout de même.

Elle trouvait même tellement le danger écarté qu'elle rangea son arme directement dans son bandoulière de cuire. Et quand Lightning Lux rangeait son arme cela signifiait réellement que dans son esprit le niveau de danger était nul.

Son intérêt était maintenant tourné vers l'homme plus âgé au cheveux grisonnants qui venait de faire son apparition. Déjà, il avait bon goût en matière d'arme: son fusil était d'une très bonne facture. La jeune femme se demanda même un instant si ce n'était pas un de ses anciens fusils qui
valaient une fortune...


C'était sûrement lui l'homme qu'elle cherchait, le vieux fou d'après l'autre énergumène. De toute façon elle avait déjà perdu trop de son temps avec ce dernier.


Elle passa alors juste à côté d'Andreï sans même lui décocher un regard, le dépassa et s'avança jusque devant celui qui devait être Noramros Aslanov.

L'homme n'avait pas bronché la regardant s'approcher. L'attitude de Lux était de nouveau complètement contradictoire, elle avait faillit descendre Andreï sans oublier de l'insulter et maintenant elle s'adressa au propriétaire avec le plus grand respect.

- Je vous prie de m'excuser pour tout ce raffut, c'était un simple malentendu apparemment. Je n'ai pas pour habitude de tuer les honnêtes gens. Je me présente, je m'appelle Lux et l'on m'a assuré pour vous pouviez faire du très bon travail sur mon voiture. C'est un cabriolet Lucky modèle John Clay... Elle a besoin disons de renforcements... qu'en dites vous? Naturellement je vous paierais en conséquence...

De tout façon, ce serait l'argent de la guilde, songea-t-elle satisfaite.

Andreï fut plutôt surpris, mais aussi satisfait, par la réaction de cet étrange personnage. Il avait été plus facile, de la détourner de ses idées premières et meurtrières qu'il ne l'avait pensé. Maintenant qu'elle avait compris qu'il ne lui voulait aucun mal, il était hors de danger. Qui plus est, elle semblait l'ignorer à présent, ce qui l'arrangeait bien : il avait autre chose de plus important à faire.

Lorsque Lux prononça ca première phrase, Andreï pensa :

- Même s'il est vrai que je déteste tuer, tu seras surprise de savoir ce que je peux faire tel que tu me vois, jeune innocente. Après tout, tant mieux, c'est quand on ne le voit pas qu'on est le plus en danger. Si en plus de l'effet de surprise je bénéficie de l'initiative, je serais gagnant.

Puis il regarda sa montre à gousset et de dit :

- Et merde, maintenant je vais être en retard ! C'est pas possible ca !

Puis il se dirigea d'un pas sûr vers le lieu de rencontre convenu avec son informateur, sans prendre garde à la discussion qui s'engageait entre cette inconnue et Noramros.

Il avait cependant eu le temps de remarquer qu'elle se dirigeait vers le mécanicien et il avait aussi compris que l'ancêtre avait assisté à toute la scène, un fusil à la main, mais sans rien faire. Lux aurait pu lui tirer dessus, il n'aurait pas levé le petit doigt.

- Quel ingrat, je suis quand même le fiancé de Kira, sa nièce ! Pensa intérieurement Andreï.

De son côté, Noramros était entré dans une immense colère intérieure lorsque l'étrangère avait rangé son arme, mais il avait réussi à la maitriser. Elle n'avait été perceptible que par un minime sursaut du muscle de sa paupière gauche. Il se disait :

- Nan ! Nan ! Nan mais nan ! On n'arrête pas un si beau spectacle en plein milieux ! Cela ne se fait pas ! Elle en a fait trop ou pas assez ! Quelle frustration !

Lorsque Lux s'approcha, Noramros se leva de sa chaise, se dressant majestueusement en face d'elle. Puis il scruta son regard à la recherche d'indices révélateurs. En même temps qu'elle parlait, il ouvrit rapidement de grands les yeux, avant de les refermer presque aussitôt de moitié sans pour autant bouger de sa place.

Il l'écoutait sans réagir, restant comme inactif pendant cinq minutes puis il se mit soudainement en action. Il fit un quart de tour sur lui-même, puis s'adressa à Lux qui était maintenant dans son dos. Il ne la regardait pas, et montait les étages du manoir jusqu'à son bureau :

- Suivez-moi je vous prie, Mademoiselle je présume. Celui qui vous a renseigné c'est moqué de vous, ou bien alors il fait partie des derniers gens honnêtes et lucides de ce monde, c'est à vous de voir.
En effet, la réputation qui m'est faite dans cette ville, et qui reflète d'ailleurs parfaitement l'opinion commune que l'on a de moi dans ce pays, est celle d'un vieux fou qui ne travaille plus avec personne depuis que ses derniers travaux qualifiés de grotesque – il s'agissait de recherche sur une alternative à la "résurrection" – lui ont été dérobés, soit disant par un groupuscule qui ne supportait pas qu'un, je cite " simple être humain comme lui ( donc moi, vous suivez ? ) se prenne pour Luren " fin de citation – mais je suis persuadé que le complot vient de plus haut – …

Tout en disant cette dernière phrase il désignait le plafond de son index. Lux leva d'ailleurs la tête et aperçu simplement des poutres décorées par ce qui semblait être une satire des gouvernants.

Noramros avait dit tout cela en un temps record, sans regarder Lux, et sans reprendre sa respiration, ce qu'il faisait à présent. La jeune femme qui n'avait pas pu en placer une, en profitait alors, mais lorsqu'elle ouvrit la bouche, il reprit :

- … et se repose donc sur ses créations prodigieuses, mais passées. Oui sans vouloir me vanter, je suis à l'origine de la plupart des grands concepts qui ont permis l'avancé spectaculaire de la mécanique ces vingt dernières années. Pour ne citer qu'un exemple, l'ingénieux système qui permet de traduire les informations nerveuses en impulsions mécaniques, c'est de moi. Il faut quand même prendre conscience que c'est grâce à cela que les automails fonctionnent ! Donc dans un sens, il est normal pour quelqu'un comme moi de trouver ennuyeux la plupart des projets que l'on me présente voyez-vous ?

Les deux compères entraient à présent dans le bureau de Noramros. Il s'agissait d'une grande pièce meublée par de nombreuses bibliothèques remplies d'ouvrages diverses et variés. La plupart traitaient d'un sujet attrayant à la mécanique, l'armement ou la médecine, certains étaient même signés par Noramros lui-même. Il y avait aussi un grand bureau, un fauteuil et trois chaises entouraient une table basse rectangulaire…

Le savant fit alors une imperceptible pause dans le fil de ses propos, le temps de faire entrer Lux dans la pièce et de refermer la porte. Une fois que cela fut fait, il repartit de plus belle :

- Asseyez-vous, je vous en prie.

Noramros s'installait derrière son bureau tandis que Lux prenait place dans le fauteuil.

- Non, pas ici, c'est le fauteuil du chien.

Elle vint alors s'asseoir sur la chaise située en face de Noramros, de l'autre côté de son bureau. Ce dernier croisa ses bras sur son bureau et posa sa tête par-dessus. Son visage était à quelques centimètres de celui de Lux. Il reprit alors sa conversation là où il l'avait laissée, mais son ton devint très différent. Pausé, calme et réfléchi :

- Bref, revenons-en à ce qui vous amène ici : votre voiture. Et bien, je vais accepter votre offre. Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce qu'il y a bien longtemps que je n'ai pas mis les mains dans le cambouis. Mais aussi parce que je n'ai pas donné dans le domaine automobile depuis mes débuts en mécanique. Et pour finir, parce qu'avec vous, tout reste à faire.
Une Lucky modèle John Clay ? Hum, moteur trop lourd pour la puissance qu'il fournit, transmission peu efficace, manque de couple. A bien y réfléchir, seule la carcasse doit être belle à regarder. Enfin pour vous, je suppose.

Puis il releva la tête de ses bras, scrutant le regarde de Lux.
Tout à coup, la jeune femme vit les bras de Noramros s'abattre vers elle. Elle eut à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait que déjà, sa tête se trouvait entre les mains du savant qui lui dit alors :

- Ne nous serions nous pas rencontré ailleurs auparavant ?

Là, cette entrevue devenait presque mystique. Peut être avait-elle trop pris de drogues au Colisée et en subissait encore les effets hallucinatoires... Impossible de le savoir.
Elle se contenta de répondre simplement à la question, réalité ou non. Elle saisit les mains du savant et les écarta doucement de son visage.

- Je doute que ce soit le cas, où il est clair que je m'en souviendrai... répondit la jeune femme en regardant l'air déjanté du personnage, d'une autre part je ne crois pas que ce soit le sujet le plus important... Revenons en à nos moutons, voulez-vous...?

Ah là là... songea la jeune femme, ces savants avaient une trop grande proportion à s'égarer facilement. Elle préféra le lancer tout de suite sur ce qui l'amenait ici.

- Ecoutez, j'ignore si l'on s'est moqué de moi en m'envoyant ici mais vous m'avez l'air assez compétent pour effectuer les améliorations dont j'ai besoin. Je vais aller droit au but, je voudrais participer aux courses du Colisée et pour cela, et j'imagine que vous êtes d'accord ma petite Lucky a besoin de vos services...

Elle saisit son sac bandoulière de cuire noir et en sortit quelques papiers, puis les tendit à Noramros.

- Voici tous les papiers de ma voiture, elle a 3 ans et je l'ai acheté à Cazialstava, mieux vaut ne pas connaître son passé avant qu'elle ne tombe entre mes mains. Bref vous y trouverez également la plupart des améliorations que j'ai faites poser et croyez moi ou non, elle n'a plus grand chose à voir avec le modèle d'origine. Son accélération a été multiplié par trois, quand à sa vitesse de pointe, elle file aussi vite que le vent... je dirais que les gros problèmes reste la suspension et pire encore la boite de vitesse qui un peu... Hum... disons "râpeuse". Quand à la carosserie, moi je la trouve très jolie! ajouta-t-elle légèrement vexée.

Elle fouilla de nouveau dans son sac pour prendre un carnet et un crayon, toujours sous le regard insistant de Noramros.

- Pour le moment, tout ce que je veux savoir, c'est le prix que cela va me couter... A ce propos, navrée pour le trou dans votre porte... Surtout que ma belle balle calibre 45 n'a servi à rien... Dire que je les avais faits venir spécialement de Lieningen par le marché noir et que ça m'a couté un mois de salaire...dit-elle tristement, je vous assure que l'autre abruti n'a pas intérêt à me croiser! Bref, pour le prix de la réparation, rajoutez le moi sur la facture...

Noramros fut piqué au vif par les réponses de son interlocutrice. Aussi ce fut sur un ton quelque peu contrarié qu'il lui dit ceci :

- Compétent pour effectuer les améliorations dont vous avez besoin est un euphémisme vexant. Je suis capable de réaliser ce que vous me demandez là dans la plus pure des perfections et en un temps record. Mais je ferais même bien plus que vous ne pouvez seulement l'imaginer.
Si vous voulez vraiment participer aux courses du Colisée, vous allez en effet avoir besoin de mes services. Le plus dure sera de trouver un juste milieu. Oui si je ne perfectionne pas assez votre futur bolide vous allez mourir trop rapidement et si je le perfectionne trop vous n'aurez plus d'adversaire à votre hauteur et vous vous ennuierez. Je relève le défi !

Noramros feuilleta ensuite les documents que lui tendait Lux. Rien d'extraordinaire, les défauts de la Lucky avaient en effet été amoindris. Il prit une nouvelle chemise et les y rangea.

- Les suspensions et la boite de vitesse vous dites ? Bien je vais commencer par là dans ce cas. Ensuite je changerais tout le reste, en commençant par le plus urgeant. Ne vous en faites pas, je ne toucherais pas à l'aspect extérieur de votre voiture. C'est vous-même qui vous chargerez de ruiner votre belle carrosserie.

Le savant afficha alors un grand sourire et prit une feuille de brouillon qui traînait par là. Il griffonna rapidement quelques chiffres, résolut des calculs, puis il reprit :

- Pour ce qui est de l'argent, hum et bien, cela ira chercher loin, dans les … disons 650 000 couronnes je pense. Pour commencer. Vous pouvez suivre ?

La somme était impressionnante, mais pas surévaluée étant donnée ce que Noramros comptait faire avec cette voiture.

- Quand à ma porte, elle en a vue d'autre ne vous inquiétez pas. Par contre, vous m'avez laissé sur la faim. Je commençais à peine à m'amuser quand vous avez capitulé. Dommage. Je pense que nous en avons terminé ? Laissez-moi-vous raccompagner.

Ils descendirent rapidement les escaliers et une fois sur le pas de la porte Noramros se contenta de dire d'un ai songeur :

- Vous me rappelez pourtant quelque chose.

Le savant continua de fixer la jeune femme pendant un court laps de temps, attisant de plus en plus la curiosité de Lux à son égard.

- Je vous assure que je ne vous ai jamais vu auparavant... Je n'oublie jamais un visage, déclara-t-elle en saluant Noramros.

Elle avança dans la cour pavée, s'arrêta en plein milieu et lui lança ses clés de voiture l'air attristé, puis reprit:

- Je vous la confie... Surtout prenez en bien soin! Vous n'avez pas besoin de me contacter, je repasserai dans deux jours pour voir où en sont les avancés et pour vous verser un acompte.

Elle préféra ne pas dire qu'elle habitait à l'Hôtel du renard Masqué, cela pouvait éveiller les soupçons, même si faire une filiation jusqu'à la guilde était quasiment impossible sans réelles ressources. A la rigueur, on pourrait découvrir qu'elle est la fille du directeur, mais cela n'avancerait pas à grand chose.

En parlant du directeur, il fallait qu'elle lui annonce la somme astronomique dont elle avait besoin pour sa voiture... Chose également très difficile... enfin surtout d'en sortir vivant. Là elle se demandait si elle préférait se retrouver face à la vampire de sa chambre ou à un Soma furieux. Cruel dilemme.

Elle parcourut quelques rues, retournant dans le centre de Lagen, puis héla un Taxi pour retourner à la guilde des voleurs.
La fatigue commençait à se faire ressentir. Le temps de rencontrer sa colocataire de chambrée était arrivé à son plus grand désespoir. Au moins elle avait jusqu'à 18 heures pour se reposer avant son rendez-vous avec le patriarche... qui s'annonçait plutôt mouvementé en réalité.

Noramros rattrapa les clefs de la voiture au vol et les rangea dans sa poche tout en disant :

- Ne vous inquiétez pas, elle est entre de bonnes mains maintenant. Je vais m'en occuper, malgré la même apparence extérieure vous aurez du mal à croire que c'est la même voiture que vous conduisez !

Puis lorsqu'elle fut assez loin, il adressa un regard insistant au jardinier de son voisin, et tout en passant la main dans ses cheveux, il hocha la tête. L'employé de maison se mit alors à prendre discrètement Lux en filature.

Noramros pensa alors tout haut :

- Tu as beau dire, je suis certain de te connaitre. Tout de toi me rappelle quelque chose : ta physionomie, ton caractère ...

Puis il y eu comme un éclaire de génie dans l'esprit du savant. Il se précipita dans son bureau, ouvrit un coffre caché et en sortit une gravure. Il resta un long moment devant, encore tout ébahie, il en tomba des nues. Les yeux grands ouverts, il finit par dire d'un ton abasourdi :

- Non, ce n'est pas possible ca ne peut pas être elle …

Puis en une fraction de seconde, il changea radicalement d'expression. Il se releva et dit d'un ton enjoué, un grand sourire aux lèvres :

- Après tout, pourquoi pas !

Il se dirigea ensuite vers son bureau, pris des feuilles de plan et de quoi faire des dessins techniques, quelques livres. Posa le tout sur sa planche à dessin et commença des schémas de moteurs. Il lui manqua rapidement des éléments.

Aussi il sortie du manoir, et alla jusqu'à la voiture de Lux. Il entra dedans afin de la garer dans l'atelier, quand il se rendit compte de l'état déplorable dans lequel la jeune femme avait laissé la banquette. Il prit alors un bout de tissu qui lui sembla propre et commença à énumérer :

- Bouteilles de vodka vide, zestes de citron, trace d'opium, traces de sang, à qui pourrait-il avoir appartenu ? Et tiens, des bonbons … Après tout, rien de plus logique.

Dit-il d'un air à chevale entre l'ironie et le sérieux le plus absolu et avant d'entrer dans une hilarité si caractéristique des savants "fou". Puis il se calma et reprit :

- De toute façon, c'est ce qu'il y a sous le capot qui m'intéresse.

Il se remit alors au travail …

Précédemment

Quelques heures plus tard, Andreï arriva à bord du véhicule blindé au manoir. Il entra dans la cour puis il se gara entre le VanShip de Kira et une étrange voiture qu'il ne connaissait pas. Il prit sa mallette puis descendit du véhicule. Tout en observant d'un air curieux cette mystérieuse voiture, il dit à sa fiancée :

- Kira, on va avoir du travail. A qui est cette voiture ?

Celle-ci lui répondit d'un air désintéressé, elle préférait se concentré sur sa tâche, en effet elle était en train de remettre le moteur de son VanShip en place. C'était comme remettre du fil dans le chat d'une aiguille :

- Ho ! Rien, c'est à une cliente de Noramros, c'est son nouveau projet.

Et alors qu'elle allait changer de sujet de conversation, Andreï surenchérit d'un ton moqueur :

- En espèrent pour qu'elle que ce projet ne finisse pas comme le dernier, volé et détruit, haha. C'est criminelle de mettre une si belle voiture entre les mains d'un fou tel que lui.
Quand même, faut pas avoir peur !

Kira commençait à se crisper. Elle laissa le moteur en place et se retourna vers Andreï. Elle avait l'air furieuse, il avait beau être son fiancé, elle n'appréciait pas qu'il se moque de son oncle de la sorte. Or cela arrivait de plus en plus souvent ses derniers temps.

- Je viens de te dire que c'est son projet, il ne va pas le faire exploser comme ca, pour le plaisir, au contraire, il va en prendre soin. De toute façon ca ne te regarde pas, je n'aurais même pas du t'en parler !

La jeune femme était maintenant définitivement déçue par l'attitude de son fiancé vis-à-vis de Noramros. Elle fit une moue dubitative, réfléchie quelques instants et ce rendit compte qu'il n'avait pas totalement tort finalement, elle ajouta alors dans un murmure :

- Enfin, j'espère …

Avant de changer rapidement de sujet :

- Et alors, on a une mission ?

Le visage du chef d'entreprise s'illumina alors. La perspective d'une mission à accomplir pour la résistance les changerait des transports de touristes bourgeois qui craignent de prendre une balle entre leur villa d'été au bord de la mer et leur chalet d'hiver.

- Va chercher ton frère, et viens dans le salon. Je vais tout vous expliquer.

- J'arrive tout de suite !

Kira se dirigea vers la chambre d'Adoster pendant qu'Andreï étalait tous les documents sur la table du salon.
Elle tambourina à la porte à plusieurs reprises :

- Adoster, sort de là, j'ai quelque chose d'important à te dire !

Une petite voix mal réveillée, à peine perceptible de derrière la porte, mais assez pour en saisir la mauvaise humeur tenta difficilement d'articuler après un grognement :

- Humm, arrête de frapper bon sang, j'ai mal à la tête, j'arrive !

Kira continuait de marteler la porte de la chambre du pauvre artiste jusqu'à ce qu'il entrouvre la porte. Il avait très petite mine, des yeux rouges et une peau des plus pales :

- Voilà, voilà, j'arrive, quoi, tu veux quoi ?

La physionomie de Kira changea alors, exprimant sa déconcertassions. Elle le fixa deux minutes afin de le faire culpabiliser et murmura :

- Je voudrais que tu arrêtes avec ca ! Bon, mais en attendant, nous avons une mission, alors dépêche toi, tu te fais une tête potable et ensuite tu rappliques dans le salon, et plus vite que ca. Nous t'attendons.

Cinq minutes plus tard, les trois membres de l'équipe Shooting Star étaient réunis autour de la table sur laquelle figuraient les plans, la mission, les fiches signalétiques, les documents officiels, etc. La pièce était sombre, éclairée par une unique lampe faiblarde.
Andreï prit alors la parole :

- Bon, voilà, trajet Lagen – Saransk à vide puis Saransk – Lagen avec le colis.

Il prit le dossier consacré à Asch et l'ouvrit sur le portrait qu'il montra à Adoster puis à Kira avant de leur faire passer l'ensemble. Puis lorsque Kira commença à épluché ce dossier, il reprit :

- Asch Ielenko, prince vampire, activement recherché par l'AAV, caractère solitaire. Nous devons le ramener vivant à Lagen en passant inaperçu.

Andreï prit alors les dossiers sur Ustinov et Ardalion.

- Notre couverture : un transport de laine volkonène. L'éleveur se nome Peter Ustinov, apparemment, il ne devrait pas pauser de problème. L'acheteur est Daniil Ardalion, il faudra se méfier de sa langue fourchue.

Il procéda avec les deux dossiers comme il l'avait fait avec le premier. Quand soudainement, Adoster le coupa d'un air affolé :

- Un instant, concernant Asch, je lis dans son dossier qu'il fut élevé dans la haine des humains. Et que l'activité principale de son métier consiste à en tuer … Il n'y a pas un petit problème là ?

Andreï éclata de rire, puis après avoir réussi à se reprendre il dit d'un ton rapide puis sérieux.

- Ca te pose un problème ? Tu as peur ? Tu peux abandonner tu sais. La résistance a besoin de tout le monde, peu importe l'histoire des hommes, s'ils sont unis pour la même cause ils …

Kira préféra couper cour à cette dispute enfantine avant que cela ne dégénère.

- STOP ! La question n'est pas là. Il a besoin de rentrer à Lagen, il ne va pas tuer ses passeurs, ca ne lui servirai à rien et lui mettrait même des bâtons dans les roues. Donc il ne nous tuera pas.

Les deux autres n'avaient pas eu le temps de réagir et ne pouvaient qu'être d'accord avec le raisonnement de Kira. Aussi Andreï passa à la suite.

- Bien, maintenant les moyens. Je propose de prendre le VLB et le VanShip. Le double fond du Véhicule blindé servira à cacher le colis et le VanShip nous couvrira. Nous maintiendrons un canal radio brouillé constamment ouvert. Armement léger pour véhicule et homme, il faut être discret, mais prêt à faire face à toute éventualité, une fois dans la zone de combat, tous ceux que nous croiserons nous prendrons pour leurs ennemis, alors il faudra faire très attention.

Adoster se mit à rire puis dit d'un ton ironique à Andreï :

- Haha, et bien je vois que tu as potassé le sujet beau-frère !

- Oui, il y en a qui font autre chose que de s'amuser ici, mais il reste un dernier détail à régler, le trajet en lui-même.

Kira s'était emparée des cartes détaillants les trajets entre Lagen et Saransk aussi elle décida de prendre les choses en main et dit :

- Cela veut dire qu'il me faudra voler à basse altitude et pas loin de vous. Mouai, je pense que le canal devra être rompu à quelques occasions quand même.
En ce qui concerne notre itinéraire, la route directe entre la capitale et Saransk est trop surveillée, mais les points de contrôles sont à peu près toujours les mêmes. Il suffira de faire des détours à ses barrages. Il y a quatre points de contrôles hypothétiques en tout. Pour le premier, il faudra prendre un petit sentier cabossé à découvert, pour le deuxième, il faudra s'enfoncer dans une forêt, le troisième a l'air inévitable, espérons qu'il ne soit pas actif au moment de notre passage.

Tout en expliquant cela, elle désignait de son indexe les chemins dont elle parlait. Kira prit ensuite les cartes détaillées de Lagen et de Saransk. Avant de reprendre sa réflexion à voix haute :

- Pour Lagen, pas de problème, on connait, on est "connu". Pour Saransk, ca se corse, on ne connait pas cette ville dans laquelle règne le chaos. Soit on prend le parti de la ligne droite, soit on évite les zones les plus dangereuses.

Kira réfléchie un instant avant de demander :

- Vous en dites quoi ?

C'est alors qu'Andreï et Adoster répondirent en même temps et respectivement :

- On y va en ligne droite !

- On évite les zones à risque !

Un petit sourire narquois s'accrocha sur le visage de Kira :

- Bon, trouvons un compromis. Nous arriverons par ici, la route est large et à découvert, personne ne tenterait rien, jusqu …

Elle promena son doit sur la carte en suivant un chemin

- … ici ! A partir de là, ca devient dangereux, nous contournerons donc se bloque jusqu'ici, traverserons celui-ci et en prenant ce chemin, nous arriverons directement au lieu de rendez-vous.

Andreï était plutôt fier du travail de sa fiancée, il se contenta malgré tout de dire :

- Parfait, dans ce cas, je crois que tout est dit, nous avons encore la soirée pour potasser à fond les dossiers et mémoriser un maximum d'information. Demain nous préparons le matériel et nous partons.

Dès le lendemain matin, après avoir passé la soirée à bucher sur les dossiers, tout le monde se mit activement au travail. Tandis que Noramros continuait ses esquisses pour la voiture de Lux dans son bureau, Kira armait son VanShip dans l'atelier. Elle remplit les chargeurs, fixa les bombes, connecta le brouilleur d'ondes radios et fit le plein. De son côté, tout était prêt.

Andreï quant à lui préparait le véhicule blindé. Il arma la tourelle avec un fusil semi-automatique de précision, il passa un coup de chiffon dans la cache qui abriterait Asch, fit le plein et mis en place le système de communication brouillé. Puis s'adressa à Kira :

- On va enfin pouvoir s'amuser !! C'est notre première mission.

- Oui, mais il va falloir se montrer à la hauteur et ne pas faire de connerie alors calme toi et reste concentré. Surtout que je vais devoir me tenir à l'écart de Saransk. Si je tourne au-dessus ca va pas le faire, je vais me faire remarquer et je risque de me faire abattre.

- Ca veut dire quoi ca exactement ?

- Et bien, je rentre dans Saransk un peu avant vous et lorsque vous chargez le colis, je vais me poser dans une clairière environnante.

- Ca veut dire que la liaison sera coupée pendant ce laps de temps ?!

- Oui et lors du contournement du point de contrôle par la forêt aussi, je serais obligé de voler haut et la liaison sera coupée, ou alors non sécurisé.

- Mais il faut que l'on reste en contact, si jamais l'un de nous a un problème !

- Tiens ! Tu ne t'inquiétais pas autant hier quand Adoster parlait des dangers !

- Oui mais … c'est différent.

- Tu as surtout toi aussi peur, mais de perdre ton soutien aérien sans lequel tu n'as plus aucune visibilité sur ce qui t'attend ! Et plus aucune couverture. Tu te retrouves seul face au danger !

De son côté, Adoster avait nettoyé et chargé toutes les armes à feu de la fine équipe. Surtout des armes de poings, mais aussi quelques fusils et autres armes lourdes. Il arrivait dans le garage juste au bon moment, avec tout l'équipement du trio de choc, armes, munition, mais bien d'autres choses encore.

- Bon voilà, tout est prêt je pen…se.

Adoster eu la surprise de trouver les deux compères en pleine explication. Mais la fierté d'Andreï lui interdisait de laisser croire à Adoster, ce petit artiste sans envergure qu'il y avait de l'eau dans le gaz, mais aussi que Kira avait raison et surtout ! Qu'il avait tort. Il fit alors comme ci de rien n'avait été et dit subitement :

- Bien dans ce cas, on finit de tout charger et checkup complet avant le départ.

Et en effet, une fois le checkup effectué, ils partirent en direction de Saransk. Kira aux commandes de son VanShip, Andreï au volant du véhicule blindé et Adoster dans la tourelle. Les armes étaient prêtes à tirer lorsqu'ils sortaient de Lagen …

Normarmos était resté si concentré dans son bureau situé au premier étage du manoir, qu'il ne s'était même pas rendu compte du départ de toute la petite famille. Il faut dire que son nouveau projet le prenait très à cœur. Faire tenir un équipement permettant à cette voiture de rivaliser avec les bolides du colisée relevait déjà du prodigue, mais s'il fallait en plus laisser la carrosserie intacte, là ca devenait carrément un miracle. Mais c'était justement ce défi qui avait intéressé le génie.

De toute façon il commençait à être habitué. Entre les allées et venus incessantes d'Adoster qui n'en faisait qu'à ca tête – quel petit insupportable celui là – et les fréquents convois de la D&A T, il lui arrivait souvent de se retrouver tout seul dans cet immense manoir.

De plus, les départs se faisant souvent de façon précipités et impromptues, il n'était jamais mis au coutant. Heureusement, il pouvait toujours compter sur la compagnie de ses plus fidèles compagnons. Son chien, qui n'était d'ailleurs pas là. Noramros en déduit donc qu'il devait être en train de chasser les lapins dans les jardins du voisinage. Mais aussi un magnifique perroquet nommé Du Guesclin.

Mais ce n'était pas le moment de s'amuser. Une course se préparait au colisée, Lux n'allait pas tarder à revenir constater les modifications, et rien n'était fait. Le savant multipliait calculs, dessins techniques et recherche afin d'arriver au meilleur effet possible ...

- Non, non, non, ca ne va pas !! Ce moteur prend trop de place ! Il faut réduire le carburateur. Mais comment, comment cela est-il possible. Ca ne peut pas être elle, il manquait une étape essentielle au processus de création. Et même moi je ne l'ai pas trouvée. Ha voilà ! J'ai trouvé.

Noramros descendit si rapidement jusqu'à l'atelier qu'il n'eut même pas le temps de s'apercevoir du départ de toute la famille. Il démonta tout ce qui se trouvait sous le capot, observa quelques instants l'espace vide, les câbles, la disposition des pièces et s'écria :

- Enfin ! J'ai trouvé, mais pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt. Kira m'en voudra certainement, mais au moins, j'aurais rempli mon contra.

Puis il se mit immédiatement au travail. Son plan consistait en faite à booster les capacités d'un moteur de véhicule lourd de l'armée grâce à des pièces de VanShip. Pour gagner de la place, Noramros remplaça toute la tuyauterie par des conduits souples, mais plus résistant, ce qui permettait d'en réduire l'épaisseur et donc le diamètre. Mais se posait alors la question de la stabilité, pour cela, Noramros, changea les suspensions, de toute façon, Lux le lui avait demandé. Mais une dernière question se posait :

- Mais qui peut être dernière tout ca ? Après tout, pour avoir réussi dans cette folle entreprise, il fallait avoir eu accès à l'original. Avoir réussi, non seulement à obtenir, mais aussi à comprendre mes recherches, et enfin le plus dur, avoir réussi à les concrétiser.
Tout cela n'a pus être fait que par une personne extrêmement intelligente, qui bénéficiait de beaucoup de moyens, et surtout, de beaucoup d'argent.

Noramros, d'habitude si détaché des événements qui se déroulaient autour de lui, à tel point que certains le pensaient dépourvu de cœur et seulement capable d'éprouver des émotions lors du développement de ses projets, semblait cette fois-ci très préoccupé. Il fronçait les sourcilles lorsqu'un nombre affolant de questions se précipitaient dans son esprit :

- Sait-elle seulement qui l'a fait, et comment ? Sait-elle seulement ce qu'elle est ? Comment refroidir tout ca, le moteur et le module vont chauffer bien plus que ceux d'origine ? Non, réflexion faite, un homme seul ne peut y arriver, il doit s'agir d'un organisme ou alors de plusieurs personnes qui se sont entraidées à cette fin.

Mais un vacarme assourdissant le sortit soudainement de ses sombres pensées. Les cris d'un homme et les aboiements d'un chien se faisait entendre dans le voisinage habituellement si calme. Noramros pensa tout à coup :

- Mon chien ! Je ne l'ai pas vu depuis un moment.

Le savant se précipita aussitôt sur la place située en face du manoir. Il eut la surprise d'y voir son chien assis en face d'un milicien. Il le dévisageait de son regard le plus noir et lui aboyait après, ce qu'il l'effrayait au point de le paralyser.

Un grand sourire s'afficha sur le visage de Noramros. Cette arpette de seconde zone avait la peur de sa vie à cause d'un simple chien. S'il racontait cela à la caserne, tout le monde se moquerait de lui. Aussi Noramros put se faire un petit plaisir en rappelant son chien de la sorte :

- Au pied Président !

Le chien continuait de grogner tout en adressant de regards insistants à son maître. Le mécanicien rappela à nouveau son chien, mais cette fois-ci avec plus d'insistance, lui faisant sentir que maintenant, il lui fallait vraiment revenir :

- Rayan ! J'ai dit au pied !

Le chien grogna une dernière fois puis se rendit bien sagement au pied de son maître. Qui le caressa quelques instants avant de rentrer avec lui dans le manoir.

Kira arrivait au manoir familial à bord de son VanShip. Comme d'habitude, elle se posait d'abord sur la partie amovible du toit de l'atelier qui avait spécialement aménagé pour Cela. Elle descendit ensuite son VanShip jusqu'à l'atelier de travail.

Cet aller retour entre Lagen et Saransk avait été très utile. Il avait servi de teste pour Kira. Elle avait en effet pas mal travaillé afin de combler les défauts de son bolide. Mais si calculer les améliorations que ses modifications allaient entraîner, il était plus dur d'en estimer les effets secondaires. Pour cela une seule solution, le teste grandeur nature. Grace à ce trajet, elle avait pu expérimenter l'effet de ses dernières modifications sur le VanShip. Elle allait maintenant pouvoir corriger les derniers défauts qu'ils avaient entraînés.

- Alors, le module thermique accélère l'endurance de la poussée d'accélération, mais il affaiblie l'équilibre, il faudrait trouver un moyen de palier à cela. Je pense qu'en contrebalançant le module thermique avec un fixateur magnétique cela devrait suffire.

Kira chercha, en tendant sa main dans son dos, les différentes pièces qui allaient composer le futur fixateur magnétique, mais à sa grande surprise, elle ne sentit rien sous sa main. Elle se retourna alors, et à sa grande surprise, rien, absolument rien. La table était presque vide, il ne restait plus que quelques boulons, certaines visses, mais plus important, la plupart des éléments mécaniques qu'elle avait laissé là avaient disparus.
Kira regarda autour d'elle afin de les retrouver, mais rien, ils n'étaient nulle-part. Son regard se posa alors sur la voiture de Lux, elle pensa soudain :

- Nan, il n'aurait quand même pas fait ca ! Il en est bien capable portant.

Elle entra dans une colère rouge, sera ses poings de toutes ses forces. Si l'explication qu'elle avait trouvée se révélait être la bonne, cela n'allait pas en rester là. Comment avait-il, ne serait-ce que pensé à avoir rien que le début du commencement de l'idée de commettre ce sacrilège. Elle hurla alors, à en perdre la voix :

- Noramros !! Viens ici tout de suite !! J'attends des explications !!

Ce dernier accouru tout d'abord aussi vite qu'il put. Il descendit les marches quatre à quatre, et lorsqu'il aperçut sa nièce, il se mit alors à marcher vers elle d'un pas sûr et tranquille, une main dans la poche. Une fois en face d'elle, il s'appuya de son autre main sur l'établi de l'atelier, il croisa les jambes et dit d'un air plus que détaché :

- Ha tient, tu, tu es là toi ? Vous êtres rentré ? Votre petite excursion s'est bien passée ?

Kira ne prit même pas attention à son attitude, elle n'écouta pas non plus ce qu'il avait dit d'ailleurs. Elle était dans un tel état de nerf qu'elle préféra aller droit au but et ne pas s'encombrer de détours inutiles, surtout avec quelqu'un comme lui :

- Où sont passées toutes mes pièces mécaniques, toutes les pièces de rechanges du VanShip ? Qu'en as-tu fait ?!!

Noramros décroisa les jambes, se retourna et amena Kira jusqu'à la voiture de Lux. Une fois devant, il était très inquiet, mais faisant tout pour le cacher, elle ne s'en rendit pas compte. Il dit alors à Kira avec ses habituels airs de savant fou : son extravagance, ses gestes très amples, ses yeux grands ouverts, etc. Sa voix se promenait entre sur toute la gamme, passant des sons les plus aigus aux plus graves, tout cela dans le seul but d'essayer de limiter la casse :

- Suit moi, je vais te montrer, en tant que mécanicienne tu devrais apprécier le génie de ce petit bijou !!

Il ouvrit alors le capot de la voiture, dévoilant un ingénieux système inédit permettant de faire tenir dans un espace aussi exigüe tout ce qu'il fallait afin de propulser cette petite voiture à la vitesse de l'un des bolides du colisée. Il avouait aussi son acte impardonnable aux yeux de Kira : cet ingénieux système était composé d'élément initialement prévu pour êtres montés sur le VanShip …

Elle était verte de rage, prête à l'étriper. D'ailleurs, si ce n'avait pas été lui qui l'avait élevé après la mort de sa mère, elle serait certainement en train de le faire. Comment avait-il osé commettre se sacrilège ? Non seulement il avait utilisé ses pièces sans rien lui dire, mais en plus, pour les mettre sur une voiture ! Elle n'en revenait pas. Elle était ébahie au point d'en être paralysée.

- Nan ! Nan, mais comment as-tu pu me faire ca !! J'en ai besoin moi de ses pièces !! Et puis, tu as greffé des pièces de VanShip sur une Voiture !! Tu te rends compte !! C'est un sacrilège !! Et puis de toute façon …

Noramros perdait patience, après tout, ce n'était pas si grave que ca. Sa nièce avait toujours eu une certaine facilité en ce qui concerne la dramatisation des situations, elle ne faisait que démontrer ce don, une fois de plus. Il la coupa et commença lui aussi à s'énerver :

- Oui bon ba ca va ca va. On va pas en faire tout un plat. Je te rembourserais tes pièces, ne t'en fait donc pas pour ca. De toute façon c'est trop tard, j'ai adapté toutes les entrées, sorties et formes pour pouvoir l'intégrer au circuit déjà existant de la voiture.

- Là n'est pas la question ! C'est l'acte de départ qui me gène, tu as fait tout ca sans te soucier de mon avis, sans me demander mon avis et sans m'en avertir !

Tout le monde avait fini par se calmer, le ton de la conversation était redescendu. Kira commençait à pardonner et Noramros commençait à avoir l'air prêt à s'excuser, mais au lieu de ca il dit :

- Et sinon, votre petite balade s'est bien passée ? Vous auriez pu me prévenir quand même ?

C'est cet instant que choisit Adoster pour annoncer la bonne nouvelle à toute sa petite famille. En effet, il arrivait du Palais Gouvernemental à l'apogée de la dispute qui faisait rage entre Noramros et Kira. Il n'y prit même pas garde et s'écria alors qu'il entrait dans le manoir :

- Vous savez quoi ? Je vais peut-être travailler pour notre cher Président !

Kira, entre l'irrespect dont avait fait preuve son oncle et le manque de discernement et de réflexion d'Adoster dans la prise de cette décision insensée, était à bout de nerf. Elle n'en pouvait plus et éclatait :

- Comment ? Attends, tu, tu peux répéter s'il te plait j'ai pas bien entendu ?

- Le Président propose un mécénat pour les artistes volontaires, et bien j'ai postulé.

- Si, j'avais bien entendu. Nan mais tu es fou ou quoi ? Je te rappelle que tu es, et nous aussi par la même occasion, dans la résistance. Si tu travailles pour le président, nous serons certainement.

Kira était prête à tuer quelqu'un, elle se demandait si ca ne tenait qu'à ces deux là ou bien si c'était de famille. Et si c'était cela, pourquoi ne lui avait-on jamais dit qu'elle avait été adoptée. Adoster, lui de son côté trouvait cette idée géniale et murement réfléchie, deux minutes environs, c'était déjà plus que d'habitude, et surtout, il était sobre pendant ses minutes ci, et tentait donc d'argumenter :

- Oui mais je ferais gaffe ! Et c'est un risque à prendre, c'est une chance unique de pouvoir approcher le Président et le Palais Gouvernementale de si près ! Grâce à cela je vais pouvoir m'infiltrer plus facilement et donner des informations utiles au réseau !

Cette discussion était une aubaine pour Noramros qui y voyait là l'occasion de se faire oublier auprès de la colère de Kira. Aussi il avait écouté la dispute entre le frère et la sœur sans rien dire. Mais là, il ne put s'empêcher d'intervenir, au risque de se dévoiler :

- Il faudrait peut-être en parler à vos responsables non ?

Kira fut surprise par l'intervention de son oncle, et surtout par sa sagacité. C'est en lui lançant un regard noir qu'elle lui répondit :

- Si tu ne pouvais qu'avoir des idées aussi sages. Je pense que ce sera le seul moyen de nous départager. En plus, la décision sera murement réfléchie et difficilement discutable, tu en dis quoi petit frère ?

L'artiste fit une moue dubitative, il savait que le Groupuscule hésiterait à prendre cette décision qui risquait de faire tomber une équipe de la résistance. Mais il ne pouvait qu'accepter cette décision. Le seul autre moyen qu'il voyait pour prendre cette décision, c'était de tirer à pile ou face et après la dernière phrase de Kira, c'était hors de question. Aussi il se contenta d'un timide :

- Moui, ca ira bien. De toute façon aie-je vraiment le choix ?

- Non, en effet tu ne l'as pas ! Nous attendrons leur décision.

Quelques jours plus tard …

Andreï arrivait au domaine familial à l'heure du dîner, comme à son habitude. Cette entrevue avec les bourgeois l'avait mis hors de lui, devoir s'abaisser à leur niveau de bassesse et de lèche botte, quelle insulte. Mais cette rencontre avait aussi été bénéfique, grâce à cela, il allait pouvoir obtenir le laissez-passer tant désiré. Les convois allaient de nouveau pouvoir êtres acheminés sans problème et surtout, la résistance pouvait continuer de compter sur lui. Il allait pouvoir assurer d'autres missions, et après le teste concluant du Volkona, il y en aurait surement d'autres, et des plus intéressantes.

De son côté, Noramros avait fini d'améliorer la motorisation du bolide de Lux. Il était maintenant capable de rivalisé avec les autres véhicules qui couraient habituellement au Colisée. Et même bien plus encore, mais serait-il capable de résister à une telle puissance, telle était la question. Qui plus est, les pilotes de l'arène étaient connus pour s'aider de petits gadgets très utiles pour ce qui est de mettre hors circuit les adversaires. Aussi, à l'aide des esquisses qu'il avait réalisé tout en améliorant la voiture de Lux, il traça des dessins techniques afin de prévoir les parties à renforcer, mais aussi pour pouvoir mettre au point des petits gimmicks de son cru.

Mais l'heure du repas sonna, l'interrompant dans des idées. Il descendit alors dans le salon pour souper en compagnie d'Andreï qui venait d'entrer dans le manoir, de Kira qui revenait de la ville, et d'Adoster, qui quittait sa chambre dans lequel il s'était livré à ce qu'il désignait comme "un processus destiné à faciliter l'épanouissement de son esprit créatif". Toujours est-il qu'ils se retrouvaient tous autour de la table du salon, sur laquelle, à la surprise de tous, ou presque, se trouvait une lettre, à l'emplacement habituelle d'Adoster. Ils se jetèrent tous des regards inquisiteurs dans un silence investigateur, jusqu'à ce qu'Adoster le rompe :

- Qui m'a déposé cette lettre ?

Kira, Andreï et Noramros répondirent tous en cœur :

- C'est pas moi !

- En plus je n'ai vu personne n'est rentré dans le manoir pendant que vous étiez partis.

Repris Noramros sur un ton posé et suggestif, avant que le visage d'Adoster s'illumine lorsqu'il répondit enjoué :

- Ce doit être la réponse du réseau !!

A cette évocation, Kira se souvint de la discussion plutôt houleuse qu'ils avaient eue auparavant et espérait que le groupuscule ne donnerait pas suite à cette demande qu'elle jugeait hasardeuse. Mais elle réalisa bientôt qu'Andreï n'était pas au courant de l'affaire. Aussi décida-elle de la lui expliquer. Elle se retourna vers lui pour lui dire :

- Tu ne connais pas la dernière ? Mon abrutit de frère a postulé pour le mécénat présidentiel et propose de faire l'indic là-bas pour la résistance. Il est complètement fou !!

Andreï était plus que surpris, il écarquillait de grand yeux rond et éclata de rire. Adoster se sentit vexé par cette attitude et jeta un regard noir à celui qu'il considérait comme un parasite. Une fois son calme repris, le chef de D&A T reprit la conversation :

- Lui ? Il a fait ca ? Tout seul ? Il ne s'est pas rendu compte des risques qu'entraînait son initiative et ensuite, il avait trop de fierté pour revenir en arrière, c'est ca ?

Adoster maudissait de plus en plus cet être qu'il trouvait maintenant abject. Kira sourie car elle se rendit compte que l'analyse de son fiancé était parfaite. Puis elle reprit en se tournant vers l'artiste :

- Tu vois petit frère, tu n'aurais pas dû faire ca, c'était complètement stupide. Alors laisse tomber et continue à nous aider pour les transports comme avant. Tu es un très bon tireur, mais côté espionnage et discrétion c'est pas trop ca. Je te rappelle que quand on était petit et qu'on espionnait les parents dans leur chambre, c'est toujours toi qui te faisais griller en premier.

Adoster n'osait même plus ouvrir la lettre, pour peu qu'elle leur donne raison, il était foutu. Il s'était assis sur sa chaise, croisant les bras en affichant une moue dubitative. Mais à sa grande surprise, Andreï vint à son secourt, il regardait Kira en désignant d'un indexe le petit frère de cette dernière :

- Au contraire, il serait très utile, dans le palais gouvernemental et en plus, c'est une chance inouïe de pouvoir être au plus prêt du président. Même si cela comporte des risques, il faut en profiter et sauter sur l'occasion ! Les risques sont maîtrisables !

Kira n'en revenait pas. Non seulement son fiancé la contredisait devant toute la famille, mais en plus, c'était pour soutenir son petit frère. C'était du jamais vu, elle était hors d'elle.

- Mais tu te rends compte de ce que ca implique au moins ?! On devra redoubler de vigilance, aucune mission d'importance ne nous sera plus jamais confiée !! Si cet abruti ce fait découvrir, nous tomberons surement avec lui. Et tôt ou tard ca arrivera !!

Adoster avait la bouche béante, mais jusque là aucun mot n'en était sorti. En somme, une expression de stupéfaction était apparue sur son visage. Il finit par se reprendre et en coupant Kira s'exclama :

- Attend attend. Andreï, tu, tu me défends là. Tu es sûr que tout va bien ?

Andreï se retourna vers lui, et les yeux pleins de malice il lui dit :

- Ne te méprends pas, ce que tu as fait est stupide. Tu aurais dû nous prévenir avant, pour qu'on puisse mettre des sécurisées en place, mais maintenant que c'est fait, autant en profité et continuer.

Pour tout ce qui concernait l'implication du trio dans la résistance, Noramros ne faisait d'habitude qu'observer, quand on lui en donnait l'occasion. Personne ne devait savoir qu'il en faisait partie, même pas eux. Surtout pas eux. Mais il fit quand même une toute petite exception. Il se plaça entre Kira et Adoster, écartant ainsi volontairement Andreï de la discussion, puis plaçant ses mains sur leurs épaules, il dit:

- Ecoutez, vous aviez convenu de vous en tenir à ce que dirait cette lettre, alors faites-le.

Kira connaissait la réputation prudente du conseil et paria sur une attitude sécuritaire et une fin de non recevoir. Elle savait aussi que son petit frère tombait à chaque fois dans le panneau quand il s'agissait de bluffer. Aussi, elle joua le coup de poker et tendit la main vers son frère en signe d'approbation puis répondit simplement :

- Je m'y suis engagé, je m'y tiendrais.

Mais du fait du soutient qu'il venait de recevoir de la part de son oncle et de son hypothétique futur beau-frère, Adoster se sentait poussé des ailes. De toute façon, au point où il en était, impossible de faire marche arrière. Et si la lettre le confirait, ce serait une grande victoire pour lui. En somme, il n'avait plus grand-chose à perdre, et tout à gagner. Aussi prit-il la main de sa sœur, lui adressa un grand sourire narquois et lui dit :

- Pareil pour moi, je me tiendrais à la décision du conseil. Je l'ai dit, je le ferais, tant pis si c'est non.

Il prit alors le message, mais à cet instant, toute forme de courage s'évanouit. L'idée même qu'il pourrait s'agir d'un "non" s'imposa dans son esprit comme seule réponse envisageable, et malgré le soutient des hommes de la maison, il ne trouvait plus la force d'ouvrir cette lettre. Il essaya tout de même de faire bonne figure et la tendit la lettre à sa sœur en lui disant d'une voix hésitante :

- Heuu, tiens, ouvre là, à toi l'honneur, grande sœur.

Kira, étonnée par cette attitude n'eut pas le temps de remarquer la gêne de son frère. Elle prit donc naturellement le billet, l'ouvrit lentement, et se mit à le lire à voix haute :

- Cher Darkeyes, le Conseil c'est réuni afin de discuter à propos de votre proposition…

Chacun interpréta ce début de phrase dans son sens. Kira se dit qu'ils commençaient déjà à s'excuser, les autres interprétèrent cette formulation comme un début de félicitation. Kira passa sous silence le reste des palabres et recommença à lire lorsque ca redevenait intéressant. Au fur et à mesure qu'elle réalisait ce qui se passait, ca mine devenait de plus en plus livide :

- … en conséquence de quoi, elle marquait une pause, nous avons l'honneur, elle le sentait vraiment mal là, l'honneur de vous informer qu'après étude de votre proposition, ils n'en finissaient pas, le Conseil acceptée votre infiltration auprès de la Présidence ...

Kira n'en revenait pas, les autres non plus d'ailleurs. Elle en laissa tomber ses bras ballants et la lettre par terre. Comment les membres du Conseil avaient-ils pus accepter, eux qui étaient ordinairement si précautionneux ? C'était impensable. Maintenant, Adoster allait vraiment prendre des risques et elle n'y pourrait plus rien. Cette idée la rongeait.

De son côté, l'artiste éclatait de joie. Il avait enfin réussi à fermer le claper de sa sœur, depuis le temps qu'il en rêvait. En plus on lui donnait l'occasion de se rendre utile pour la révolution. Il était aux anges. En se retournant vers Andreï, il ba lui dit :

- Hey, mon frère, tape m'en cinq !!!

Andreï le regarda d'un air dubitatif, fronça les sourcilles et lui répondit :

- Je t'ai déjà dit que ce que tu as fait est stupide. Tu as eu beaucoup de chance qu'ils acceptent. D'ailleurs je ne comprends pas trop non plus. En prononçant cette dernière phrase, il adressa un regard chaleureux à Kira, avant de reprendre. Alors ravale ta fierté. Maintenant que tu as l'accord, tout te reste à faire. Soit digne de la confiance qu'ils ont placé en toi. Et ca, ca va être dure.

Ce discourt avait quelque peu refroidit Adoster, mais ne l'atteignit cependant pas dans sa joie. Quel rabat-joie se dit-il simplement. Il ramassa la lettre par terre, tout le monde s'assit et le reste du repas se déroula dans une ambiance des plus morose...

Le lendemain, Lux s'était dirigé vers la chambre du vampire comme convenu. L'ennui c'était que la plupart des regards se tournèrent vers elle pour une raison qu'elle tentait d'oublier… Apparemment Lane avait vraiment fait la commission à toute la guilde.
La prochaine fois, elle donnerait Rendez vous à Asch dans le Hall c'était plus sur. Et elle irait menacer Lane à coup de fusil aussi... C'était plus sur. La grande perche de Kaya avait surement raison en un sens, un messager ça ne savait rien faire d'autre que transmettre des messages.

Arrivée devant la chambre, elle n'eut même pas le temps de frapper à la porte que le beau vampire était déjà sorti.

- J'ai entendu le bruit de tes talons dans le couloir, s'expliqua-t-il devant le regard abasourdi de la jeune femme.

- Fais moi penser de ne jamais braquer un vampire… marmonna-t-elle.

Asch esquissa un bref sourire et tous les deux rejoignirent le hall dans leur tenue de groom. Le plan convenu entre eux était simple. Asch étant plutôt voyant, il avait pris des médicaments restrictif pour le vampirisme. Ils prirent l'une des voitures de l'hôtel, protégé par les contrats signé avec l'état. Maintenant qu'ils avait le statut de goupille, tout était plus simple…

Lux avait en même temps récupéré le sac de bijou bien arrivé par la poste ainsi que son pistolet.
D'ailleurs il lui faudrait un nouveau fusil à pompe… ça c'était important.

La Tour et le Roi sortirent donc dans le parking de l'hôtel, s'élançant vers la sortie de Lagen vers le manoir Aslanov.
Le trajet n'était pas très long, d'autant plus que Lux avait une folle tendance à rouler un peu vite. Si le pauvre Asch n'était déjà pas blanc comme un linge, il le serait devenu en moins de dix seconde avec la voleuse au volant.

- Je crois que je comprend pourquoi tu veux faire le colisée maintenant, lança-t-il complètement secoué par le voyage.

- J'avais oublié que vous les vampires n'aimait pas trop les truc dans le genre…

- En même temps difficile de rouler en voiture dans les montagnes!

Après une dizaine de minutes, Lux se gara devant un grand manoir plutôt imposant.

- Avant toute chose, je dois te prévenir d'un truc, annonça-t-elle à Asch, le gars que l'on va voir, disons… qu'il est spécial, le genre "j'ai pas toute ma tête"… Donc sois pas surpris, surtout s'il inspecte ton bras dans toutes les coutures. Un automail de l'est, ça ne doit pas courir les rues.

- Dans quoi tu m'as encore fourré?, maugréa le vampire.

- Bien allons-y, dit elle en faisant mine de ne pas avoir entendu la remarque de Asch, tant pis pour nos vêtements de groom… Au moins, il saura ou est-ce qu'on bosse!

Ils s'engouffrèrent alors dans l'allée un peu glauque de la cour du manoir pour arriver devant la grande porte.

Le soleil était bas dans le ciel, rendant l'atmosphère encore plus étrange. Le manoir était situé entre une sorte de sinistre jardinet mal entretenu, une forêt lugubre et un marécage digne des romans d'Allan Poe. Le quartier était très calme, tellement calme qu'on entendait plus que le bruit sinistre du vent dans les feuilles, les croassements des grenouilles et le hululement des chouettes. De quoi faire trembler les plus téméraires.

Noramros fut attiré par une sorte de bruit sourd provenant de derrière la porte du manoir. Comme une sorte de craquement. Il saisit alors son fusil qu'il avait toujours à portée de mains. Descendit les escaliers sans faire le moindre chahut, jusque dans l'entrée. Il était maintenant adossé à la porte d'entrée du manoir, sur son visage, une sorte de sourire sadique c'était fixé.

Il prit une grande inspiration et, alors que la main de Lux s'apprêtait à s'abattre sur la porte, entrouvrit légèrement cette dernière de sorte qu'il put apercevoir ses visiteurs sans qu'ils ne puissent se rendre compte de la forme de la pièce, le fusil prêt à tirer, mais encore dissimulé par la porte. Lors qu'il reconnue Lux, son visage se figea, passant de cette expression sadique à ce qui s'apparentait à première vue à une sorte de déception.

Le génie regarda Lux, et uniquement elle, ignorant son compagnon, tout simplement comme s'il n'était pas là. Il commença à parler, frustré :

- Ha. C'est toi. J'ai fini. Viens. Suis-moi je vais te montrer.

Il referma la porte, passa devant eux sans même leur adresser un regard, ni leur indiquer où ils allaient ni même leur signaler qu'il fallait le suivre. Et comme à son habitude, commença à parler en un flot dense et ininterrompu :

- Bien, comme vous me l'aviez demandé, j'ai amélioré les suspensions et la boite de vitesse, mais ca, même un aveugle aurait pu le faire. Je dois dire que j'ai fait du bon travail malgré tout…

Cette phrase était pleine de reproche. Comme cette jeune femme avait-elle eu l'audace, comme avait-elle pu seulement osée pensée demander à une personne de la trempe de Noramros quelque chose d'aussi basique, ennuyeux et peu intéressant. Malgré tout, il restait toujours aussi mégalo.

- … Mais je ne me suis pas arrêté là. J'ai aussi amélioré la motorisation, la transmission, le couplage, le carburateur. Entre autre. J'ai eu le génie, car il s'agit bien de cela, d'adapter des pièces de SX54 au Lucky modèle John Clay. Ce qui ne fut pas facile. J'ai aussi changé toute la tuyauterie de plomb. Elle prenait bien trop de place. Mais après, il a fallu trouver un moyen de refroidir tout ca !

Il avait entretenu cette discussion si rapidement que les deux visiteurs n'avaient, même avec toute la meilleure volonté du monde, pas pu l'interrompre. Mais maintenant, il s'était arrêté de palabrer, il pivotait sur son pied et fixait Lux. Les yeux à moitié fermé, scrutant son visage, à la recherche d'une expression significative sur cette physionomie.

Le charabia du savant avait rendu la pauvre Lux perplexe. Déjà parce qu'elle ne comprenait pas grand chose à la mécanique, ensuite parce le débit du scientifique avait le mérite de vous laisser sans voix.
Elle avait vaguement entendu le nom d'un modèle de Vanship mais le reste… et bien c'était plutôt vague.

Le vampire quand a lui se demanda vraiment si l'humaine ne l'avait pas emmené dans un hôpital psychiatrique. D'autant plus que le savant n'avait même pas daigné lui lancer un regard.

Lux fit le tour de sa voiture, apparemment satisfaite du résultat. Elle souleva le capot, constatant que cela n'avait plus rien à voir avec sa lucky d'avant. Seule la carrosserie était la même comme Noramros le lui avait promis.

- En gros, si j'ai bien tout compris, vous avez utilisé des pièces de Vanship? demanda-t-elle en inspectant l'intérieur de la voiture.

Le scientifique acquiesça toujours en la regardant étrangement. Peut être à cause de l'uniforme de groom?… C'est vrai qu'il n'était pas très discret avec le logo de l'hôtel en rouge vif sur le côté gauche de la veste. Tant pis, officiellement Elizabeth Kewell travailla à l'hôtel de ce point de vue, elle n'avait rien à cacher.

- Je dois bien avouer que tous les trucs volants me file de l'urticaire… reprit la jeune femme, Mais bon du moment que ma voiture est devenue un bolide et qu'elle ne se met pas à planer, ça me va!

Elle tendit alors le sac contenant les bijoux qu'elle avait volé quelques jours auparavant.

- Tenez, je vous paye… disons en quincaillerie. Et surtout ne cherchez pas à savoir d'ou ça vient… Il doit y en avoir pour un peu plus que la somme, mais dites vous que c'est en bonus pour votre travail remarquable.

Asch trouvait la scène de plus en plus étrange, un fou qui converse avec une taré en somme. La taré le payant avec le produit de son larcin. Vraiment là ils espérait que quelqu'un vienne le pincer pour le sortir de cette étrange dimension.

Noramros fut plutôt surpris du moyen de payement de Lux. Il prit le sac du bout de doigts, et tout en relevant un sourcil curieux, inspecta le contenu du sac. Il y avait de tout, des bracelets, des boucles d'oreilles, des pendentifs, des rivières de diamants. En tout cas, il y en avait pour bien plus que ce qu'il avait déjà exagérément demandé. Le savant releva la tête du butin et dit d'un air rieur :

- J'avais déjà le perroquet, maintenant le trésor, la prochaine fois le déguisement de pirate ?

Puis il éclata de rire et eu bien du mal à retrouver son sérieux. Mais après quelques instants, et de long effort, il y parvint tout de même et repris le fil de la conversation. Il devait tout de même faire part à Lux de quelques remarques.

- Hum, il faut tout de même faire attention, j'ai boosté la vitesse à un point un peu trop élevé pour l'instant. Si bien que si tu vas trop vite, tu ne planeras pas, mais les roues se décolleront du sol et le véhicule deviendra incontrôlable. Alors mollo sur le champignon. De toute façon, tu n'auras pas besoin d'attendre de telles extrémités pour gagner ta course. Enfin je l'espère.

Kira était en train de réviser son Vanship, mais comme elle était en dessous, afin de pouvoir accéder aux parties situées dans le ventre de la bête, et qu'elle n'avait pas ouvert la bouche depuis l'arrivée des deux inconnues, on ne l'avait pas remarqué. Mais elle sortie la tête de là et dit :

- Ce ne sont pas des "trucs" mais des Vanships. Et sans eux tu n'aurais aucune chance de gagner ta course petite. Alors un peu de reconnaissance.

Noramros coupa cours à ce débat en enchaînant. Depuis le début de cette entrevue, il n'avait regardé que Lux et n'avait adressé aucun regard, ni aucune parole à son compagnon, l'ignorant totalement. Maintenant il inversait les rôles. Il pivota sur ses talons afin de se retrouver en face de l'inconnu et tout en le fixant dans les yeux, il lui dit :

- Bon à ton tour, maintenant, direction mon bureau.

Et il se mit à marcher en direction du manoir. Mais le visiteur l'interrompu :

- Moi ? Mais pourquoi ?

Noramros se figea, et sans se retourner vers son interlocuteur, lui répondit d'un ton perçant et à grande densité :

- Tu as besoin de moi. Ton bras est mécanique et hors service n'est-ce pas ? Tu te demandes comment je le sais. Facile. Ton corps est déséquilibre, tes pas sont plus lourds d'un côté que de l'autre. Ton bras est ballant et tu ne le lèves jamais. Qui plus est, même à travers les manches de cette veste, il y a une dissymétrie entre tes deux bras. Et puis quand tu marches, il fait un petit cliquetis caractéristique.
Mais ne t'inquiète pas, tu as devant toi l'inventeur de l'ingénieux système qui permet de traduire les informations nerveuses en impulsions mécaniques c'est grâce à cela que les automails fonctionnent. Aller je vais te réparer ca.

Lux, intrigué par l'engin qui fut autrefois sa voiture, ignora volontiers le regard insistant du vampire qui la suppliait de venir avec lui dans le bureau du scientifique taré. Sans aucun effet, et cela malgré toute la bonne volonté du suceur de sang.

La petite blonde continua son inspection minutieuse et se contenta de dire à Asch sans même lui lancer un regard:

- C'est bon, vas y! Moi je vais aller tester mon niveau bijoux! Je t'attendrais.

Elle s'arrêta un instant et passa devant Kira en l'ignorant royalement. Sans rire pour qui elle se prenait cette fille en tenue de mécano? Qu'elle retourne dans son "truc" Van-quelque chose si elle n'était pas contente.

Lux commençait à en avoir marre de se créer des ennemis féminins… Elle avait déjà bien assez de Kaya à supporter. Alors autant ne pas chercher le conflit, non pas que l'envie de sortir son arme et la coller sur la tempe de cette fille ne lui traversa pas l'esprit… Mais bon… Ce serait malvenu, elle n'était même pas chez elle.
C'était ça son problème… enfin un problème commun à beaucoup de voleur: La gâchette facile. Cela expliquait aussi beaucoup la moyenne d'age des morts de la guilde… Bref.

Elle s'arrêta devant Noramros.

- Dites, je peux l'essayer dans votre jardin? demanda-t-elle toute excitée comme un vampire devant un humain ensanglanté.

Voyant le regard du savant qui s'assombrit, elle rétorqua immédiatement:

- Non, c'est pas une bonne idée… Je vais plutôt aller dans la rue d'en face, y'a personne.

Elle repartit dans l'autre sens courant presque vers sa voiture. Elle sauta dedans, et effectua une sorte de rituel étrange. Elle ferma les yeux instants, marmonna une sorte de prière lumanévrienne et enfila ses gants de conduite avant d'embrayer la marche arrière afin de sortir du garage.

- Je vais faire le tour du pâté de maison! Je suis là dans une heure!! Cria-t-elle devant les yeux médusés de Asch qui se demandait bien ou elle pouvait trouver un quelconque plaisir en conduisant une telle machine.

Aussi tôt eut-elle mis le contact que la voiture émit un rugissement puissant témoin de sa nouvelle force.

Asch, encore étonnant par le bruit émis par la Lucky, se sentit alors tiré par le bras.

- Bien! annonça Noramros, allons-y, elle vient de dire qu'elle en avait pour un heure, ne perdons pas de temps!

Le vampire intrigué suivit le savant dans son bureau. Ce dernier lui fit signe de lui montrer son bras.
Asch déboutonna sa veste de groom et enleva sa chemise se retrouvant torse nu, son bras mécanique ballant.
Il détestais se voir comme ça. Ce bras, ce n'était pas le sien et jamais il ne les serait. Le plus dur c'était ne pas ressentir les interactions avec l'extérieur, la perte de la sensibilité… Cette froideur du métal encore plus frais que sa propre peau de vampire. Cette impression d'anesthésie permanente était vraiment désagréable.

Le savant observa de loin l'automail du vampire. Il put constater que c'était un bel ouvrage. Les scientifiques volkonènes étaient plutôt bon en technologie.
La couleur du métal était blanche au reflet légèrement violet. Son assemblage était régulier et lisse, agrémenté de quelques protections qui semblait pourtant lourdes.

- Je dois vous préciser que cet automail est type East, conçu pour résister au grand froid… Mais j'ai l'impression qu'ici il est plutôt inutile. De toute façon, l'ennui pour le moment c'est que j'ai reçu une balle dans l'articulation. Lux a retiré la balle juste après, j'espère que c'est juste un problème de surface… Et puis, je dois aussi vous dire que cela fait seulement quelques mois que l'on me l'a posé… Je n'y suis pas encore très habitué.

La vampire lança un regard inquiet au savant. La pose de son bras avait été très douloureuse et la rééducation difficile. Il espérait ne pas devoir subir de nouveau une intervention.

Kira était amusée, voire même attendrie devant le spectacle que lui offrait Lux. Ca lui rappelait tellement ce qu'elle avait pu être elle-même pendant son enfance. Une intrépide casse-cou prête à tout qui n'avait peur de rien ni personne. Elle se permit quand même de lui adresser un conseil presque maternel :

- Fait quand même attention, les voisins sont de vrai rabat-joie. Et considère que tu conduis une nouvelle voiture, sinon tu ne vas pas faire un long trajet et surtout tu vas finir dans un platane.

En voyant la voiture fonctionner, Kira ressentie une grande satisfaction. Contrairement à ce qu'avait prédit son fiancé, Noramros n'avait pas détruit la voiture de Lux. Au contraire même, non seulement elle était toujours debout, mais en plus son projet semblait très abouti à entendre le bruit du moteur, et surtout, il semblait répondre au demandes du mécène de son oncle.

Andreï, qui s'était installé dans son bureau, au second étage du manoir, était en train de régler quelques affaires quand il entendit le bruit du moteur. Il se leva et repoussa le rideau du plat de sa main. Il reconnut alors la furie qui lui avait causé quelques ennuis :

- Encore elle ?! Mais que fait-elle ici, avec le vieux fou ?! Hum, je crois que je commence à comprendre, c'est elle qui lui a confié sa voiture pour qu'il la modifie.

Et quand il entendit la voiture démarrer, il se rappela de sa conversation avec Kira à propos de Noramros et de ses projets toujours plus absurdes, il se dit alors :

- Haha ! Avec un peu de chance, non seulement la voiture va avoir des problèmes, mais en plus, elle va me débarrasser de cette furie.

Puis il leva les yeux au ciel, en regardant en direction du bureau du savant et repris alors d'un ton cynique :

- C'est surement la première et dernière fois que je vais penser ca, mais, merci Noramros.

Puis lorsque Lux sortie du Manoir, il ouvrit de grands yeux d'étonnement. Il attendait le moment fatidique de la panne. Mais il ne vient jamais. Il s'énerva alors et grogna tout seul dans son bureau, en serrant les dents :

- Non ! Non, c'est pas vrai ! Ca marche, c'est pas possible, le vieux a réussi. Je vais en entendre parler !

Quant à Asch et Noramros, ils étaient maintenant dans le bureau de ce dernier. Après avoir jeté un très rapide coup d'œil au bras du vampire sans le touché, Noramros avait compris d'où venait le problème. Il se dirigea alors vers son bureau qui était encombré de nombreuses planches de dessins, de notes techniques, d'instruments, de lampes, et de beaucoup d'autres choses encore.

Le savant prit alors une sorte de caisse qu'il déposa d'un côté du bureau, puis il posa son bras de l'autre côté et repoussa tout en vrac jusqu'à ce que tous soit tombé dans la malle et qu'il n'y ait plus rien sur son bureau. Puis il prit le fauteuil qu'il plaça juste à la gauche du bureau.

Noramros ouvrit alors un grand tiroir et en sorti une boîte de métal renfermant des pinces, des tournevis et des clefs de différentes tailles. Il dit alors à Asch d'un ton très sérieux :

- Venez ici, asseyez vous dans le fauteuil et étendez votre bras sur le bureau.

Celui-ci s'exécuta sans demander son reste, mais non sans une certaine appréhension lisible sur son visage. Noramros se mit alors à détacher les protections pour pouvoir attendre les parties à modifier, situées en dessous. Tout en travaillant, il lui dit :

- En effet, les particularités East sont un plus qui ne vous servira pas ici. Mais à ce que je vois, les ingénieurs du Nord ont rattrapés plus de retard que ceux d'ici par rapport à mes modèles initiaux.

Il posait les pièces retirées les uns après les autres en les classant dans un ordre minutieux, avec les vis qui leur étaient associées. Puis il reprit sa conversation, d'un ton presque arrogant :

- C'est une bonne facture, même si ca n'atteint pas le dixième de mon niveau de compétence. Je vous ai déjà dit que j'étais l'inventeur de l'ingénieux système qui permet de traduire les informations nerveuses en impulsions mécaniques, c'est grâce à cela que les automails fonctionnent.

Noramros posa alors ses outils et sorti une boîte de câbles, une bobine d'étain et un fer à soudé. La physionomie de Asch passa, en un instant de l'appréhension à l'effroi. Le savant le rassura :

- Ne t'inquiètes pas, tu ne sentiras absolument rien. Enfin si, quand même, mais bon, un brave soldat comme vous ne s'en fait pas pour si peu ... n'est-ce pas ?

Noramros adressa un immense sourire à Asch qui paraissait de plus en plus inquiet. Il devait plus avoir qu'une seille envie, celle de partir au plus vite, plantant là le savant fou, et tant pis pour son bras. Mais il était déjà trop tard, le vieil homme plaquait le bras du vampire sur la table de sorte qu'il ne puisse plus partir.

L'ingénieur débrancha un câble, Asch sentit alors des fourmis dans l'épaule, puis il changea d'autre liaison, en ressouda une autre, puis il sortit une sorte de petit marteau de dessous le bureau. A l'aide de cet outil d'orfèvre, il débossela le métal qui avait subi l'impact de la balle.

Puis il rebrancha le câble et demanda à Asch de bouger le bras.

Le vampire regarda son bras avec étonnement, bougeant tous ces doigts un par un. Il n'avait pour ainsi dire ressentit un simple pincement rien de plus. Ce savant aussi fou soit-il connaissait apparemment très bien son domaine.
Asch prit alors les choses en main. Son bras lui paraissait un peu archaïques par rapport à ce qui se faisait chez les humains. Il fallait dire aussi qu'il était rare pour un vampire de perdre un membre. L'armée humaine régulière n'avait pas des armes suffisamment pointues pour ce genre de dégâts.

Seule l'AAV était capable de ce genre d'exploits et à vrai dire cela ne concernant qu'une petite partie de Soldats. Armée spéciale contre armée spéciale cela allait sans dire. Si bien que les mutilés de guerre comme Asch se comptait sur les doigts de la main.

- Ecoutez, annonça le vampire sur de lui, Vous semblez en connaitre un rayon en la matière… Pourriez vous me créer un automail digne de ce nom? Léger, efficace, et résistant… Et surtout précis. Parfois j'ai l'impression que mes mouvements sont grossiers, approximatifs… Enfin vous voyez le genre. Les techniciens vampires sont très bons, mais les prothèses pour les blessé de guerre ce n'est pas leur fort, vu le faible nombre de mutilé…

Il regarda le savant avec intérêt attendant sa réponse.

Le visage de Noramros devint alors songeur. Non seulement ce vampire avait désiré quitter le Ieltsinegrad, contré vampire certes en guerre, mais pour Lagen, capitale fédérale et à ce titre, ville la plus policé du pays, à une période où la persécution des vampires y est poussée à son paroxysme par les autorités. Et en plus, il lui avouait maintenant volontiers qu'il avait eu à faire à des ingénieurs vampires et par la même sa nature, alors qu'il ne le connaissait que depuis cinq minutes.

Noramros était disposé à faire une exception pour Asch, et à se remettre au travail, pour lui faire le plus bel automail qu'il ne verrait jamais de sa vie. Pour avoir eu la hardiesse de venir à la capitale, dans le contexte qui y règne actuellement, il devait avoir quelque chose de particulièrement fondamentale à faire. Ou bien être totalement aliéné, même Noramros n'y aurait pas pensé. Mais quoi qu'il en soit, il était lié à Lux et portait la même tenue de groom.

Le savant fou y voyait là aussi un moyen d'obtenir quelque chose de grande valeur en échange. Dans le fond, tout travail méritait salaire non ? Surtout lorsqu'il s'agissait d'un travail si risqué et d'une qualité tel.

Le vieil homme se contenta de lui répondre, d'un ton presque agressif, comme s'il avait été piqué au vif par les paroles du vampire. Il croisait les bras et leva le regard, qu'il posa à côté de son interlocuteur :

- Vous semblez oublier qui je suis ! Se serait un jeu d'enfant pour moi. Même mon premier modèle rassemblait déjà ses qualités. Mais le fait que vous soyez un vampire et que cette blessure fut faite à la guerre tend à rendre la chose moins inintéressante qu'il y parait au premier abord.

Puis il sembla se détendre, croisa les jambes, posa sa main sur son bureau, regarda Asch et lui demanda :

- Mais, il marquait une pause, que me donnerez-vous en échange ?

La voiture filait à vive allure contre le vent.
A peine la petite blonde osait-elle appuyer sur l'accélérateur que l'engin se mettait à accélérer à une vitesse presque indécente pour une si petite voiture.

Lux n'avait qu'une envie, c'était rouler. Tout oublier et continuer sur la route pavée, plus de questions, plus d'ennui… Juste le plaisir de la vitesse.
Comme si fuir était finalement la meilleure solution. La plus lâche certes, mais la jeune femme n'avait jamais été courageuse.

Elle avait conscience de ne vivre que sur des mensonges et grâce au profit. Et tout cela et bien cela ne la gênait pas. La guilde la gâtait, sa vie était agréable, elle baignait dans le luxe, la drogue et les armes. Que demander de plus? Elle pouvait même tuer des gens et braquer des bijouterie sans être inquiéter. Et même on la félicitait. La vie parfaite en somme.

Elle aimait ce mode de vie. A la guilde, le futur importait peu. On jouissait du moment présent quitte à tout balancer par les fenêtre. C'était là leur philosophie, on se reconstruit toujours quoique qu'il arrive, alors vivons sans nous préoccuper de rien du moment que l'on possède le minimum.
Le nombre de morts derrière eux, l'argent volé, les veuves et orphelins, ils s'en fichaient. Eux même avait parfois subi ce traumatisme et la pègre les avait aidé à tout surmonter.
La moral, il y en avait pourtant une. Elle était certes restreinte mais tout de même existante. On respectait les siens. C'était leur seule obligation.
C'était ça qui les maintenait tout de même à une existence pas trop désordonné.

Toute cette organisation c'était sa famille. La seule preuve qui lui fournissait une existence à peu près normal. Quelque chose différent d'un être de synthèse crée dans un laboratoire.

Pourquoi fuir? Pour ça. Cette sensation d'usurper tout ça, tout ce petite monde qui l'appréciait. Au final c'était à Kallen tout ça… Pas à elle. Elle n'était que l'ombre de la voleuse légendaire, un double qui se baladait à sa place. Finalement, à part être le numéro dix sept… Qui était-elle?
Elle voyait bien le regard plein de douleur que lui lançait Soma à chaque fois qu'il la voyait.
Elle voulait partir, il fallait que les gens cesse de voir en elle celle qu'elle n'était pas.
Elle venait presque à en regretter son poste à Cazialstava. Là bas, elle était juste Lux, une illustre inconnue qui était doué dans son métier. A Lagen, tout était différent. Les vampires de la guilde savait pour elle. Les voleurs d'âge moyens aussi. Et même les jeunes se doutait de quelque chose à son propos.

Elle continuait de filer à vive allure devant les regard ahuri des gens.
Noramros avait vraiment fait du bon boulot. Les vitesses étaient devenue souples à passer, les amortisseurs étaient renforcés… Sans même parler de la puissance de la bête.

Après une petite heure de vadrouilles dans les quartiers bourgeois, elle se décida à rentrer au Manoir Aslanov.

Elle rentra par le garage, coupa le contact et sortit de la voiture, satisfaite de son bolide.
Ne voyant personne autour d'elle, elle se dirigea vers le bureau de Noramros où elle put entendre la fin de la conversation.
Non mais qu'est-ce que ce vampire avait dans la tête enfin!? Raconter sa vie comme ça, à n'importe qui?
Bon en même temps si le savant avait été normal il lui aurait déjà planté un pieu dans le coeur mais bon, on ne sait jamais. Au fond que savaient-ils de la famille Aslanov? Lux regarderait dans les fichiers de la guilde tout de même plus en profondeur. Mais apparemment, ce serait de simples bourgeois rien de plus... Avec un membre de la famille un peu étrange disons.

La jeune fille poussa la porte, interrompant la conversation du vampire et du savant sur le cout du futur jouet de Asch.

- Comme disais une devise venant de… enfin bref une devise connue quoi. L'argent n'est pas un problème, il suffit juste d'aller le chercher! Tout est une question de fainéantise, pas de pauvreté.

- Bizarrement, je ne crois pas que c'est ce qu'il désire en échange, déclara Asch en croisant les bras dépité par certaine devise de la guilde.

Noramros lança un lourd regard à la jeune fille signifiant qu'il souhaitant avoir des précisions sur son petit trajet.

- Franchement, conclu-t-elle, cette voiture est un bijou. Je n'ai jamais conduit un engin avec une telle puissance… Je dois dire que pendant les 10 première minutes je me suis fait peur. Votre travail est excellent Noramros. Je vous la laisse pour parfaire les détails ainsi que la carrosserie et les protections extérieures, le genre jaune pétant avec des bandes noires au bord blanc sur le capot et le numéro 17 inscrit sur les portes…

C'est alors qu'elle remarqua que le savant ne l'écoutait plus, concentré sur le vampire. Ok… elle venait de se prendre un énorme vent… Mais bon de toute façon, elle avait l'habitude. Elle se tourna vers Asch, l'air agacée, attendant que le savant annonce ce qu'il souhaitait en échange d'un automail performant.